Entre deux urnes, le vide sidéral (Par Samboudian KAMARA)

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Game over, finie la séquence électorale ! Le mandat des maires et des conseils municipaux courant jusqu’en janvier 2027, l’agenda est dégagé à moins d’un remake de 2001, quand le Pds avait introduit « l’amendement Moussa Sy » à une loi initialement proposée pour proroger le mandat des collectivités locales majoritairement détenues par le Ps.

Déterminé à donner le coup de grâce à son vieil adversaire, le président Wade, fraîchement élu, choisit alors d’installer des délégations spéciales dirigées par des fonctionnaires à la place des conseils municipaux. Le temps pour le Pds de se préparer. Effectivement, au lendemain des municipales qui suivirent, en mai 2002, une vague bleue s’était installée dans la quasi-totalité des mairies, conseils régionaux et communautés rurales d’alors. L’éventualité d’une initiative similaire, 23 ans après, pour mobilisatrice qu’elle soit pour certains, renforcée par la récente révocation de Barthélémy Dias de la mairie de Dakar, n’en reste pas moins peu probable.

Entre mars et novembre 2024, le processus de dévolution du pouvoir a fini de reconfigurer totalement le paysage politique avec un Pastef aux affaires, contrôlant à la fois l’exécutif et le législatif, face maintenant à ses responsabilités, attendu pour dérouler un agenda maintenant connu de tous. Reste donc à gouverner. La déclaration de politique générale du Premier ministre a fini de préciser les orientations définies auparavant dans l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ». Dans un tel cas de figure, les usages en démocratie voudraient que l’occasion soit saisie par l’opposition pour se reconstituer et, pour le parti au pouvoir, de consolider sa mainmise, mais ce n’est pas le cas au Sénégal, depuis 25 au moins.

Systématiquement, après l’installation d’une nouvelle majorité, l’opinion publique se trouve enserrée dans les rets de non-débats, du moins de conjectures inopérantes pour qui doit mobiliser tout un pays pour affronter ses (innombrables) défis. Comme si les Sénégalais ne pouvaient parler de « politique » qu’en lien avec une élection ou des nominations à des postes. Comme s’il était impossible de meubler le temps politique entre deux élections. Il n’y a pas de « rupture » entre le temps électoral et le moment de l’action pratique, presque pas de césure entre la campagne pour la collecte des suffrages et l’application de la vision plébiscitée via les urnes.

Les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall l’ont expérimenté ; sans doute d’ailleurs l’ont-ils entretenu à leur corps défendant. Résultat : l’opinion publique sénégalaise peine à prendre en charge les questions vitales qui font et défont les gouvernements ailleurs : le coût de la vie, la prise en charge dans les structures de santé, la sécurité, l’avenir des enfants, les impôts. Le Pastef est en train d’expérimenter des désordres de même nature, toutes choses étant égales ailleurs. Ça vocifère dans certains cercles « patriotes » à cause de la distribution des postes étatiques.

Certains pastéfiens n’ont sans doute pas tort mais ils ne peuvent empêcher leurs adversaires d’y voir une faiblesse. Un auteur a dit que « la politique est une tour dans laquelle chacun veut monter, pour mieux comprendre les problèmes de la base, mais ne plus y être confronté ». La presse étant supplantée par les réseaux sociaux et les nouveaux « gourous influenceurs », cette tendance n’est pas près de s’estomper. Les débats ont l’air de monologues interactifs. Ils restent bloqués au niveau de l’expression des opinions individuelles, sans parvenir à évoluer vers une construction collective et raisonnée. Et le débat d’idées y perd à chaque clic.

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