«So much trouble in the world », disait Bob Marley dans un titre éponyme contenu dans l’album « Survival », sorti en 1979. Une réalité qui colle au contexte mondial actuel où les conflits interétatiques semblent avoir repris du poil de la bête alors que depuis la fin de la bipolarisation Est-Ouest les conflits devenaient surtout intra-étatiques et asymétriques.
Le feuilleton Israël-Iran, dans le prolongement du génocide perpétré en mode direct à Gaza et qui ne semble point émouvoir l’Occident sinon qu’en géométrie variable, les bombardements répétés ces derniers mois par Israël pour réduire l’arsenal du Hezbollah ou des Houthis, le conflit russo-ukrainien qui dure depuis 4 ans déjà… Mais aussi, l’indescriptible et incompréhensible conflit soudanais qui met en exergue l’égo surdimensionné de deux rivaux pour l’accaparement du pouvoir, la vague de réfugiés qui s’ensuit, les escarmouches entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (Rdc), le conflit propre à ce dernier pays qui s’enlise depuis la mort de Mobutu dans la logique de contradictions de ses richesses immenses…
Une des conséquences de ces prises de l’humanité avec elle-même reste les déplacements de personnes symbolisés par des vagues de réfugiés. Et pourtant, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés est contraint de supprimer environ 3 500 postes en raison de problèmes de financement. Cette réduction des effectifs, apprend-on, entrainera une diminution d’environ 30 % des coûts de personnel à l’échelle mondiale. Ces suppressions de postes s’inscrivent dans un contexte de crise financière pour l’organisation qui doit réduire ses coûts pour faire face à un manque de financement.
L’organisation onusienne, confrontée à une échappée du soubassement de sa création par son rôle de garant de la paix et de la sécurité mondiales avec ces multiples conflits, n’a eu de cesse d’alerter ces derniers mois sur les risques de famine, de faim dans de nombreux pays, principalement ceux confrontés à des conflits et des vagues de réfugiés. Au moment où l’humanité a plus que produit pour nourrir la terre entière, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (Fao) met l’accent, dans son dernier rapport du 16 juin dernier, sur les risques de famine au Soudan, en Palestine, au Soudan du Sud, en Haïti et au Mali dans les prochains mois si « aucune action urgente n’est entreprise ».
Une humanité qui se déshumanise. Des drames qui n’alertent pas. Une fraternité qui se meurt. Un monde sans repères. Une crise versant d’un enrichissement à l’extrême pour certains. La redistribution des cartes après la Guerre froide tout comme la montée en puissance de certains pays comme ceux du Brics redessinent les contours d’un Nouveau Monde sans dénier aux États-Unis leur puissance militaire et économique. Au nom de cette dernière, le Pays de l’Oncle Sam assume un leadership au nom de ses intérêts propres. Sans œuvrer à la paix mondiale qui devrait être son leitmotiv pour un monde meilleur. Une superpuissance militaire, une économie florissante, un monde en course effrénée vers les technologies les plus puissantes.
Mais en manque de leaders ; de guides humains. L’un des derniers où le plus grand connu de ces dernières années est Nelson Mandela qui, à l’instar de nombreux grands hommes dans l’histoire, a prôné et œuvré pour le pardon, la réconciliation des hommes. Pour que l’humanité se retrouve avec elle-même. Loin des menaces que nous sert, à longueur de sorties, le président américain qui veut une nouvelle Amérique qui déporte des émigrants alors que l’histoire de l’humanité est façonnée et bâtie sur les migrations. Une Amérique dont le président n’hésite pas à déterminer du moment de liquidation du guide suprême iranien Ali Khamenei, fort de ses convictions du moment.
Du genre : « Nous contrôlons désormais complètement et totalement l’espace aérien iranien ». Ou encore, l’Iran dispose d’« équipements défensifs, en grande quantité, mais ils ne sont pas comparables aux trucs fabriqués, et produits par les Américains. Personne ne fait mieux que les bons vieux États-Unis ». Avec presque l’acquiescement d’un G7 éclopé du départ précipité du président Trump dont le retour au pouvoir sonne comme une course trépidante à l’accomplissement de ses désirs. Le monde ne retrouvera ses attributs humains qu’en conjuguant avec amour et prévenance entre tous les fils d’Adam. Mais surtout en mettant en avant des leaders humains et conscients d’un rôle historique à jouer.
« Laisser la haine à ceux qui sont trop faibles pour aimer », nous recommandait un autre grand monsieur Martin Luther King. Envie de paraphraser Joseph Hills de l’emblématique groupe Culture qui disait dans « Humble African » : « Je prie pour la venue du jour où nous pourrons tous partager ce que nous avons en commun et montrer au peuple l’amour que nous avons à donner ». ibrahimakhalil.ndiaye@lesoleil.sn