Dans une interview accordée à plusieurs médias, Edward Gemayel, qui a conduit une délégation du Fonds monétaire international (Fmi) au Sénégal, a évoqué avec une précision remarquable la situation actuelle de l’économie sénégalaise.
Il a mis en lumière non seulement les défis auxquels le pays est confronté, mais aussi les perspectives et les leviers qui pourraient permettre d’envisager un rebond pérenne. « La priorité immédiate concerne le Misreporting. Il est essentiel de comprendre ce qui s’est passé, comment cela s’est produit et quelles mesures les autorités comptent prendre pour y remédier », a-t-il répondu à la question de savoir si un nouvel accord était envisageable dans l’immédiat. Mais que signifie réellement le terme Misreporting ? Ce mot, emprunté à l’anglais, est dérivé du terme « misreport », qui désigne le fait de faire un rapport erroné ou incorrect concernant une information, un événement ou des données. Cela peut inclure des erreurs involontaires, mais aussi des abus délibérés dans la représentation des faits, ce qui soulève des questions éthiques et de transparence.
Cette problématique renvoie exactement à ce que les nouvelles autorités sénégalaises ont exprimé à propos des chiffres publiés sur la situation des finances publiques. En effet, le misreporting a pour conséquence de biaiser tous les calculs et projections qui en découlent. C’est ce qui explique sans doute la posture prudente du Fmi face à la situation. En évoquant la prochaine étape, le chef de la délégation a indiqué qu’elle « consistera à soumettre un dossier au conseil d’administration du Fmi sur cette question. Ce dernier devra alors prendre une décision parmi deux options : soit accorder une dérogation, sous réserve que les autorités mettent en œuvre des mesures correctrices, soit demander un remboursement ».
Cette mise en garde souligne l’importance cruciale de la transparence et de l’exactitude des données financières pour la santé économique d’un pays. On parle souvent de « dette cachée » pour faire allusion au phénomène du misreporting. À ce titre, le Fonds monétaire international (Fmi) a constaté l’existence d’une dette « cachée » du Sénégal, estimée à environ 7 milliards de dollars, soit 4.250 milliards de FCfa. Ce montant correspond à l’écart alarmant entre les deux estimations de la dette publique entre 2019 et 2024. Alors que l’ancien régime évoquait une dette représentant plus de 70 % du produit intérieur brut (Pib), celle calculée par la Cour des comptes atteignait près de 100 % du Pib.
Ce décalage est un exemple typique de misreporting, illustrant les dangers que cela représente pour la crédibilité des institutions financières et la confiance des investisseurs. En somme, le misreporting n’est pas qu’un simple problème de chiffres ; il s’agit d’un enjeu fondamental qui peut avoir des répercussions profondes sur la stabilité économique et la gouvernance d’un pays. Les autorités sénégalaises doivent donc agir avec diligence et transparence pour rectifier ces erreurs et restaurer la confiance, tant au niveau national qu’international. La route vers un avenir économique solide passe inévitablement par une gestion rigoureuse et honnête des données financières. oumar.fedior@lesoleil.sn