Au Sénégal, quand quelqu’un se marie, on dit qu’il va se pendre. Voilà qui donne envie de rester célibataire. Chez nous, on se passe la corde au cou, mais au moins, on fait semblant d’y voir un bijou. On grimpe sur le tabouret, on enfile l’alliance comme un nœud coulant, et hop ! Évidemment, il y a des variations.
Certains se pendent à deux et oscillent gentiment toute leur vie, d’autres choisissent une corde élastique et rebondissent d’un mariage à l’autre. Mais dans tous les cas, c’est une affaire de tension : conjugale, financière, nerveuse. On pensait se prendre une âme sœur, on se retrouve avec un créancier sentimental. En Occident, on enjolive : on se marie, on s’unit, on se dit oui. C’est beau, c’est romantique, et ça finit devant le juge aux affaires familiales. Au Sénégal, on ne tourne pas autour du pot : on se pend. Volontairement, certes, mais fermement. Alors, le mariage serait-il une condamnation ? Pas nécessairement.
Car on oublie souvent un détail : au bout de la corde, il y a l’autre. Celui ou celle qui amortit la chute, qui tire dans le bon sens. Une bonne relation, c’est un pendule bien réglé. Une mauvaise, c’est un nœud mal fait. Moralité : mariez-vous si vous voulez, mais choisissez bien la corde. Et surtout, vérifiez la solidité de la branche.
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