«Une fédération, ce n’est pas un Gab. Ce n’est pas une distribution d’argent. C’est une distribution de compétitions ». En tenant ces propos lundi dernier dans l’après-midi sur la Rfm, Augustin Senghor, le président sortant de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) et candidat à sa propre succession, lançait-il un avertissement à peine voilé à certains de ceux qui seraient, le soir même à la télé nationale, ses co-débatteurs et futurs concurrents à l’élection de samedi prochain ? Ce qui est sûr c’est qu’au moins deux de ces postulants à son fauteuil n’ont pas compris (ou ont fait semblant de n’avoir pas compris) le message. « Si je suis élu ou si je fais partie de la future équipe fédérale… », ont-ils en substance subtilement glissé à un moment de leurs interventions.
Et de ces messieurs, on ne peut même pas faire des « héritiers » de l’homme politique sénégalais qui, lors d’une élection présidentielle du siècle dernier, s’était autoproclamé « Candidat sans illusion ». Il savait mieux que tout le monde que ses chances d’être élu étaient infimes. Mais, il y était allé tout de même, pour « vendre » son projet voire pour prendre date pour l’avenir. Guère pour obtenir, après dépouillement, une quelconque récompense.
Tout le contraire de ces deux candidats qui, eux, convaincus de n’être là accessoirement que pour porter le nombre de candidats à un niveau jamais atteint par le passé, nourrissent principalement l’illusion de « faire partie de la future équipe fédérale ». En faiseurs de roi, à travers un ralliement négocié ces jours à venir en faveur du postulant qu’ils jugeront le mieux placé ? Ou par le biais d’une cooptation ? Ou par quelque autre subterfuge ou astuce ? En tout cas, ces froids calculateurs ont leur petite idée derrière la tête… Mais, personne n’est dupe. La ficelle est trop grosse. Il y a ceux qui ont des ambitions légitimes adossées à une vision claire et à des projets intelligibles. Et il y a ceux qui cherchent juste une opportunité d’intégrer le cercle de décision et qui pensent (à tort ou à raison) y parvenir par une candidature sans consistance réelle, susceptible de leur servir de monnaie d’échange ou même de moyen de pression pour obtenir des prébendes. Or Augustin Senghor a averti (au nom de tous les candidats sérieux ?) qu’« une fédération (…), ce n’est pas une distribution d’argent. C’est une distribution de compétitions ». Nous ajouterons même que c’est une distribution de … compétences.
Alors, en attendant la refonte prochaine des textes du football national présentée par presque tous, lors de ce Grand Débat, comme une urgence absolue, osons espérer que celui qui sera élu samedi prochain tranchera dans le vif. Qu’il ne s’encombrera pas d’alliés uniquement mus par ce qu’on appelle trivialement ailleurs « le partage du gâteau », selon le principe du « gagner ensemble, gouverner ensemble ». Le football sénégalais a atteint un tel niveau de compétitivité et d’exigence – même s’il est toujours possible d’améliorer l’existant – qu’il n’a que faire des opportunistes et des carriéristes.
PS : Les sportifs ont démontré, lundi dernier, aux politiciens et autres habitués des plateaux de télévision, qu’il est bien possible dans ce pays de mener un débat civilisé. Qu’une confrontation d’idées et de programmes, si opposés soient-ils, peut se faire dans la courtoisie. Une leçon à méditer, un comportement à s’approprier…