!Il y a maintenant deux postures pour aborder les questions relatives à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La première, facile, étale ce que tout le monde ne sait que trop : le sentiment d’impuissance, l’hydre djihadiste étalant ses tentacules, le retour des coups d’Etat, la difficulté à lancer des mégaprojets économiques communautaires. La seconde, prospective, cherche à puiser dans les indéniables acquis de l’Union (libre circulation des personnes et des biens depuis 1979 ; Tarif extérieur commun depuis 2015 ; expérience des interventions militaires au Libéria, en Sierra-Leone et en Gambie…) pour mieux relancer une organisation en qui ses pères fondateurs de 1975 voyaient la panacée aux difficultés de jeunes Etats tout juste vieux de quinze ans pour les plus âgés excepté le Ghana. Les difficultés sont nouvelles. Car si les épisodes précédents mettaient en jeu des acteurs non étatiques (groupes rebelles) remettant en cause les ordres institutionnels, cette fois-ci, ce sont des gouvernements de pays membres qui ont demandé à la quitter. Son repositionnement stratégique et le retour de sa crédibilité dans la gestion des crises politiques et sécuritaires régionales sont conditionnés, pour beaucoup, par sa capacité à régler d’abord ses propres problèmes dont le moindre n’est pas l’amputation probable de plus de la moitié de son territoire (les Etats de l’Aes font 54% de sa superficie totale…
Pourtant, en matière de diagnostic, les dirigeants savent viser juste. La Force d’attente de la Cedeao par exemple, censée devenir le bras armé de l’organisation, reste comme son nom l’indique, latente. Hier, le Président Bola Tinubu, au moment de passer le témoin à son successeur, a exhorté les dirigeants ouest-africains à faire de la Force en attente de la Cedeao une réalité opérationnelle immédiate. « La Force en attente de la Cedeao doit passer du concept à la réalité opérationnelle dès maintenant », a insisté le leader Nigérian se disant préoccupé par la lenteur de son activation, et appelant à une réponse ferme contre le terrorisme dans la région. Mais ni l’achèvement du dépôt logistique militaire régional de l’organisation à Lungi, en Sierra Léone, ni l’engagement du géant nigérian, signé en février à Addis-Abeba, à assurer les volets maritimes et aériens du transport stratégique pour la Cedeao, ne paraissent assez significatifs pour voir se matérialiser cet instrument militaire.
Alors que le sommet d’Abuja s’ouvrait en présence du Président Bassirou Diomaye Faye, l’avion de son homologue Malien, le général Assimi Goïta, arrivait à Moscou, pour sa deuxième visite chez le Président Poutine, après sa participation au sommet Russie-Afrique de juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. L’image est forte mais ne traduit pas moins la réalité de voisins consolidant des alliances « extérieures », alors que la principale organisation sous régionale traverse sa plus grande crise. A l’origine, la lecture unilatérale des dispositions sanctionnant les putschs. Or, au Mali, au Burkina, comme au Niger, le sentiment le plus partagé est que la Cedeao a su sanctionner, mais n’a pas su les aider, avec en toile de fond des accusations infondées d’influences françaises sur les positions de l’organisation. Le fait est que rien, pour l’instant, ne laisse présager d’un retour à la normale avant de longs mois. Il faut plutôt espérer que les pourparlers en cours laissent la possibilité d’un retour sans heurts.
Le président de la Commission, Omar Alieu Touray, devrait présenter l’état d’avancement des négociations encadrant cette sortie historique, prévue pour le 29 juillet. Mais rien n’a filtré des huis clos, comme c’est souvent le cas à Abuja. Le 22 mai à Bamako, une session de consultations entre les ministres des Affaires étrangères de l’Aes et la Commission de la Cedeao avait permis de poser un cadre de négociations, incluant des volets politiques, sécuritaires et économiques. Les pays de l’Aes peuvent-ils continuer à bénéficier des avantages communautaires, comme la libre circulation des personnes et des biens dans les quinze pays, alors que les questions migratoires se politisent de plus en plus, tout en tournant le dos à l’organisation ?
