L’importance de la formation technique n’est pas à démontrer. Sans aucun doute, c’est un facteur de réussite et donc de développement durable de toute nation. « L’enseignement technique constitue le plus beau mariage entre la pensée et l’action. Il représente une porte d’entrée vers l’emploi, l’entrepreneuriat et même la recherche, en permettant aux jeunes de s’adapter aux évolutions économiques et technologiques », soutenait le Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, le 10 février dernier lors de la première édition du Forum international des métiers et compétences (Fimec) organisé par son pays.
Donnant des statistiques, Beugré Mambé de signaler qu’en Côte d’Ivoire, à peine « 6 % des apprenants dans le secondaire sont formés dans les filières », contre « 40 à 50 % dans des pays comme la France, l’Allemagne et la Chine ». (Cf. 7info, Côte d’Ivoire). Le Sénégal est dans la même fourchette. Rarement au baccalauréat technique, on arrive à atteindre les 5.000 candidats. Mais pourquoi ce faible taux de fréquentation de ce secteur par les apprenants ? Très souvent, la formation professionnelle n’a pas bonne presse. Elle est considérée par d’aucuns comme le réceptacle des rebuts du système classique. On y va quand on a échoué ailleurs, estime-t-on. Pourtant, elle est un atout compétitif majeur, une voie d’opportunités, parce qu’elle offre à l’apprenant des compétences réelles et utiles, lui permettant même de s’auto-employer.
En effet, le secteur est le seul pourvoyeur de techniciens et ingénieurs dont ont tant besoin nos pays pour transformer leur tissu industriel et économique. Point n’est besoin de rappeler que nombre de pays développés se sont appuyés sur la formation professionnelle et technique pour accélérer leur croissance. Le secteur est donc celui de l’avenir. Car, quelle que soit la dynamique de croissance d’un pays, son tissu économique ne peut pas absorber tous les demandeurs d’emploi. Alors, il y a nécessité d’accorder à l’enseignement technique et la formation professionnelle les places qui siéent. Une meilleure adéquation formation-emploi est l’exigence première des employeurs et l’insertion professionnelle des diplômés est le premier objectif de toute formation. Au Sénégal, le gouvernement s’est toujours engagé à faire de ce secteur une priorité.
Ainsi, de nombreux efforts ont été faits en matière de réalisations et d’initiatives dans la formation professionnelle, des indépendances avec Emile Badiane, en passant par les Assises de 2001 et celles de 2013. L’État a même lancé un vaste programme devant permettre la construction de centres de formation professionnelle et technique dans les 46 départements du pays. Toutefois, l’accès à la formation professionnelle et technique reste faible. Le secteur reste toujours peu attractif. De plus, les programmes enseignés sont souvent éloignés des besoins des entreprises. Dès lors, la création d’emplois demeure insuffisante.
Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), au troisième trimestre de l’année 2024, « le taux de chômage a atteint 20,3 %, enregistrant une légère hausse par rapport au taux de 19,5 % observé à la même période en 2023, soit une augmentation de 0,8 point de pourcentage » (Cf. Ansd, octobre 2024). Or, chaque année, le nombre de jeunes diplômés sur le marché du travail ne cesse d’augmenter, même si peu d’entre eux ont une qualification professionnelle.
L’ancien président de la République, Macky Sall, en recevant, en 2003, le cahier de doléances des centrales syndicales, indiquait que « chaque année, plus de 150.000 jeunes arrivent sur le marché du travail. Parmi eux, seuls 6 % ont une qualification professionnelle ». Et selon un article publié sur le site des Nations unies au Sénégal en janvier 2022, intitulé « Renforcer les compétences et créer des opportunités pour promouvoir l’emploi des jeunes », chaque année, « le Sénégal enregistre entre 100.000 et 260.000 jeunes sur le marché du travail ». Seule une formation professionnelle et technique de qualité permettra d’apporter une réponse adéquate à la lancinante question de l’emploi et faire reculer la pauvreté. daouda.mane@lesoleil.sn