Il rêvait de devenir enseignant et de contribuer à l’éducation des jeunes de sa localité. Finalement, Lamine Ndiaye s’est engagé pour la cause environnementale et il œuvre quotidiennement pour protéger Dionewar des catastrophes naturelles dues aux changements climatiques.
Nostalgique du temps où l’on pouvait quitter Djiffer et se rendre jusqu’à la Pointe de Sangomar à pied ou en voiture, Lamine Ndiaye rêve de retrouver cette belle époque. C’était bien avant l’ouverture, en 1987, d’une brèche entre l’île de Sangomar et celle de Dionewar. C’est sans doute ce qui l’a poussé à mettre l’environnement au coeur de ses préoccupations. Parce que Lamine est totalement impliqué dans la lutte que mènent au quotidien les populations de Dionewar pour faire face à l’avancée de la mer. Depuis plus de deux décennies, il oeuvre activement dans diverses associations environnementales locales. Car, croit-il savoir, le changement climatique est une menace trop sérieuse pour être ignorée. D’où son engagement sans faille afin de trouver des solutions pratiques qui pourraient sauver sa localité ou, du moins, atténuer ses impacts.
Natif de Dionewar, Lamine Ndiaye y a grandi et fait ses études avant de rejoindre Dakar. « J’ai fait une grande partie de mon cursus scolaire à Dakar après avoir fait les classes de sixième et de cinquième chez moi. Je voulais devenir enseignant, mais ça demandait beaucoup de sacrifices. Je me suis ensuite engagé dans l’armée en 1993. J’ai servi à la gendarmerie et plus tard, j’ai retrouvé la vie civile pour faire du business », raconte-t-il. Soucieux d’apporter des solutions au développement de sa commune, Lamine Ndiaye a jugé utile de rentrer au bercail. Il a commencé par être guide, avant de devenir gestionnaire de campement, le sien. « Ce que j’aime le plus, c’est servir mon terroir, pas seulement Dionewar, mais tout le Delta du Saloum », dit celui qui s’active dans (presque) tous les secteurs : éducation, santé, culture, social, environnement.
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Pour donner plus de légitimité à son engagement, et surtout apporter des solutions aux problèmes de l’environnement de Dionewar, zone très fragile, il s’est engagé pour devenir conseiller municipal. Présentement, il est le président de la commission environnement de la municipalité. « Je fais du bénévolat pour l’environnement à travers le reboisement de la mangrove et beaucoup d’autres activités, mais aussi à travers le social, l’éducation, la santé », précise Lamine dont l’ambition est de faire de sa localité la plus belle ville du Sénégal. Pour cela, dit-il, « il faut régler le problème de l’avancée de la mer qui a complètement changé la configuration du village ».
PERTE DE TERRES
Dionewar, souligne-t-il, a perdu beaucoup de terres. L’érosion marine fait perdre annuellement à l’île entre six et sept mètres. Il s’y ajoute que les pêcheurs sont obligés de partir très loin pour trouver du poisson. Pour faire face, les populations utilisent les moyens du bord. Des ouvrages réalisés grâce aux initiatives locales. C’est le cas des « Épis Maltais Savard », renseigne M. Ndiaye, une technique qui consiste à monter un ouvrage de piquets et de palmes de palmiers de manière à bloquer le sable et former une barrière naturelle contre les vagues. Ainsi, avec le phénomène cyclique des fortes marées, Dionewar, selon Lamine Ndiaye, est devenue une zone écologiquement névralgique. L’île vit dans la hantise de voir le peu d’arpents de terre qui lui reste emporté. En attendant une solution définitive, Lamine Ndiaye tente, avec ses compatriotes, de freiner les processus avec des digues de fortune, des opérations de reboisement de la mangrove et autres « solutions douces ».
Par sa beauté naturelle exceptionnelle et son environnement privilégié, Dionewar, selon Lamine Ndiaye, est une zone qui attire. « Les touristes et autres visiteurs qui y viennent manifestent très souvent leur envie de revenir. C’est un coin paradisiaque où il fait bon vivre », soutient-il. Et, à son avis, le tourisme y a un bel avenir, surtout avec les circuits (écotourisme, tourisme solidaire et tourisme culturel) qui y sont développés. Plus de vingt ans après son retour, Lamine Ndiaye n’éprouve le moindre regret. Même s’il dit mener la plupart de ses activités bénévolement. Ce retour, il y voit tout simplement la main de Dieu.
Par Samba Oumar FALL