Elle n’était donc pas vraie l’info virale attribuant à la première femme présidente de la Namibie un ordre d’expulsion de 500 Américains en réponse aux opérations d’expulsion de Trump, ciblant des Africains. « Si on ne peut entrer aux États-Unis sans visa, il en va de même pour la Namibie ».
Une citation attibuée à Mme Netumbo Nandi-Ndaitwah qui aurait également soutenu qu’aucun Américain ne devrait entrer en Namibie sans visa. Sans être exhaustives, ces déclarations de la dame de 72 ans, première femme présidente de son pays et au caractère trempé, ont le mérite de nous montrer les méfaits des fake news. Fabriquées à dessein, ces fausses informations ont contraint la présidence namibienne à essayer de rectifier le tir même s’il faut reconnaître que le mal est déjà fait. Cette actualité sur la révocation de visa est néanmoins réelle et vérifiée sur un autre registre. Les ressortissants du Soudan du Sud en font les frais avec la révocation de tous les visas qui leur avaient été accordés alors qu’ils bénéficiaient, jusqu’à présent, d’un statut protégé octroyé à titre temporaire sur le sol américain. L’argument avancé par le secrétaire d’État Marco Rubio est que ce pays refuse de reprendre ses citoyens expulsés.
Des milliers d’étudiants africains et originaires d’autres pays inscrits dans les universités américaines sont également dans la tourmente avec la révocation des visas. À cela s’ajoute la décision du président américain, Donald Trump, le lundi 14 avril, de geler 2,2 milliards de dollars de subventions à l’université de Harvard. Plus insolite est la déclaration du président colombien Gustavo Petro selon laquelle les États-Unis pourraient avoir révoqué son visa, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays. « Je ne peux plus y aller parce qu’ils m’ont retiré mon visa », a déclaré Petro lors d’une réunion de son cabinet à la Casa de Narino, le palais présidentiel à Bogota, selon une dépêche de l’agence de presse Efe, publiée lundi. « Je n’avais pas besoin de visa, mais tant pis. J’ai vu Donald Duck plusieurs fois, alors je vais voir d’autres choses », a-t-il ajouté. Le président américain a le mérite de matérialiser ses engagements électoraux. Quitte à faire des vagues. Il va même souvent au-delà. Plaçant toujours les intérêts américains au centre de ses motivations. Les gens s’interrogent sur l’opportunité et la pertinence de telles mesures, mais lui dit peser le pour et le contre.
Une telle mesure de révocation ou de restriction de visa, même limité à certains États africains, a de quoi remettre sur la table la question des visas pour les ressortissants du Sud. Surtout s’ils veulent aller dans les pays du Nord ou de l’Occident. La difficulté est de trouver, pour la plupart des Africains, le précieux sésame pour voyager. L’une des plus grandes injustices faites à l’Africain est de ne point pouvoir voyager, parcourir la terre, s’enrichir de cultures, de civilisations différentes. À l’heure du village planétaire théorisé par le Canadien Marshall Mc-Luhan, il est injuste de ne pas donner la possibilité aux Africains de parcourir le monde. Souvent sous un fallacieux prétexte qu’ils ne vont pas rentrer eu égard aux niveaux de développement qui séparent le continent et ces pays vus comme un « eldorado ». Une perception qui doit amener les Africains à travailler davantage pour hisser leurs pays à un niveau de développement acceptable pour qu’ils n’aient plus besoin d’aller chercher à gagner un illusoire eldorado. Il ne s’agit pas d’interdire aux Africains de voyager, mais de savoir qu’il est possible de faire de chez eux un « paradis terrestre ».
Et ainsi en finir avec ces images de queues de désespérés qui cherchent à déposer pour obtenir un visa dans de nombreux services agréés de pays occidentaux dans les capitales africaines. L’autre contradiction que doivent régler les Africains est la liberté de circuler dans leur continent. Dans les zones d’intégration régionales, la liberté de circulation des personnes et biens est certes consacrée, mais il est souvent très difficile de pouvoir voyager, pour la plupart des Africains, d’une zone géographique à une autre. La bienvenue est souhaitée à tout Africain qui se rend au Rwanda. Il paiera le visa une fois à l’aéroport sans aucune autre formalité. Le Kenya semble aussi être dans la même trajectoire alors qu’il était très difficile, pour un Sénégalais par exemple, de se rendre dans ce pays il y a encore peu. Tous les pays africains devraient s’ouvrir à tous les ressortissants africains. Ce visa de circuler sera réellement le visa pour le développement du continent.
Encore qu’il faut construire des autoroutes partout pour que les Africains puissent rallier les différentes capitales, développer les échanges et le commerce intra-africain. Une mésaventure sur les visas : Nous devant nous rendre dans la ville libyenne de Benghazi il y a moins de deux semaines, nous nous sommes vu refuser l’embarquement à l’enregistrement à Tunis. Prétexte, le visa en notre possession devait opérer à partir du Caire. Une erreur de nos correspondants libyens. Ces derniers ont su corriger l’impair et nous confectionner de nouveaux visas à quelques minutes de la fermeture du comptoir d’enregistrement. Une chance pas donnée à tout le monde. ibrahimakhalil.ndiaye@lesoleil.sn