La manifestation du mouvement « Nio lank » de la semaine dernière dans les rues de Dakar pour dénoncer la cherté de l’électricité a fait foule. Portée, en majorité, par de jeunes sénégalais déterminés à défendre les intérêts de leurs familles, de leurs quartiers ou encore de leurs communautés, cette marche pacifique est révélatrice d’une jeunesse engagée et consciente.
Nous ne sommes plus à l’époque de cette « jeunesse malsaine » passant son temps à critiquer sans agir, à boire du thé à l’ombre des arbres, tout en rêvant d’un avenir meilleur. C’est le temps de l’action, pourrait-on dire. À Dakar comme dans le Sénégal profond, la jeunesse étudie, s’informe et s’implique. Surtout qu’à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, la plupart des jeunes comprennent mieux la marche du monde et les enjeux présents et futurs. Dorénavant, il est impossible de faire quoi que ce soit dans leur dos. Ils sont désormais les vigies de nos terroirs. Une posture nouvelle qu’ils ne cessent de démontrer chaque jour. Récemment, des jeunes de Keur Mbaye Fall (commune de Mbao) se sont opposés à l’occupation de leur terrain de football par une tierce personne qui se dit être le propriétaire. S’en est suivie l’interpellation de six d’entre eux par la gendarmerie. Cela n’a entamé en rien à leur détermination. Car, pour eux, c’est l’unique espace disponible pour faire leurs activités sportives.
Dans la commune de Koul (département de Tivaouane), un collectif a été créé pour s’opposer à l’exploitation des phosphates de la localité. Les jeunes organisateurs indexent les nuisances auxquelles ils font face ainsi que la gravité des produits. D’ailleurs, les conclusions de l’étude d’impact environnemental et social les confortent dans leur position. Ce document a mis à nu les conséquences de l’exploitation de ces phosphates. Altération de la qualité de l’air, modification du paysage, risques d’atteintes aux eaux souterraines, dégradation du cadre de vie, pertes d’activités économiques etc. sont autant de conséquences diagnostiquées. Sans compter les risques d’accidents et de maladies que la mise en service de l’usine pourrait occasionner. Dans d’autres localités du pays, c’est la disponibilité de l’eau potable qui fait l’objet de marches et de contestation. Parfois aussi, le défaut de soins médicaux est indexé.
C’est dire que cette jeunesse montre, chaque jour, qu’elle compte dans la gestion des affaires de la cité et de nos territoires. Jadis inaudible, la voix des jeunes se fait entendre. Bruyamment parfois. Le moment n’est plus de la sous-estimer, mais plutôt de lui accorder toute son importance. Même s’ils savent que l’État ne pourra pas tout faire ou satisfaire, les jeunes excellent dans les initiatives. Un peu partout, des Gie sont créés, des mouvements œuvrent pour le développement. Dans tous les quartiers aussi, les associations pullulent et rivalisent d’actions au profit de la communauté. Pour eux, il n’y a rien de plus cher ou de plus valeureux que de défendre les leurs. À l’heure où le gouvernement promeut la participation citoyenne, les jeunes sont à l’avant-garde. Mieux vaut leur accorder le crédit qu’ils méritent.
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