New-York est considérée comme la ville qui ne dort jamais (the city that never sleep) ! Sommes-nous tentés d’observer la même chose au Sénégal tant que ça roule à vive allure dans ce pays. Surtout dans nos médias, objet de procès sur la faillite des professionnels avec l’irruption de la « race » de chroniqueurs qui semblent tenir le haut du pavé. Ils sont devenus des vedettes et ont franchi un nouveau cap.
D’un sujet à un autre, ce beau pays est devenu une puissance mondiale de la parlotte. Elle l’était déjà mais ce beau monde n’avait pas un accès aux médias. Les choses semblent s’exacerber avec les médias, en ligne principalement (web TV), et les réseaux sociaux. Le phénomène a tellement pris de l’ampleur que certains pour se donner une certaine légitimité l’assimilent à du journalisme citoyen. Ce journalisme est bien différent de celui que nous avons appris. A chaque fois que nous écoutons certains médias et certains de leurs « chroniqueurs », on a l’impression de l’imminence d’un séisme. Pire un tsunami. Au-delà de la vacuité du débat souvent très partisan, l’on est surpris par leur désinvolture dans l’analyse des sujets abordés. Le Sénégal du poète-président Léopold Sédar Senghor, chantre de la négritude serait-il devenu un pays où le débat est caractérisé par l’impertinence, la vulgarité ? Les chroniqueurs qui ont apparemment la science infuse (ils se prononcent sur tous les sujets) n’apportent aucune plus-value aux téléspectateurs et aux auditeurs. Ils commentent l’actualité sans le recul et la science nécessaire. A qui la faute ? C’est la question.
Les rédactions préfèrent des chroniqueurs qui amusent le public pour plus d’audimat. Souvent, on ne sent pas et il faut le déplorer, une maitrise des sujets abordés par le journaliste qui anime les débats. Un autre problème, les vrais experts se font désirer. Et ceux qui se prêtent à l’exercice sont souvent partisans. Le problème semble donc insoluble au grand dam des professionnels. Les puristes veulent des débats de haute facture. Le cœur meurtri, ils n’hésitent plus à parler de la faillite des professionnels des médias qui ont fait trop de place à ces chroniqueurs qui leur ravissent la vedette. Il faut donc un retour à l’orthodoxie en admettant dans l’espace médiatique que les professionnels et les vrais experts. Tâche ardue. Un travail de Sisyphe. Le Sénégal est un pays où les repères sont brouillés depuis longtemps ; la connaissance reléguée au second plan devant la puissance de l’argent. Il est difficile de rétablir l’ordre et revenir à l’orthodoxie au regard de la configuration du paysage audiovisuelle.
La plupart des médias sont détenus par des hommes d’affaires et des politiques qui en font plus un outil de pression qu’autre chose. Le compagnonnage entre presse, politiques et milieux d’affaires est souvent incestueux. Et l’horizon s’assombrit de plus en plus. Le nouveau régime n’est pas dans les dispositions d’oxygéner les médias qui sont empêtrés dans des difficultés financières avec des contrats publicitaires rompus et des paiements non honorés d’après le patronat de presse. Mais la situation n’est pas si désespérée. Les professionnels des médias peuvent encore rebondir, en mettant en place des sociétés de rédacteurs qui vont veiller au respect des règles et imposer leur leadership. Les sociétés de rédacteurs jouent un rôle crucial pour assurer l’intégrité et la qualité de l’information. Elles servent de rempart contre les pressions extérieures, qu’elles proviennent d’actionnaires, de publicitaires ou de pouvoirs politiques. Elles veillent également à ce que les décisions éditoriales soient prises dans l’intérêt du public et non pour des intérêts particuliers. Peut-être que c’est la voix du salut. ibrahimakhalil.ndiaye@lesoleil.sn
Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)