Dans les faits, les ressortissants de l’Aes continuent à bénéficier de la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que du traitement préférentiel dans le commerce. Cette mesure, présentée comme un geste de solidarité régionale, pourrait perdurer au-delà de la période de transition, à condition que les négociations aboutissent à une entente précise (voir article de Malick Ciss et Oumar Ndiaye). Dire que l’organisation est à un tournant est un euphémisme éculé. Pourtant, elle reste originale car restant la seule organisation sous régionale transcendant les différences idiomatiques pour réunir les ouest africains qu’ils soient de ressortissants de pays dont la langue officielle est le portugais, l’anglais ou le français. Mais au fond, la véritable question n’est pas tant de savoir si l’Aes partira, ni même si la Cedeao survivra à ce départ. La vraie question est de savoir, vu qu’il est question d’une Cedeao « des peuples », si les Ouest-Africains croient encore au rêve commun qui les a réunis en 1975 : celui d’une intégration capable de résister aux secousses, aux frontières artificielles, aux influences extérieures et aux conjonctures géopolitiques…
Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)
!Il y a maintenant deux postures pour aborder les questions relatives à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La première, facile, étale ce que tout le monde ne sait que trop : le sentiment d’impuissance, l’hydre djihadiste étalant ses tentacules, le retour des coups d’Etat, la difficulté à lancer des mégaprojets économiques communautaires. La seconde, prospective, cherche à puiser dans les indéniables acquis de l’Union (libre circulation des personnes et des biens depuis 1979 ; Tarif extérieur commun depuis 2015 ; expérience des interventions militaires au Libéria, en Sierra-Leone et en Gambie…) pour mieux relancer une organisation en qui ses pères fondateurs de 1975 voyaient la panacée aux difficultés de jeunes Etats tout juste vieux de quinze ans pour les plus âgés excepté le Ghana. Les difficultés sont nouvelles. Car si les épisodes précédents mettaient en jeu des acteurs non étatiques (groupes rebelles) remettant en cause les ordres institutionnels, cette fois-ci, ce sont des gouvernements de pays membres qui ont demandé à la quitter. Son repositionnement stratégique et le retour de sa crédibilité dans la gestion des crises politiques et sécuritaires régionales sont conditionnés, pour beaucoup, par sa capacité à régler d’abord ses propres problèmes dont le moindre n’est pas l’amputation probable de plus de la moitié de son territoire (les Etats de l’Aes font 54% de sa superficie totale…
Pourtant, en matière de diagnostic, les dirigeants savent viser juste. La Force d’attente de la Cedeao par exemple, censée devenir le bras armé de l’organisation, reste comme son nom l’indique, latente. Hier, le Président Bola Tinubu, au moment de passer le témoin à son successeur, a exhorté les dirigeants ouest-africains à faire de la Force en attente de la Cedeao une réalité opérationnelle immédiate. « La Force en attente de la Cedeao doit passer du concept à la réalité opérationnelle dès maintenant », a insisté le leader Nigérian se disant préoccupé par la lenteur de son activation, et appelant à une réponse ferme contre le terrorisme dans la région. Mais ni l’achèvement du dépôt logistique militaire régional de l’organisation à Lungi, en Sierra Léone, ni l’engagement du géant nigérian, signé en février à Addis-Abeba, à assurer les volets maritimes et aériens du transport stratégique pour la Cedeao, ne paraissent assez significatifs pour voir se matérialiser cet instrument militaire.
Alors que le sommet d’Abuja s’ouvrait en présence du Président Bassirou Diomaye Faye, l’avion de son homologue Malien, le général Assimi Goïta, arrivait à Moscou, pour sa deuxième visite chez le Président Poutine, après sa participation au sommet Russie-Afrique de juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. L’image est forte mais ne traduit pas moins la réalité de voisins consolidant des alliances « extérieures », alors que la principale organisation sous régionale traverse sa plus grande crise. A l’origine, la lecture unilatérale des dispositions sanctionnant les putschs. Or, au Mali, au Burkina, comme au Niger, le sentiment le plus partagé est que la Cedeao a su sanctionner, mais n’a pas su les aider, avec en toile de fond des accusations infondées d’influences françaises sur les positions de l’organisation. Le fait est que rien, pour l’instant, ne laisse présager d’un retour à la normale avant de longs mois. Il faut plutôt espérer que les pourparlers en cours laissent la possibilité d’un retour sans heurts.
Le président de la Commission, Omar Alieu Touray, devrait présenter l’état d’avancement des négociations encadrant cette sortie historique, prévue pour le 29 juillet. Mais rien n’a filtré des huis clos, comme c’est souvent le cas à Abuja. Le 22 mai à Bamako, une session de consultations entre les ministres des Affaires étrangères de l’Aes et la Commission de la Cedeao avait permis de poser un cadre de négociations, incluant des volets politiques, sécuritaires et économiques. Les pays de l’Aes peuvent-ils continuer à bénéficier des avantages communautaires, comme la libre circulation des personnes et des biens dans les quinze pays, alors que les questions migratoires se politisent de plus en plus, tout en tournant le dos à l’organisation ?
Dans les faits, les ressortissants de l’Aes continuent à bénéficier de la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que du traitement préférentiel dans le commerce. Cette mesure, présentée comme un geste de solidarité régionale, pourrait perdurer au-delà de la période de transition, à condition que les négociations aboutissent à une entente précise (voir article de Malick Ciss et Oumar Ndiaye). Dire que l’organisation est à un tournant est un euphémisme éculé. Pourtant, elle reste originale car restant la seule organisation sous régionale transcendant les différences idiomatiques pour réunir les ouest africains qu’ils soient de ressortissants de pays dont la langue officielle est le portugais, l’anglais ou le français. Mais au fond, la véritable question n’est pas tant de savoir si l’Aes partira, ni même si la Cedeao survivra à ce départ. La vraie question est de savoir, vu qu’il est question d’une Cedeao « des peuples », si les Ouest-Africains croient encore au rêve commun qui les a réunis en 1975 : celui d’une intégration capable de résister aux secousses, aux frontières artificielles, aux influences extérieures et aux conjonctures géopolitiques…
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