Il pleut des milliards au pays des pauvres. Pas pour les routes, ni pour les écoles, ni pour les hôpitaux — faut pas rêver. Non, ces milliards-là, ce sont des cautionnements. Le mot est chic, mais derrière, c’est du cash, du vrai, qui sort comme un lapin du chapeau. Et quels lapins ! Farba Ngom balance 44 milliards (oui, milliards, pas Cfa de poche), Tahirou Sarr aligne des centaines de milliards comme d’autres alignent les zéros sur une calculette en Pls, et Aziz Ndiaye, poète de la pierre, offre trois villas à Ngaparou.
Juste comme ça, pour dire : « J’y étais, j’ai payé. » On croyait vivre au Sénégal, on découvre qu’on habite un émirat caché, avec des poches pleines. Pendant que le peuple surveille les unités du compteur Woyofal et les grains de riz, certains comptent les villas comme d’autres les cacahuètes. On ne sait plus si c’est la justice qui traque ou une tombola géante où il faut être riche pour sortir de prison. On regarde tout ça passer avec l’élégance des mendiants devant un buffet de gala. Au Sénégal, on célèbre le Cfa, qu’importe l’origine du magot. La morale, elle, a filé à la plage avec les villas d’Aziz. sidy.diop@lesoleil.sn