Il est des gens comme ça. Du haut de leur morgue, ils pensent être plus sachants et savants que l’ensemble de leurs compatriotes réunis. Face au micro ou devant la foule, leur hubris se manifeste de la plus insoutenable des manières. Incapables de tenue, de retenue et de discernement. Ils sont la vérité, en détiennent l’exclusivité.
Ils remettent tout en question, même les vérités que la décence et la morale commandent d’étouffer au nom de la cohésion sociale, du vivre ensemble. Hélas, mille fois hélas ! Torse bombé, allure fière et dignité en bandoulière, les Tirailleurs sénégalais sont tombés sous les balles du colon à Thiaroye. Pour cela, on les a célébrés, sanctifiés, portés au pinacle parce que la cause qu’ils défendaient était des plus nobles : le respect de leur dignité. Aujourd’hui, on les traite de traîtres, de prébendiers, de gens cupides uniquement préoccupés par le grisbi. Sacrilège ! Ils viennent de subir un deuxième massacre, encore plus pernicieux et plus violent que celui du 1er décembre 1944.
Parce qu’il est d’outre-tombe, relève de la lâcheté, souille la mémoire de ces braves gens et écorche le récit collectif de toute une nation. Ignorance ? Besoin de se démarquer pour flatter un ego personnel ? Quel bouleversement intérieur a embrouillé Cheikh Omar Diagne au point de l’amener à charger si violemment les Tirailleurs sénégalais ? Cette balle perdue partie d’une langue fourchue a fini d’installer un gros malaise.
[Exlusivité] Présidence de la République : Cheikh Oumar Diagne limogé !
Malaise à la hauteur de tout le travail de devoir de mémoire que des générations d’historiens sénégalais et étrangers ont abattu depuis toutes ces années, couronné par la cérémonie d’hommage d’une grande solennité voulue par le président de la République le 1er décembre passé, à l’occasion du 80e anniversaire de ce triste événement. Que cherche l’auteur de cette inacceptable sortie en jetant un pavé… dans la mémoire, éclaboussant ainsi tout un narratif mémoriel par des raccourcis désinvoltes, des confusions malheureuses et des amalgames regrettables ?
Aurait-il fait cette déclaration en d’autres temps, comme il en a fait par le passé avec son lot de polémiques, que personne ne trouverait à redire. Mais là, c’est drapé du manteau de ministre-conseiller, qu’il a fait cette sortie.
Voudrait-il gêner aux entournures le chef de l’État qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Lorsqu’on occupe certains postes de responsabilité au plus haut sommet de l’État, la logique voudrait qu’on ne fasse rien qui puisse mettre mal à l’aise celui par la volonté de qui on occupe ce poste. Et si on tient tant à exprimer des opinions allant à rebours des positions du chef, la sagesse recommande de rendre le tablier. Mais c’est peut-être trop demander à quelqu’un qui croit en ses propres billevesées. Aujourd’hui, la seule question que l’on peut se poser est celle-ci : à quand la prochaine sortie de piste ?
Qui sait, peut-être que la glissade nous mènera jusqu’à l’endroit où sont cachées les têtes d’ogives nucléaires après qu’il nous a appris que Yaya Jammeh en détenait trois valises.
Par El Hadj Ibrahima THIAM