Elle est révolue l’époque où les thématiques liées à la promotion des droits des femmes n’étaient pas appréciées à leur juste valeur. Ces questions intéressent de plus en plus l’humanité qui a pris conscience de la portée de la contribution féminine dans le développement de chaque nation.
Et c’est parce que la voix des femmes a su vibrer comme un écho de vérité et d’audace à l’échelle planétaire. Courageuses et solaires, elles ont pu briser des chaines et gommer des esprits l’idée selon laquelle, « seuls les hommes sont des êtres humains complets et ce qu’une femme peut espérer au mieux, c’est de devenir un homme » pour reprendre des propos de Platon, dans les lois de la Timée. Cette idée développée, en 427 – 347 avant J.C, a pourtant la peau dure. Elle a traversé plusieurs générations. Pendant des siècles, des hommes ont entretenu cette illusion de domination et de supériorité sur la gent féminine. Ils sont, à leurs yeux, les plus intelligents, les meilleurs et les plus performants.
Cela booste leur estime de soi et leur fait bomber le torse. Tel un éclair, il leur faut briller plus que la lumière féminine, laquelle illumine naturellement l’humanité. Seulement guidés par leur penchant pour le pouvoir, des hommes ont tiré du plaisir à adopter des comportements primitifs et à épouser la pensée de Platon, même si elle ne s’adapte pas à leur époque. « Ce sont les mâles seulement qui sont créés directement par les dieux et à qui l’âme est donnée. Ceux qui vivent avec droiture retournent vers les étoiles, mais pour ceux qui sont « lâches » (vivent des vies sans rectitude), on peut supposer avec raison qu’ils ont acquis la nature des femmes à la seconde génération. Cette régression peut continuer pendant des générations successives à moins qu’elle ne s’inverse. Dans cette situation, ce sont évidemment seulement les hommes qui sont des êtres humains complets et qui peuvent espérer l’accomplissement ultime ; ce qu’une femme peut espérer au mieux est de devenir homme » dixit Platon, le disciple de Socrate.
Heureusement que l’humanité, dans son ensemble, tente de se ressaisir. Elle essaie de ne plus épouser la philosophie de célèbres penseurs qui ont développé des théories jugées humiliantes sur la femme. Pour Aristote, par exemple, le mâle, comme il qualifie l’homme, est supérieur et la femelle inférieure, « il dirige au moment où la femelle est dirigée, la femme est naturellement un centre d’émotion et l’homme un centre de raison ». Sa position n’a pas été soutenue dans les sociétés traditionnelles africaines. Elles ont cherché à s’éloigner de ces principes et offert une place privilégiée voire préférentielle à la femme. Celle-ci a su remplir son rôle d’éducatrice, de mère et d’épouse tout en exerçant des fonctions stratégiques comme chef de guerre, reine, chef de gouvernement ou d’état, quitte à accepter, avec intelligence, une hiérarchie de l’homme dans le ménage.
Toujours est-il que des tares congénitales sont restées tenaces. Il est souvent demandé aux femmes de faire du Gorgorlou, c’est-à-dire de se battre comme des hommes « Gor » en wolof, pour exister socialement. Et aujourd’hui, plusieurs siècles de combat commencent à porter leurs fruits, les femmes ont démontré qu’elles ne sont pas des « éternelles mineures » confinées à l’ombre de l’homme. Elles militent pour une belle culture de collaboration entre les deux sexes. Elles se réjouissent également de voir que leur plaidoyer sur la complémentarité soit plus en plus soutenu par des hommes. Elles refusent également d’être des objets de désir pour les mâles. Beaucoup aiment se ressasser la thèse selon laquelle « la femme est un petit diable.
Elle a une main dans chaque méfait que commet l’homme ». Heureusement que l’expérience a fini par démontrer que ce ne sont pas les femmes qui entraînent les hommes dans les pêchés, que le Diable n’a pas un accès direct aux hommes, c’est à travers les femmes qu’il trouve un chemin vers eux ». Heureusement que des penseurs contemporains comme le professeur Amadou Hampaté Ba présentent la femme comme une bénédiction pour l’humanité. Pour lui, « la femme, c’est la chose la plus extraordinaire que Dieu ait créé. Quelle que soit la force d’un homme, quelle que soit son intelligence, quel que soit son rang social », il baisse toujours les armes devant la femme dotée d’une puissance avérée… matel.bocoum@lesoleil.sn