Notre pays n’a pas dérogé à la célébration de la Saint-Valentin ou fête des amoureux, aux relents purement commerciaux pour certains. Le rouge vif a été bien au rendez-vous le 14 février dernier. Des hommes et des femmes ont rendu un hommage mérité à leur « pierre angulaire ».
De belles phrases bien rythmées ont fusé de partout et ont fait fondre de bonheur le cœur de leur cible. Et puis, c’est bien charmant, malgré des réticences, de rappeler l’importance de l’amour dans la vie de l’humain. Elle est même sa quintessence. Cette date a aussi servi d’occasion pour les plus inspirés de montrer à quel point ils peuvent aimer un humain dans « leurs rêves », « endormi » et « éveillé ». C’est le charme de l’amour qui berce d’illusion et fait rêver. Il est encore plus mignon lorsqu’il se met au masculin. Et souvent, c’est pour virer au pluriel. Ce n’est d’ailleurs pas fortuit si au pluriel le mot amour se conjugue au féminin.
Toutes les amours sont belles… ! « Je vous aime toutes les deux avec la même intensité ». Ce leitmotiv est fréquent, sous nos cieux, sur les lèvres des hommes. Il peut créer une onde de choc ou pousser certains à ouvrir grands les yeux. Mais, dans certaines contrées, cette phrase est souvent bien accueillie par la gent féminine. Loin de s’accrocher à une illusion d’amour, elles acceptent la vérité des faits. Le cœur d’un homme peut balancer au gré de ses envies, entre deux, trois ou quatre femmes. C’est un don légué par Dame Nature. Il n’en a cure du dilemme amoureux. Si la femme peut chérir autant d’enfants, l’homme peut porter dans son cœur plusieurs femmes. C’est aussi sa force. Le coup de foudre peut les terrasser à tout âge. La flèche de Cupidon peut leur faire perdre le nord, même à la vue d’une fille qui a l’âge de leur enfant ou petits-enfants.
Ils raffolent souvent du grand frisson. Ils ont du mal à résister à leur besoin de se renouveler en permanence. Ils ont la possibilité de voler librement là où leur cœur les guide. Sous nos cieux, on fait le mauvais procès de la polygamie, qui leur offre cette liberté au détriment de la gent féminine. C’est aussi ignorer que l’islam préconise à la base la monogamie pour éviter de créer tout sentiment de frustration chez la femme et qu’il met en avant des principes d’équité pour encourager les hommes à se contenter d’une seule épouse.
S’il y a lieu de relativiser et de reconnaître que tout dépend du caractère de l’homme, il est aussi important de souligner que les scientifiques ont prouvé qu’ils aiment la nouveauté. Leur propension à multiplier les conquêtes est souvent plus accrue à l’âge de 50 ans. La crise de la cinquantaine ferait ressortir ce penchant à la polygamie, laquelle permettrait de canaliser leur tendance à verser dans l’infidélité. Un sondage d’Ipsos, qui reste d’actualité, révèle qu’en France, par exemple, 38 % des hommes entre 18 et 34 ans admettent avoir été infidèles, 51 % pour la tranche d’âge 35-49 ans, 66 % pour les plus de 50 ans.
Un état de fait parmi d’autres, qui montre que la polygamie, loin d’être une entorse à l’épanouissement de la femme ou une atteinte à ses droits, aide à instaurer un certain équilibre social. Elle lui offre la possibilité de se départir de sa casquette de maîtresse à vie en vue de construire un foyer avec l’élu de leur cœur. Dans ses nombreuses études, la sociologue Fatou Bintou Dial avait d’ailleurs rappelé que des femmes intellectuelles qui avaient combattu ce système matrimonial, ont fini par faire cette option.
Une thèse soutenue par la fondatrice du laboratoire Genre et recherche scientifique de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), Fatou Sarr Sow, maître de conférences à l’Université Cheikh Anta Diop. « On est passé d’une génération de femmes instruites dans les années 1960-1970 farouchement opposées à la polygamie à une génération qui l’assume, voire la revendique », soulignait-elle dans le cadre d’une interview. Avec la féminisation du marché du travail, bon nombre de femmes ont compris que la polygamie est souvent à leur avantage et qu’il n’est pas toujours nécessaire de se battre pour être la préférée. Elle leur a permis d’éviter la routine de la vie à deux, d’avoir du temps pour elles et d’accepter, avec philosophie, le sens de l’amour au masculin…
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Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)