L’étude des impacts des activités d’exploration et de production pétrolière offshore au Sénégal sur la pêche révèle des relations heurtées entre deux secteurs cohabitant avec des intérêts divergents.
Mais cette cohabitation est forcée au regard de l’intérêt vital de ces deux secteurs de l’économie nationale. Souvent pointées du doigt par les communautés de pêcheurs, les activités offshores dans le secteur pétrolier au Sénégal sont néanmoins encadrées par des mesures strictes pour en limiter leur impact, notamment sur la pêche et la biodiversité marine. Une palette de mesures et d’actions, dont la communication avec les pêcheurs, la délimitation précise des zones, le respect des distances de sécurité et la surveillance attentive constituent les piliers de la gestion de ces activités. Bien que les incidents majeurs soient rares, les communautés de pêcheurs continuent de dénoncer l’occupation par les activités de production des zones jugées plus poissonneuses comme la roche de Diattara, au large de Saint-Louis, domaine du hub gazier de Gta.
La compatibilité entre pêche et activités pétrolières est possible avec une gestion rigoureuse, une communication claire et un respect strict des zones d’exclusion, permettant une coexistence bénéfique pour les deux parties. C’est pourquoi les activités pétrolières offshores (en mer) tout comme onshores (à terre), organisées dans le temps et l’espace, exigent des mesures de sécurité et de protection des périmètres. La production d’hydrocarbures, en cas de découverte commerciale, peut durer plusieurs années (25 ans en prévision dans les Crpp au Sénégal.) Cette activité est précédée de travaux contractuels d’explorations (campagne de sismique et de forage). La première étape, c’est la campagne sismique, qui peut durer de 6 mois à 2 ans, avec une superficie pouvant atteindre 10.000 km², selon la zone ciblée.
La sismique est suivie du forage qui peut durer de 1 à 3 mois par puits, avec une superficie couverte par plusieurs puits allant de 5 km² à 160 km², en fonction de l’étendue du gisement et du plan de développement. En cas de découverte, la phase de développement du champ requiert la construction d’installations telles que Fpso (Floating production storage and offloading), de terminal gazier et un système de réseaux sous-marin (tuyaux, risers, etc.). Il faut préciser que la zone d’un champ de production n’est pas fixe, elle est extensible et évolutive au fur et à mesure que le projet progresse, surtout lors de la foration de plusieurs puits selon la capacité du réservoir. Pour les phases de développement, des périmètres autour des puits ou installations sont délimités pour des raisons de sécurité et pour éviter les accidents. La taille des zones d’exclusion varie selon les étapes. Les forages de développement peuvent aussi occasionner l’instauration de nouvelles zones d’exclusion spécifiques autour des puits, souvent mobiles, afin de sécuriser le périmètre contre les risques opérationnels.
Après la fin des campagnes ou des activités, le périmètre peut redevenir accessible sauf en cas de nouvelles opérations nécessitant une délimitation sécuritaire. Les zones d’exploration et de production sont délimitées en tenant compte de la protection de la faune marine, via des pré-études d’impact acoustique. Par ailleurs, des zones d’alerte (500 m) et d’exclusion (1,5 km) sont délimitées durant la campagne sismique. Ces mesures visent à limiter le risque pour la faune tout en permettant la poursuite des activités. Les opérateurs mise sur la communication et l’information préalable des pêcheurs qui sont essentielles pour éviter des accidents ou des nuisances. Les pêcheurs sont généralement avertis à l’avance des campagnes sismiques ou des autres activités à venir, ce qui facilite leur coexistence. Mais toutes ces mesures et actions n’ont pas tempéré les ardeurs des communautés de pêcheurs qui réclament des mesures compensatoires de perte de profit et la création de récif artificiel comme promis.
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