Une mère de famille battue, abandonnée et enterrée seule. Ce titre à la Une de l’Observateur du lundi 4 août 2025 fait froid dans le dos. Mariama Coulibaly, une Guinéenne de la trentaine, a connu une fin tragique, loin des siens. Sauvagement battue par son mari devant ses enfants, un garçon et une fille âgés respectivement de cinq et trois ans, elle est passée de vie à trépas après plusieurs jours d’agonie, au quartier de Taïba 2 à Keur Massar. L’autopsie fait état d’une péritonite aiguë généralisée : une infection sévère, probablement due à un traumatisme interne ou à une absence de traitement postagression. Son lâche mari, après son forfait, s’est évaporé dans la nature, et depuis, n’a eu le courage de montrer le bout de son nez. L’opinion n’a pas fini de se remettre de son émoi qu’un autre drame familial, survenu au village de Sinthiou Boye, dans le département de Koumpentoum, région de Tambacounda, a défrayé la chronique. Mariama Ba, âgée de 25 ans, a été mortellement agressée par son mari. Ce dernier, ivre de colère parce que son épouse ne lui avait pas servi le dîner à son retour des champs, n’a rien trouvé de mieux que de la tuer à coup de hache. Effroyable !
Ces dernières années, le féminicide, l’un des crimes les plus vieux du monde, se multiplie à un rythme effrayant, transformant les foyers en zones de danger mortel pour les victimes potentielles. En effet, la maison reste l’endroit le plus dangereux pour les femmes qui sont exterminées soit par leur conjoint soit par d’autres membres de leur famille.
On assiste, avec une banalité déconcertante, à leur meurtre du fait de leurs conjoints ; ceux-là mêmes qui leur ont juré fidélité, de les aimer pour le meilleur et pour le pire. Difficile de ne pas frissonner face à ces violences machistes quand on épluche la presse. Ces homicides conjugaux, qui font froid au dos, sont traités parfois comme de simples faits divers par nos médias. Le fléau est omniprésent et prend des proportions angoissantes. Régulièrement, des femmes meurent sous les coups de leurs conjoints qui croient avoir droit de vie et de mort sur elles. Et ce qui frappe le plus, c’est l’extrême violence avec laquelle la mort est parfois perpétrée. Autrefois, le terme « uxoricide » était utilisé pour désigner le « meurtre de l’épouse par son mari ». Aujourd’hui, on lui a préféré celui de féminicide qui signifie le « meurtre d’une femme, d’une fille, en raison de son sexe ». Ce mot ne figure malheureusement pas encore dans le Code pénal sénégalais, mais aujourd’hui, et plus que jamais, les associations féminines se sont approprié le concept.
Au Sénégal et un peu partout dans le monde, les violences à l’égard des femmes sont plurielles. Elles sont économiques, physiques, sexuelles, psychologiques… Parce que de nombreuses victimes de féminicides ont dénoncé, avant leur liquidation, des violences physiques, sexuelles ou psychologiques ; même si certaines ont préféré rester muettes pour protéger leurs enfants, leur vie ou par crainte de représailles. Face à cette spirale de violence et la permanence de l’horreur qui provoquent une indignation croissante, la colère gronde, chaque fois qu’une femme est tuée, pour dénoncer ces violences machistes. Les associations et autres Ong se débrouillent avec les moyens du bord pour provoquer une prise de conscience à même de changer les mentalités et pour porter le plaidoyer afin de mettre un frein à la progression de ce fléau. En vain.
Le décompte est macabre. Malheureusement, ce phénomène préoccupant ne disparaitra pas d’un seul coup de baguette magique. L’État devrait davantage s’impliquer dans la lutte contre cette violence gratuite en faisant voter des législations qui répriment sévèrement ces crimes odieux. Car sans une loi dissuasive, l’impunité persistera et les femmes continueront d’être victimes de ces monstres. Or, la seule chose qu’elles demandent, c’est de rester en vie. Rien de plus. La vie a beau être sacrée, mais celle des meurtriers ne l’est pas plus que la leur.
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