Luka Doncic, le meneur slovène des Dallas Maveriks qui passe au Lakers de Los Angeles alors que l’Américain Anthony Davis, pivot de la franchise californienne fait le chemin inverse ! L’échange (ou le « Trade », comme ils disent outre-Atlantique) n’aurait peut-être eu rien d’extraordinaire s’il s’était passé dans les règles de l’art.
Or l’affaire s’est conclue à la vitesse d’une contre-attaque sur les parquets de la NBA, la Ligue nord-américaine de basket, en milieu de saison pratiquement et, encore plus renversant, sans que les deux principaux concernés en soient informés à l’avance. D’où les multiples réactions d’indignation du monde du basket américain. D’autant que Doncic et Davis ne sont pas du menu fretin. Mais de vraies (super)stars ! Le premier, à seulement 25 ans, a été élu cinq fois dans l’équipe de l’année de la Nba et a été finaliste de la NBA avec sa désormais ex-équipe, la saison passée. Le second, lui, a été à neuf reprises désigné dans l’équipe All-Star de la Nba et meilleur marqueur de la franchise californienne cette saison. Ce sont ces deux cracks qui ont été mis devant le fait accompli et ont découvert le « troc » l’autre dimanche, au réveil, presqu’en même temps que tout le monde.
Un système de transferts où les joueurs n’ont pratiquement pas voix au chapitre, que « le diamant noir » allemand alors meneur des Golden State Warriors, Dennis Schröder, a simplement assimilé à de « l’esclavage moderne », parmi tant d’autres déclarations virulentes entendues depuis. Le Mvp de la Coupe du monde 2023 de basket ne croyait pas si bien dire pour l’avoir vérifié à ses dépens. Deux fois plus qu’une d’ailleurs. Puisqu’en une journée – et sans en avoir été informé au préalable – il a été virtuellement balloté des Warriors à Utah avant d’atterrir finalement aux Detroit Pistons Un procédé qui rappelle aussi la manière de faire habituelle de certains agents de joueurs Fifa qui, selon leurs intérêts à eux, font valser leurs « protégés » d’une équipe à une autre, d’un championnat à un autre.
Certains, totalement véreux, tels des « Téfankés » transportant leur bétail de foirail en « louma » à la recherche de clients, trimbalaient naguère leurs joueurs (surtout jeunes) d’un pays – souvent de seconde zone en termes de football – à un autre pour tenter de les faire enrôler. L’avis du joueur ? Il compte rarement, sauf pour les ténors qui, pour certains, ont leur mot à dire. A la plupart des autres, il est juste demandé de la boucler et d’essayer d’être performants sur les pelouses, quel que soit le maillot qu’ils ont sur le dos. D’où, parfois, quelques situations cocasses comme celle d’Elye Wahi qui avait répondu sans sourciller « Marseille ! » à la question « le club pour lequel vous ne jouerez jamais ? ».
Et qui, ironie du sport, quelques années plus tard, s’est retrouvé sous les couleurs du club phocéen. Arrivé sur la Canebière en août dernier, lui qui disait être « très fier de faire partie de la nouvelle famille marseillaise », en a été viré dès janvier pour l’Eintracht Francfort, en Allemagne. Doncic et Davis voire Schröder ne devraient pas faire d’aussi éphémères passages dans leur nouvelle franchise qu’ils n’ont pas réellement choisie. Mais le sport business gagnerait à mieux considérer les acteurs afin qu’ils cessent d’être juste des pions à déplacer sur les aires de compétitions ou des tas de muscles à se passer et se repasser pour des intérêts qui leur sont étrangers.