Lancé il y a un peu plus d’un siècle, comme au Sénégal, le développement du réseau ferroviaire indonésien a connu un boom extraordinaire au moment où au Sénégal, les rails se sont effondrés.
L’Indonésie a misé sur le train pour créer les conditions de sa croissance et de son développement. Ce pays a ainsi permis d’asseoir un réseau national et un maillage de tous les territoires, ce qui a permis d’accompagner l’aménagement du territoire et de créer les conditions d’une équité territoriale.
Dans ce pays asiatique, les projets récents du chemin de fer visent donc à moderniser et à étendre le réseau existant alors que chez nous, sous les injonctions du FMI, de la Banque mondiale et des autres institutions financières, le train a été non seulement arrêté mais plus encore, détruit.
En Indonésie, le gouvernement a investi massivement dans le développement de son infrastructure ferroviaire, notamment avec la construction de la ligne de train à grande vitesse Jakarta-Bandung, qui relie la capitale Jakarta à la ville de Bandung, chef-lieu de la province de Java1 occidental.
Le coût total du projet Jakarta-Bandung est estimé à environ 5,51 milliards d’USD, financé en partie par des prêts de la Chine. Les investissements directs étrangers (IDE) en Indonésie ont atteint 21,6 milliards d’USD en 2023, avec une part importante allouée aux infrastructures, y compris les transports.
Depuis lors, ces réalisations enregistrent de bons retours sur investissements. En effet, l’impact économique et social des projets ferroviaires est considérable, notamment en termes de réduction des temps de trajet, de création d’emplois et de stimulation de l’économie locale.
Le secteur des transports, y compris le ferroviaire, a représenté 11,2% des IDE en 2023, soit une part importante des investissements étrangers dans le pays.
Un cas d’école pour le Sénégal
Pour comprendre ce que nous a coûté la perte du chemin de fer qui traversait le Sénégal pour aller au Mali, nous avons convoqué le cas indonésien. L’histoire du train dans ce pays mérite d’être revisitée afin de relancer le débat sur la nécessité de repenser le rail parmi nos leviers de croissance et de développement.
La relance du train Touba-Mbacké est déjà une illustration de ce que ce moyen de transport économe en énergie, abordable pour les populations et moins polluant peut rapporter. En terme de plus-value, ce train qui vient d’être remis sur les rails peut relancer toute une économie. Pour un investissement de 150 millions au lieu des 2 milliards annoncés, comme le révèlent des opérateurs, la relance de ce train est la preuve qu’avec de l’engagement et de la volonté, on peut relancer toute une économie.
Ce cas d’école indonésien et cet exemple pratique du train Touba-Mbacké sont des leçons à retenir pour relancer les leviers de notre économie sans attendre les injonctions des bailleurs de fonds. C’est en cela que la coopération bilatéral revêt toute son importance.
Au Sénégal de savoir choisir ses partenaires.
Un exemple à suivre
Le cas de l’Indonésie est un exemple à suivre pour le développement du réseau ferroviaire au Sénégal. Il convient d’investir massivement dans l’infrastructure ferroviaire afin de créer des conditions de croissance et de développement économique. Le projet de train à grande vitesse Jakarta-Bandung est un exemple concret de ces investissements.
Le Sénégal pourrait tirer des leçons de l’expérience indonésienne en matière de développement ferroviaire. La relance du train Touba-Mbacké est un bon début, mais il faudrait peut-être envisager des projets plus ambitieux et plus structurants pour développer le réseau ferroviaire national.
La coopération bilatérale peut jouer un rôle important dans le développement des infrastructures ferroviaires. Le Sénégal pourrait chercher des partenaires expérimentés pour l’aider à développer son réseau ferroviaire.
Il faudra, pour ce faire, mener des études de faisabilité pour déterminer les besoins en matière de transport ferroviaire au Sénégal et identifier les projets les plus rentables, d’investir dans la modernisation et l’extension du réseau ferroviaire existant, ainsi que dans la construction de nouvelles lignes, d’envisager des partenariats public-privé pour financer et gérer les projets ferroviaires, d’investir dans la formation et le développement des compétences pour disposer de personnel qualifié capable de gérer et d’entretenir le réseau ferroviaire.
Le développement du réseau ferroviaire est donc crucial. La relance du train Touba-Mbacké est un pas dans la bonne direction, mais il faudrait envisager des projets plus ambitieux pour répondre aux besoins du pays.
Mamadou Kassé
Journaliste


