Dans le Timée de Platon, le démiurge n’est pas un créateur ex nihilo : il façonne l’univers en organisant la matière préexistante selon des modèles éternels. Face aux exhortations de ses militants, pour ne pas dire admirateurs, c’est ce qu’Ousmane Sonko a voulu rappeler : « Je ne suis qu’un citoyen de ce pays, mais le pays, son avenir et surtout sa prospérité me préoccupent. »
Les exemples de démiurges sont nombreux dans l’histoire africaine. À travers un immense élan de cohésion, Ndiadiane Ndiaye a fondé le seul empire au monde qui s’est constitué sans aucune guerre, par fusion des intérêts politiques, en partant d’un bastion wolof, en respectant les cultures peules des zones silvo-pastorales et les conseils et préceptes de Meissa Waly Dione. Il est resté très fédérateur. Hors du Sénégal, Soundiata Keita a rassemblé les grandes tribus du Mandé (jusqu’au Burkina Faso) et a ainsi créé la première déclaration des droits de l’homme, la charte du Mandé, un trésor aujourd’hui reconnu comme patrimoine de l’UNESCO.
Contrairement au célèbre Jean le Bon, roi de France au XIVᵉ siècle, qui incarne la noblesse du Moyen Âge finissant mais aussi ses limites face aux réalités nouvelles de la guerre et de la gestion de l’État, Ousmane Sonko refuse de transiger sur la gestion de l’État dont il est le chef du gouvernement.
Dignité, désintéressement et patriotisme sont les atouts de la diaspora : ils l’obligent à rendre compte, mais aussi à agir pour ceux qui croient en lui notamment cette diaspora. « Dans cette relation, nul n’a le droit de baisser ou de faiblir dans l’endurance de bien faire, car si vous êtes dignes, désintéressés et patriotes face à moi, j’ai ce devoir de l’être encore un peu plus, car il s’agit du Sénégal. » Le discours de Monza marquera l’histoire. Mais la réalité suivra-t-elle ses mots… ou restera-t-elle à la traîne ? L’avenir seul nous le dira.
Moussa DIOP, envoyé spécial à Monza (Italie)