Quartiers Cité Lamy de Thiès, Diokoul Ndiourène de Rufisque et le village Taïba Niassène de Nioro. Ces trois localités ont en commun d’avoir remporté le Challenge « Setal Sunu gox » de quartier ou cité la plus propre, dans le cadre des Journées nationales de mobilisation citoyenne « Setal Sunu Reew » initiées par le président de la République.
Pour l’expérience des Thiessois, c’est dans un sursaut citoyen que de jeunes personnes du quartier Cité Lamy de la capitale du Rail avaient pris en main, il y a près de deux ans, l’embellissement de leur environnement en pavant leurs ruelles, plantant des arbres et fleurs, et en peignant harmonieusement leurs devantures de maisons. Une initiative qui leur a valu plusieurs reportages de médias, mais surtout cette première place du Challenge national pour le meilleur cadre de vie en décembre dernier. Une autre nouvelle localité, cette fois-ci à Dakar, qui attire les convoitises par ses grandes artères, son bon assainissement, l’éclairage de ses rues avec des espaces verts et une bonne viabilisation enviée par les autres localités voisines, c’est la Cité Apix de Tivaouane Peulh.
Destinée au recasement des populations dakaroises impactées par le tracé de l’autoroute à péage, la Cité Apix est l’une des mieux aménagées au Sénégal aujourd’hui. À l’école dans les années 80-90, nous avions l’habitude d’entendre et de répéter des leitmotivs citoyens comme « Un corps sain dans un environnement sain ». Mais au fil du temps, l’urbanisation galopante a permis la naissance de villes souvent mal assainies, inondables avec des cadres de vie aux allures de bidonvilles ou taudis croulant sous le poids des ordures. Dans une interview accordée mardi 18 mars au « Soleil », l’ingénieur-chimiste environnementaliste Ibrahima Sow a rappelé que « sans un bon système de gestion des déchets, on ne peut pas construire une ville intelligente, résiliente et durable ». M. Sow déplore, comme plusieurs Sénégalais d’ailleurs, ce processus de décentralisation qui n’a pas toujours abouti à une véritable délégation de pouvoir.
Nos municipalités, a remarqué l’ingénieur Ibrahima Sow, font face à des défis associés à la gestion des déchets solides, l’absence de ressources financières, le manque de personnel qualifié, entre autres, alors qu’elles ont en même temps des défis concurrentiels majeurs tels que l’éducation, la sécurité, l’éclairage public, les transports en commun… Quand on naît dans les régions à l’intérieur au pays, nos carrés de maisons ont de grandes cours où deux ou trois ménages peuvent cohabiter. Deux voire trois générations peuvent s’y côtoyer en toute harmonie. Hormis ce côté socialisation, le confort y est plus élevé avec une grande cour, de larges vérandas, pièces spacieuses et commodités suffisantes pour toute cette grande famille. En Casamance, à Tambacounda, Kédougou, les populations ont le luxe de posséder des potagers et des arbres fruitiers dans leurs carrés fleuris… Mais depuis deux ou trois décennies, les parcelles de 150 mètres carrés ont remplacé nos concessions spacieuses.
Et les étages qui s’élèvent dans le ciel viennent pour ne rien arranger. Pas d’arbres, pas d’espaces verts, moins d’espaces communs où la famille peut se réunir le soir ou les jours de fête. Dehors, les ruelles sont étroites et plus de places publiques pour abriter les cérémonies d’envergure. L’on se calfeutre dans nos 150 mètres et gare à celui qui possède un véhicule. Il faut se battre pour la garer, car point de parking où d’espaces communs. L’aménagement de nos villes est devenu une urgence nationale et s’est récemment invité en décembre dernier à la table du Conseil des ministres quand le Président Bassirou Diomaye Faye a affirmé « la ferme volonté » du Gouvernement d’accélérer l’aménagement du territoire et la modernisation des villes, en phase avec la « Vision Sénégal 2050 ».
Cela passera par l’actualisation des plans d’urbanisme dans toutes les communes pour maîtriser le développement urbain. Une attention particulière sera accordée à l’application stricte des règles d’architecture harmonisées. Dans le domaine du logement, le gouvernement s’engage à promouvoir des constructions aux normes, en respectant les codes de l’urbanisme et de l’environnement. Avec la tenue, à Dakar, de deux événements majeurs, à savoir le 5e Salon international Senhabitat et le 1er Symposium international des Architectes d’Afrique, prévus les 22, 23 et 24 mai 2025, l’on espère que cette politique d’aménagement urbain sera véritablement amorcée au Sénégal, afin de trouver « des solutions vers un urbanisme harmonieux et un habitat digne » pour chaque citoyen. omar.diouf@lesoleil.sn