Le mois de ramadan est un moment de repentance. Si certains fumeurs continuent à cultiver difficilement leurs bonnes vieilles habitudes, d’autres décident de jeter le mégot le temps d’un mois.
« Je peux fumer en temps normal un paquet de cigarettes par jour. Mais avec le mois de ramadan, c’est compliqué pour moi car je suis sujet à des maux de tête», a révélé Amadou Gadiaga. Ce vendeur d’objets électroniques et de portables au marché Dior a trouvé un système. «J’attends l’heure du ‘kheud’ pour griller une clope. Je peux dire que c’est la raison pour laquelle je préfère me lever à cette heure. La rupture du jeune est aussi le moment pour moi de combler ce manque. Après avoir bu mon café, je fume trois à cinq cigarettes pour me faire du bien après une journée de diète », avoue ce fumeur de 36 ans. Accroc à la cigarette depuis plus de dix ans, il ne pense pas arrêter la cigarette pour le moment. « Ce mois béni est certes une opportunité d’arrêter la cigarette mais j’ai vraiment du mal à franchir le cap », admet-il dans la confidence.
Ismaela Sène tient un atelier de couture à quelques mètres de la boutique d’Amadou. Debout devant son atelier, il est en train de faire la découpe d’un tissu, un centimètre autour du cou. Contrairement à son voisin, le tailleur veut arrêter « progressivement » avec ce mois. « Je peux fumer un paquet entier en une journée. Cependant en ce mois béni de ramadan, j’ai considérablement diminué en prenant une cigarette par jour à l’heure de la rupture. Je veux profiter pour laisser progressivement la clope le temps d’un mois et plus», fait savoir le quadragénaire.
Un mois pour se repentir !
Moussa Badji est réparateur de portables. La mine joviale, ce quadragénaire a retrouvé depuis quelques années sa sérénité. «J’ai arrêté la cigarette en 2013 tout juste après le mois de ramadan. Depuis cette année, j’ai repris du poil de la bête », affirme le jeune homme âgé de 45 ans. Cet ancien fumeur a profité de ce mois béni pour arrêter définitivement la cigarette. «C’est plus aisé de l’arrêter après ce mois béni car c’est ce qui m’a aidé à prendre conscience. J’ai décidé de tirer un trait après cela sur tout ce qui peut être un frein à ma vie en tant que musulman », a expliqué l’homme à la forte corpulence. Il se dit « repenti ». Vêtu d’un qamis blanc avec un chapelet autour du poignet, le jeune homme déclare avoir laissé cette période sombre de sa vie derrière lui. « C’était vraiment une drogue pour moi. Je pouvais fumer un paquet par jour », avoue-t-il. Moussa Badji a eu un électrochoc après huit ans sous l’emprise de la cigarette. « J’avais deux cigarettes dans ma poche, je me suis dit si je fume l’un, je ne vais pas terminer l’autre et c’est comme cela que j’ai arrêté pour de bon », affirme-t-il. Le réparateur de portables admet qu’il est difficile pour un fumeur de supporter le mois de ramadan. « J’achetais en premier un paquet de cigarettes lors de la rupture. Il était impensable pour moi de couper le jeûne sans fumer une cigarette », se souvient-il. Le quadra lance un appel à tous les fumeurs. « Il y a peu de gens qui parviennent à arrêter complètement en cette période. Mais avec de la volonté, on peut se débarrasser de ce tueur silencieux », dit-il. Un moyen de sensibiliser les adeptes de la cigarette.
Mamadou Diouf discute avec quelques amis à l’entrée du marché après une dure journée de travail. Ce technicien de surface veut arrêter la clope en ce mois béni. « Je veux arrêter définitivement cette année. Je prends de l’âge et je prends conscience des effets sur ma santé», confie-t-il sans détours. Le quinquagénaire éprouve d’énormes embuches dans sa route vers la guérison : « C’est très dur en ce mois béni. Je suis sujet à des vertiges, des maux de tête et je suis souvent de mauvais humeurs ». Néanmoins Mamadou Diouf espère pouvoir se départir de cette addiction vieille de trente ans.
Arame NDIAYE