Le dernier rapport de la Cour des comptes continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. À juste raison, eu égard aux données mises en exergue, notamment sur la dette. Il faut d’emblée préciser que la Cour des comptes a uniquement fait son rapport sur la dette de l’administration centrale. Ici, il s’agit des ministères, des institutions de la République, des comptes spéciaux du Trésor, des établissements publics comme les universités et autres agences.
En d’autres termes, le rapport ne prend pas en compte le secteur parapublic constitué d’entreprises comme la Senelec, le Port autonome de Dakar, Le Soleil, Petrosen, etc. De cette étude de la Cour, il est ressorti que l’encours total de la dette de l’administration centrale budgétaire s’élève à 18 558,91 milliards de francs Cfa, au 31 décembre 2023, et représente 99,67 % du Pib. Il est important de souligner que la dette extérieure est à la fois concessionelle et non concessionelle. Une dette concessionnelle est une dette des institutions multilatérales qui sont à des taux faibles et maturité longue entre 20 et 40 ans. La dette non concessionnelle représente celle empruntée aux conditions du marché. C’est le cas des eurobonds par exemple.
Il est également révélé dans le document que le déficit budgétaire est chiffré à 12,3% du Pib. Le déficit budgétaire désigne la situation dans laquelle les recettes de l’État sont inférieures à ses dépenses au cours d’une année. Pour combler ce déficit, l’État fait recours à des emprunts nouveaux qu’il doit contracter au cours de l’année. En somme, le flux du déficit budgétaire alimente l’encours de dette, qui en retour agit sur le niveau de déficit par l’augmentation des intérêts versés. Il arrive d’ailleurs que l’État emprunte pour se procurer des liquidités nécessaires pour couvrir les emprunts antérieurs arrivés à échéance.
Ce que certains économistes appellent « effet boule de neige ». Que ça soit le déficit budgétaire ou la dette, ce sont deux éléments que des institutions comme le Fonds monétaire international surveillent comme du lait sur le feu. Au sortir d’une mission sur l’analyse des conclusions préliminaires d’un rapport de l’Inspection générale des finances (Igf), couvrant la période 2019-2024, en octobre 2024, l’institution de Bretton Woods appelait les autorités sénégalaises « à adopter des mesures budgétaires décisives afin de rétablir la viabilité des finances publiques ».
Le Fmi avait également suggéré, pour rétablir l’équilibre, « des réformes audacieuses et opportunes, notamment la simplification des exonérations fiscales et la réduction des subventions énergétiques, pour assurer la viabilité budgétaire et orienter la dette vers une trajectoire descendante ». Fidèle à sa conduite, le Fmi surveille de près l’évolution de la situation budgétaire. L’institution a, par exemple, indiqué, dans un communiqué, « d’examiner en détail le rapport publié récemment par la Cour des comptes du Sénégal. Le Fmi prévoit également d’engager des discussions avec les autorités sénégalaises afin d’étudier les problématiques soulevées dans ce document ».
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Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)