Le Sénégal est le pays de la Téranga. C’est aussi le pays des contradictions, des râleurs. Un pays où les gens ne sont jamais satisfaits, veulent une chose et son contraire.
On a l’impression qu’une grande partie de la population souffre du syndrome de Calimero, en référence au personnage de dessin animé italien ; un petit poussin noir qui porte sa coquille d’œuf sur la tête et son baluchon rouge sur l’épaule et qui rabâche sans arrêt sa réplique fétiche : « C’est vraiment trop injuste ! ». Dans le voyage de la vie, on rencontre inévitablement des épreuves parfois insurmontables.
Mais certains, comme si le sort avait choisi de s’acharner sur eux, se complaisent à accuser le destin de conspirer contre eux. Persuadés d’être victimes d’une prétendue injustice, les individus qui ont chopé le syndrome de Calimero ou qui excellent dans l’art de se plaindre à longueur de journée n’hésitent pas à adopter une posture de victime, parfois pour attirer l’attention et la compassion de leur entourage. Tout est prétexte pour geindre, râler, se lamenter. Ils ne sont jamais contents. Quand ils tardent à voir leur étoile briller, ils en veulent à tout le monde. Ils sont contrariés quand il fait froid, chaud, pleut, ils critiquent à tout-va. Et quand ce n’est pas eux, c’est toujours injuste. Rarement positifs et optimistes, ils ont cette propension à se percevoir comme des victimes et ont ancré dans leur inconscient une vision du monde biaisée par une spirale très négative.
Pris en otage par leur mal-être, ils empoisonnent leur propre existence et celle de leur entourage. Convaincus de ne pas obtenir ce qu’ils méritent, ils en veulent parfois aux autres, ignorant que cette posture pessimiste peut parfois être nuisible à leur bien-être émotionnel et psychologique, altérer leur bonheur, mais aussi leurs relations avec les autres. D’ailleurs, des études montrent que se plaindre de tout et de rien sans discontinuer peut parfois être néfaste pour la santé et entraîner diverses pathologies.
Le syndrome de Calimero n’est pas une fatalité, car on a beau être malheureux ou malchanceux, on trouvera toujours plus malheureux ou malchanceux que soi. Cependant, il faut, pour sortir du cercle victimaire, apprendre à relativiser pour comprendre que l’on n’est pas réellement victime du destin. Il faut également regarder la réalité en face et apprendre à développer une meilleure estime de soi, de nouvelles capacités qui seront plus bénéfiques pour l’atteinte des objectifs au lieu de perdre de l’énergie à accuser les autres.
Mais aussi et surtout transformer chaque obstacle en opportunité. Car, dans la vie, des gens sont partis de rien et sont devenus, à force de persévérance et de résilience, de grands messieurs, de grandes dames. Malheureusement, aujourd’hui, l’une des causes d’échec les plus fréquentes est le manque de persévérance, l’absence de résilience. William Shakespeare affirmait que « nos doutes sont des traîtres et ils nous privent de ce que nous pourrions souvent gagner de bon, parce que nous avons peur d’essayer ».
À juste raison, car ce n’est pas un secret que notre plus grande faiblesse réside dans le doute, l’abandon, parce que rester motivé est souvent un exercice assez complexe ; surtout quand les résultats escomptés ne suivent pas ou tardent à arriver. Mais l’adversité a beau être tenace, il ne faut jamais baisser les bras. Il faut toujours se battre.
Les obstacles et les échecs ne doivent pas empêcher de toujours aller de l’avant et avec détermination. « Il faut viser la lune, parce qu’au moins, si vous échouez, vous finirez dans les étoiles », disait si bien Oscar Wilde. Dans un monde d’incertitudes et de défis, la persévérance et la résilience demeurent deux qualités qui peuvent transformer le cours de notre vie. Et quand on navigue dans les eaux tumultueuses des défis personnels et professionnels, nous sommes appelés à faire face, parce que personne ne surmontera nos défis à notre place.
Au lieu de geindre continuellement et d’avoir cette impression d’injustice permanente, il est vital de laisser derrière nous le syndrome de Calimero pour retrouver une perspective positive. Et c’est en cultivant une attitude positive que nous pourrons améliorer significativement notre qualité de vie et aspirer au bonheur.