Ainsi la journée de lutte prévue hier à l’Arène nationale ne s’est finalement pas tenue. Prince de Pikine et Modou Anta de Thiès programmés pour s’affronter lors du grand combat et les lutteurs engagés dans le Championnat de lutte avec frappe (Claf) qui devaient disputer leur deuxième journée ont été contraints au repos forcé. Et ne savent même pas quand ils croiseront le fer.
Pour cause, malgré les assurances et les nouvelles directives annoncées par le Cng de lutte, l’autorité n’a pas fléchi. Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique a maintenu ses troupes en caserne, « jusqu’à nouvel ordre ». Les mesures prises par l’instance dirigeante de la lutte, en extrême urgence (sans même avoir eu à en passer par une séance d’introspection collective, comme il est demandé à l’autre phénomène à problèmes, les « Navétanes », de s’y soumettre), pour espérer faire rapporter la décision…
Pourquoi avoir attendu qu’il y ait mort d’homme en plus des dégâts considérables causés à de paisibles citoyens pour enfin les promulguer ? Si hardies soient-elles (dans le contexte actuel), elles n’ont rien de révolutionnaires. Des combats qui commencent tôt et finissent tôt, on en a connu des tonnes par le passé. Même le choc Tyson – Mor Fadam qui s’était déroulé à l’Independance Stadium de Bakau en Gambie en octobre 2000 s’était achevé … à l’heure où il était censé débuter. Des face-à-face entre lutteurs, il s’en est tenu même dans une salle sans qu’il y eût des esclandres encore moins de la casse.
Le dernier rendez-vous d’avant Ramadan annulé, l’arène s’inquiète du sort qui sera réservé au premier post-mois béni, entre Lac 2 et Ada Fass, annoncé pour le 4 avril, jour de la fête nationale. Et l’on espère que cette période de dévotion, de pénitence, d’introspection et de pardon ramène tout le monde à la raison. Pas seulement le peuple de la lutte qui, il faut bien le reconnaitre, n’a pas le monopole de la violence. D’aucuns trouvent même que les nombreux et regrettables dérapages sont essentiellement le fait de « corps étrangers » à ce milieu. Et il est vrai que combats de lutte, matches de « navétanes » voire meetings politiques ou tout autre rassemblement semblent être de parfaits exutoires du trop-plein de violence pour les malfrats de tous acabits qui ne s’en privent guère.
C’est dire si le mal est une sorte d’hydre, dont il faudra pourtant couper toutes les têtes. Il est profond et déborde largement des cercles de l’arène. Le combat est donc global et devra être mené collectivement grâce à des mesures et dispositions idoines, en amont comme en aval. N’empêche que les propos va-t-en-guerre de certains lutteurs peuvent constituer le combustible qui embrase souvent les affrontements après-combats. La lutte ne va certes pas sans défis ; mais par le passé, on en a connu des poétiques, des drôles et même des loufoques qui avaient malgré tout bien vendu les affiches. Comme quoi les actuels maîtres de l’arène ont beaucoup à apprendre de leurs devanciers.
Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)