Décidément, au Sénégal, le couscous a la cote par ces temps qui courent. Dans toutes les villes, les villages, les quartiers, les rues, les bureaux, les marchés, partout on en parle obstinément. C’est le mets qui a le vent en poupe pour la fête de la Tamkharit. La tendance. Ici, il est généralement fait à base de mil. Tantôt à base de sorgho ou de maïs. Mais, il est toujours accompagné. Et c’est justement là où ça devient intéressant. Encombrant ! Les Sénégalais ont d’ailleurs trouvé un terme approprié : « Bassé salté ». Une sauce melting pot où on retrouve le marché en miniature : manioc, gallinacé, carotte, raisin, viande rouge, tomate, courgette, oignon, etc. Ce n’est pas tout.
Il faut surtout toute sorte d’épices, du beurre et autres saucissons. Il faut, en plus, du lait pour blanchir une sauce déjà assombrie. Délicieux ! Après le régal, c’est le carnaval. Mômes, adolescents et jeunes se déguisent ostentatoirement. Munis de tam-tams de fortune et de calebasses, ils envahissent les rues et les maisons en quête d’aumône (Zakat). On chante. On danse. On détend l’atmosphère. Le tout dans la bonne humeur. C’est le « Tadjaboone ». Une pratique tropicalisée pour célébrer la Tamkharit. Fête religieuse musulmane, la Tamkharit est appelée sous d’autres cieux Achoura. C’est une fête qui est observée le 10e jour du mois de Muharram dans le calendrier islamique. Pour les sunnites, c’est un jour de jeûne et de commémoration de la libération des israélites de l’Égypte par Moïse. Pour les chiites, Achoura marque la mort de l’Imam Hussein, petit-fils du Prophète Muhammad (Psl), lors de la bataille de Karbala.
C’est un événement tragique que les chiites commémorent à travers des cérémonies religieuses, des récitations de poèmes et des processions. Des processions qui sont très souvent sanguinaires. Dans certains milieux chiites, les fidèles pratiquent le « Tatbir », un rituel consistant à se faire saigner le crâne avec une épée ou un couteau, en signe de deuil et de commémoration de la mort de Hussein. Dans leur procession, ils avancent hyper motivés, les habits ensanglantés. Déterminés dans leur conviction. Leur foi. La foi, en effet, ne s’accommode pas de la logique. Elle n’est pas cartésienne. C’est plutôt une force qui guide et soutient face à l’incertitude. L’assurance des choses qu’on espère. La démonstration des choses qu’on ne voit pas. En Éthiopie, il y a onze somptueuses églises monolithiques creusées dans la roche.
Leur renommée dépasse les frontières du pays. Elles sont considérées comme une merveille architecturale et un site de pèlerinage important pour les chrétiens orthodoxes éthiopiens. Elles sont à Lalibela, la réplique éthiopienne de Jérusalem. Dans cette cité religieuse, il fut un temps où on s’enterrait vivant dans des grottes adjacentes aux églises pour mourir. Car pour eux, cette proximité était un passeport pour le paradis. Restons toujours dans cette ancienne Abyssinie, on croyait que plus le monastère est haut perché, plus il rapproche spirituellement du Tout-Puissant. Parmi les monastères les plus célèbres, on trouve celui de Debre Damo, accessible uniquement par une corde.
En Inde, les hindous, qui le désirent, partent mourir à Varanasi (Bénarès). Considérée comme la capitale spirituelle de l’Inde et de l’hindouisme, cette cité attire les pèlerins hindous qui viennent se baigner dans les eaux sacrées du Gange et s’adonner à des rituels funéraires. Tout comme Varanasi, le fleuve sacré indien est vénéré pour ses pouvoirs purificateurs et sa capacité à libérer les âmes de la réincarnation. La foi a ses raisons que la raison ignore ! aly.diouf@lesoleil.sn
Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)