Le pari était clair : « partager des expériences pour une meilleure gestion des mangroves ». Et les résultats engrangés au finish, probants, nets et sans ambages. Car c’est à un large spectre d’informations utiles pour la gouvernance des zones humides côtières, mais également à toute une somme de connaissances partageables, générées sur la gestion quotidienne d’un bassin d’expériences de terrain dans les divers sites d’implémentation entre les îles Delta du Saloum et l’estuaire luxuriant de la frange littorale de Casamance maritime sur lesquels ont pu capitaliser les participants au Colloque international sur les écosystèmes de mangroves.
Au-delà de ce qu’il a pu révéler comme arsenal de nouveaux outils numériques et les innovations technologiques comme ces outils géospatiaux de pointe dont l’outil Gem (le Global mangrove watch), l’utilisation du drone en tant qu’outil de surveillance participative et de surveillance des écosystèmes de mangroves ; l’approche Performcoop de Socodevi associée à la méthode dite des SfN ( Solutions fondées sur la nature) visant à restaurer et conserver la biodiversité des littoraux à mangroves, tout en promouvant une gouvernance plus inclusive et équitable des ressources naturelles ; notamment dans les Aires marines protégées (Amp) et les Aires et territoires du patrimoine autochtone communautaire (Apam), en accordant une place centrale aux femmes… Toutes choses qui seront, sans doute, d’un apport certain dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale de gestion des mangroves (Sngm), présentée à l’occasion par la Direction des Aires marines communautaires protégées (Damcp) du ministère de l’Environnement et de la Transition écologique.
C’est-à-dire de ce document de référence, en droite ligne des Objectifs de développement durable (Odd) des Nations unies et de l’Agenda 2050 de transformation nationale, mais qui est surtout emblématique de la qualité de l’expertise du Sénégal reconnue à travers le monde entier et l’engagement de sa diplomatie au service du développement durable et la lutte pour une meilleure qualité de l’environnement. Deux atouts majeurs ayant permis à ce pays d’engranger des résultats nombreux dans le domaine de la biodiversité et des changements climatiques. Le Colloque international sur les écosystèmes de mangroves (organisé à Dakar, à la veille de la célébration de la Journée internationale des mangroves, sous l’égide du ministère de l’Environnement et de la Transition écologique -Mete- par la Société de Coopération pour le Développement international-Socodevi-) a été aussi, une occasion de capitalisation sur de nombreuses expériences probantes de cartographie et de surveillance participative et inclusive des écosystèmes de mangroves dans les Aires marines communautaires (Amcp). Celle de Kalone Bliss Kassa en Basse Casamance qui a fait l’objet d’une inspirante étude sur la « dynamique spatio-temporelle » de l’Ampc.
Mais aussi dans les autres zones d’intervention de l’initiative Natur’Elles, projet phare de Socodevi mise en œuvre dans divers sites du littoral à mangroves du Sénégal comme à l’île de Sipo et dans l’Apac de Djilor Djidiak dans le Delta du Saloum, dans l’Amp de Joal et la zone lagunaire de Somone sur la Petite-Côte ; ou encore avec des Osc comme le Kawawana en Basse Casamance, etc. Autant d’initiatives communautaires qui valorisent les pratiques endogènes et les expériences inspirantes de gouvernance locale, en mettant en avant les contributions spécifiques des femmes, leurs savoirs traditionnels et leur leadership dans la conservation et la résilience des mangroves. Mais aussi de mettre en lumière les mécanismes de restauration écologique et de financement durable. Notamment par le biais de mécanismes de paiement pour des services environnementaux, dont le carbone bleu, qui promeuvent l’intégration des femmes dans les dispositifs de gouvernance, de prise de décision et de répartition des bénéfices ; tout en favorisant les apprentissages pratiques sur le terrain liés à la manipulation de certains outils de gestion et de surveillance des mangroves.
Moment intense de célébration de la recherche-action en partenariat international, mais aussi et surtout de dialogue et de reconnaissance des savoirs locaux et connaissances endogènes, ce Colloque international aura, pour ainsi dire, répondu aux attentes formulées à travers son objectif premier. Celui de promouvoir une compréhension intégrée des mangroves à travers la science, les savoirs locaux, y compris ceux détenus par les femmes, et les dynamiques territoriales. Pensé qu’il l’a été par ses organisateurs comme « un rassemblement inspirant où des acteurs clés du changement partageant leurs expériences et leurs solutions pour des écosystèmes de mangroves durables et résilients » ; formule heureuse dont Jean-Philippe Marcoux et Mme Frédérique Thomas, respectivement directeur général de Socodevi international et directrice-pays, ont fait le viatique pour l’action de leur organisation engagée aux côtés de partenaires et des communautés locales pour la protection de la biodiversité, l’adaptation aux changements climatiques et l’inclusion des femmes dans la gestion des ressources naturelles. Le tout dans un dispositif harmonisé, multiscalaire, multi-facettes et multi-acteurs, conçu pour favoriser le croisement des savoirs et de l’action concrète sur le terrain.