Les images de ces hordes de jeunes tentant de s’inscrire dans les bureaux d’accueil pour un départ en Espagne sont affligeantes pour le pays.
Elles traduisent un certain désespoir de réussir en terre sénégalaise. En même temps un espoir de gagner un eldorado qui ouvre, dans la légalité, ses portes à des jeunes en quête de réussite. D’une reconnaissance. L’objectif étant de fuir la « galère » quotidienne. Se disant que l’ailleurs est mieux. Et les lendemains meilleurs. Délaisser ses terres, sa culture, ses parents ne devrait pourtant pas être aisé. Et quel qu’en soit la contrepartie à gagner.
Ces images nous mettent face à nos réalités et responsabilités. Elles posent surtout des problèmes aigus sur le continent et sa jeunesse. Une jeunesse vue comme un atout considérable dans le développement, mais qui est paradoxalement prête à migrer et à servir d’autres pays. L’Afrique, la place la plus riche en matières premières et minéraux, est aussi la plus pauvre en termes de prise en charge des besoins premiers. Le problème du continent reste une bonne prise en charge de sa jeunesse, de ses problèmes, de ses attentes, de ses besoins de formation surtout. Les nombreuses richesses du continent ne profiteront point à ses fils s’ils ne sont pas préparés à gérer, à exploiter et à s’approprier toutes ces richesses. D’où la nécessité de former les jeunes dans les meilleures disciplines, scientifiques particulièrement, pour qu’ils relèvent les défis qui les attendent. L’actualité est cette intelligence artificielle (Ia) chinoise baptisée « Deepseek » (recherche profonde) qui vient sonner les Occidentaux sur d’éventuels acquis. Une Ia portée par une équipe de jeunes chercheurs âgés de moins de 30 ans et avec un budget moindre comparativement aux grandes firmes occidentales.
Les Chinois, comme nombre de pays asiatiques depuis le Japon du Meiji qui s’est approprié la science et la technologie, se font respecter par leurs bonds dans ces disciplines. Les Africains ne pourront gagner leur salut qu’en faisant la différence dans ces sciences et technologies. Nombre d’Africains s’illustrent dans les pays développés par leur maîtrise et illustration dans la science. Pourquoi ne trouvent-ils pas un cadre d’épanouissement dans nos pays pour sortir le continent de l’ornière ?
Certains avancent des contingences politiques pendant que d’autres mettent l’accent sur les conditions de vie et de recherche meilleures en Occident, ailleurs. Il faut donc regretter que de nombreux pays occidentaux facilitent la migration à de nombreux jeunes Africains qui présentent un pedigree académique louable. Refusant de prendre la grande masse autrement que comme des saisonniers dans des champs de culture. C’est donc heureux d’avoir mis sur pied un institut destiné à accueillir les meilleurs bacheliers depuis quelques années.
Mettant ainsi fin à la migration définitive de nombreux jeunes sénégalais qui, une fois formés dans de grands instituts et écoles occidentales, restaient servir ces pays développés. Il est évident que le choix était d’abord personnel pour ces jeunes, mais ils n’avaient, comme les tirailleurs, nullement le choix face à la différence de conditions de vie et de travail et d’épanouissement professionnel. Il faut donc inverser à nouveau les tendances. Former d’abord les jeunes Africains du primaire au supérieur en les rendant aptes à relever les défis du continent. Mais ensuite qu’ils puissent se servir de leur intelligence réelle avant l’intelligence artificielle et ensuite de répondre aux urgences du continent.
Aussi, les politiques devront jouer le jeu en permettant la réalisation des aspirations des jeunes Africains. Il est évident que la migration est inhérente à la vie et à l’évolution de l’humanité. Impératif de relever tous les défis. ibrahimakhalil.ndiaye@lesoleil.sn
Par Ibrahima Khaliloullah NDIAYE