Ancien directeur de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, Moussa Sam Daff révèle que 15 % des consultations dans cette structure hospitalière sont liées à l’infertilité. D’où la nécessité de la mise en place de l’Assistance médicale à la procréation. Dans cet entretien, il met en exergue deux avantages comparatifs : la disponibilité du service et la réduction du coût du traitement à hauteur de 50 % par rapport à ce que les couples paient à l’étranger pour avoir un enfant.
Qu’est-ce que ça fait d’abriter la toute première unité d’assistance médicale à la procréation au Sénégal ? C’est un plaisir d’avoir un tel service à l’hôpital Dalal Jamm, et nous mettrons tout ce qu’il faut en termes de techniques et de volonté pour que le service puisse voir le jour, et que nos concitoyens puissent bénéficier de ses services à moindre coût. L’hôpital Dalal Jamm abrite effectivement la seule unité d’assistance médicale à la procréation au Sénégal. Les choses sont actuellement en train de se mettre en place. Le bâtiment est fin prêt. Une partie des équipements est disponible, l’autre partie est en cours d’acquisition. Nous sommes dans la procédure d’acquisition. Nous avons malheureusement résilié un premier marché, car les caractéristiques techniques que nous avions demandées n’étaient pas respectées. Pour une unité de cette nature, il faut acquérir des équipements de qualité, avec une bonne maintenance, une bonne garantie. C’est la raison pour laquelle nous avons relancé la procédure d’acquisition.
Est-ce que l’équipe spécialisée est déjà au complet ? Nous avons des spécialistes. Nous sommes aussi dans les formations, car il ne s’agit pas uniquement d’avoir le local et des équipements. Il faut aussi disposer de ressources humaines qualifiées et compétentes. C’est pourquoi, depuis lors, nous sommes en train de former nos équipes pour qu’elles soient prêtes effectivement à la prise en charge. Il y a déjà des techniques qui sont appliquées au niveau du service, et qui ont donné des résultats probants. Certainement, d’autres techniques plus sophistiquées se feront dans les mois à venir, c’est-à-dire une fois que les équipements seront installés. Comment faites-vous pour que le service réponde aux standards internationaux ? L’autre aspect que je n’avais pas mentionné est lié au volet partenariat.
À ce propos, en plus du partenariat au niveau national avec un laboratoire dédié à l’assistance médicale à la procréation, nous sommes également en partenariat avec des structures au Maroc, en Algérie, et qui en font assez souvent. Tout cela pour que nos équipes soient prêtes à satisfaire véritablement nos concitoyens qui souhaiteraient procréer. Certainement, le Pr Moreira vous l’a déjà expliqué : 15 % des causes de consultations sont liées à l’infertilité. C’est donc un problème social qu’il faut régler. Un couple qui n’a pas d’enfant, dans nos sociétés, est plus ou moins un couple pas tout à fait à l’aise. Mais pour casser justement cela, nous avons l’occasion, aujourd’hui au Sénégal, dans le secteur public, de disposer de techniques assez éprouvées pour permettre à des couples d’avoir des enfants via l’assistance médicale à la procréation, à des coûts raisonnables, conformément à la religion et au droit.
Dans combien de temps encore le service d’assistance médicale à la procréation sera-t-il complètement opérationnel ? Nous pensons déjà au courant du premier semestre, mais c’est sûr qu’avant la fin du premier semestre de cette année 2025, l’activité démarrera carrément. Car nous avons déjà lancé le marché. Nous sommes dans la procédure. Nous exigeons des délais de livraison assez courts pour que l’équipement manquant soit disponible, et que certaines activités de l’hôpital liées à l’assistance médicale à la procréation puissent démarrer. Le coût élevé du traitement n’est-il pas une contrainte pour les couples ? Il y a déjà une première contrainte qu’on va lever : celle liée à l’accès, à la disponibilité d’un tel service. Ensuite, il y a une autre contrainte, qui est d’ordre financier. Mais, comparé aux prix qui sont pratiqués à l’étranger, pratiquement, nous allons facturer la moitié.
Il y aura une réduction à hauteur de 50 % du coût pratiqué hors de nos frontières. Ajouté aux billets d’avion que les couples achètent pour se rendre à l’étranger, ce sera vraiment un net avantage d’avoir un tel service à Dalal Jamm, et au Sénégal de manière générale. Tout cela a été très bien étudié en interne avec les praticiens. Et nous ferons tout pour que les choses soient accessibles. Parce qu’il ne sert à rien d’avoir un service si ce service n’est pas fréquenté. C’est un non-sens.
Donc, nous ferons tout ce qui sera en notre pouvoir pour le rendre accessible. Cependant, il faut reconnaître que des services comme l’assistance médicale à la procréation ont des exigences. Car il y a des analyses à faire, des médicaments sont aussi nécessaires. Bref, des préalables à respecter. Si l’on veut que cette activité soit pérenne, il faut faire en sorte qu’elle arrive au moins à couvrir les charges induites par cette même activité. Nous ne cherchons pas de bénéfices, mais juste à équilibrer les charges, les comptes de l’hôpital. * NB : L’entretien a été réalisé avant le départ de Moussa Sam Daff à la tête de l’hôpital Dalal Diam
Propos recueillis par Abdou DIOP