Ceux qui souhaitaient la fin du conflit qui mine la région des Grands Lacs et mène l’actualité africaine depuis plusieurs mois se sont sans doute réjouis de l’accord signé à la Maison-Blanche de Washington aux États-Unis entre les deux protagonistes, la République démocratique du Congo et le Rwanda.
Malgré que cela donne l’espoir d’une fin à une crise sécuritaire qui avec ses excroissances, peut menacer la stabilité de toute l’Afrique centrale, il est aussi à déplorer que malgré des médiations internes et endogènes portées par des organisations communautaires et continentales comme la Communauté de développement de l’Afrique centrale (Sadc), la Communauté de l’Afrique de l’Est (Eac) et l’Union africaine que les solutions à cette crise se trouvent à Doha ou à Washington.
Ces échecs des médiations africaines pour des crises qui secouent le continent depuis plusieurs décennies agacent et interrogent sur le leadership de nos mécanismes internes. En 2013, l’Union africaine avait lancé l’Agenda 2063, qui est comme une boussole et un gouvernail qui lui permettrait de jouer un rôle d’aiguilleur afin de mettre le continent à l’abri des vagues causées par les crises politiques, sécuritaires ou identitaires.
C’est dans ce sens que l’Ua s’était fixée comme objectif de « faire taire les armes d’ici 2020 » lors du lancement de cet Agenda en 2013. 2063 devait coïncider avec le centenaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine (Oua), ancêtre de l’Ua. Mais, dans la réalité, cela n’a pas toujours été le cas avec surtout l’absence de leadership affirmé et affiché.
Aujourd’hui, il est rare de voir une institution panafricaine d’intégration et de développement dont le leadership n’a pas été décrié ces dernières années. Que ce soit l’Union africaine, la Banque africaine de développement, la Cedeao et même la Confédération africaine de football. Cette absence de leadership fait que ces organisations peinent à accompagner la marche d’un continent qui, ces dernières années, a amorcé un tournant important dans son décollage politique et économique.
Avec la multiplication des foyers de tension sur le continent, l’Union africaine a laissé le soin à d’autres-ONU, France, États-Unis, Otan, Ue- intervenir, alors qu’elle a mis des mécanismes dans ce sens. Loin du credo de « Solutions africaines aux crises africaines », l’Ua n’a pas fait montre d’un leadership dans des crises majeures africaines. Les exemples ont ainsi légion.
De la Libye au Sahel en passant par la nouvelle crise dans la région des Grands Lacs, l’Ua a laissé l’initiative aux capitales occidentales et orientales dicter leurs volontés guidées par leurs intérêts. Ce n’est pas seulement dans ces crises que les médiations africaines s’enlisent dans des bourbiers. Au Soudan et chez son voisin du sud, aussi sujets à des crises sécuritaires tenaces, aucune action africaine n’a pu arriver à faire taire les armes dans des conflits qui ont comme sponsors et mentors des acteurs extérieurs au continent.
Il est ainsi important de redynamiser les mécanismes internes mis en place par les organisations régionales ou continentales qui, malgré le manque de moyens, ont eu à donner quelques résultats. Il appartiendra aussi à la nouvelle équipe dirigeante de la Commission de l’Union africaine d’avoir dans sa feuille de route la concrétisation des ambitions de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (Apsa) qui avec ses organes, peut aider à la prévention, la gestion et au règlement des crises et des conflits, à la reconstruction et le développement post-conflit sur le continent.
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