La cueillette, le stockage, le séchage et l’emballage sont les défis à relever pour réussir la conservation de la mangue et de ses dérivés. Mais, chez les transformateurs, les équipements ne sont pas toujours au rendez-vous.
ZIGUINCHOR – Le premier défi à relever dans la conservation de la mangue consiste à réussir sa cueillette. Selon les transformatrices, les mangues à conserver pour la transformation ne doivent pas être mûres au moment de les cueillir. « On choisit celles qui sont arrivées à maturité, mais sans mûrir carrément. Aussi, les mangues ne doivent pas toucher le sol lors de la récolte. Sinon elles se détériorent à l’intérieur. Par conséquent, avant de mûrir, elles commencent à pourrir. Dans ce cas, on verra une partie endommagée dans la mangue. Et bonjour les nombreuses pertes », détaille mère Dialika Coly qui s’active dans la transformation de ce fruit. D’après cette dame, la meilleure option, c’est de placer chaque mangue cueillie dans un sac jusqu’à l’obtention d’un contenu consistant, puis à l’aide d’une corde, le faire descendre doucement jusqu’au sol. Ensuite, il faudra vider le contenu et faire remonter le sac attaché à la corde pour cueillir d’autres mangues. Pour réussir cette opération délicate, il faut positionner au moins deux personnes. « Il y a des gens spécialisés dans la cueillette », indique Mme Coly qui s’active dans la filière depuis sa jeunesse. Depuis 2010, elle préside aux destinées du Gie « Kadiamor » de Kandialang, dans la commune de Ziguinchor. L’équation du stockage et de la conservation Outre la cueillette, le stockage constitue l’autre défi de la conservation. « Les mangues doivent être stockées dans un endroit aéré et où il ne fait pas chaud. Si ces conditions sont réunies, elles peuvent y rester pendant une semaine et commencer à mûrir progressivement », explique encore Dialika Coly. Pour ce qui est du stockage, les femmes transformatrices disent n’éprouver aucun problème puisqu’il s’agit de petites unités artisanales. Cependant, elles manquent de matériels, surtout des séchoirs, pour traiter les fruits. « Or, plus il y a des séchoirs pour évacuer le stock de mangues, moins il y a des problèmes de conservation », confie Mme Coly.
Pour réduire la pénibilité du travail et transformer le maximum de mangues avant la fin de la saison, son Gie souhaite avoir des séchoirs électriques. « Nous faisons un travail manuel. Même pour l’emballage, nous rencontrons d’énormes difficultés. Mais, nous voulons bien industrialiser notre unité », plaide la présidente du Gie « Kadiamor » de Kandialang. Le séchage également est une étape dans la conservation des produits de la mangue. « Si on sèche les mangues, on peut les garder pendant une année. Nous avons aussi des chambres froides et des congélateurs pour conserver les mangues fraîches non encore transformées », révèle Sokhna Sall, chargée de formation et de production de la plateforme « Sante Yalla ». *
Ladite structure, implantée à Dar Salam (commune de Nyassia), dispose d’une unité de transformation des produits locaux. « C’est pour contourner les difficultés liées à la conservation que nous privilégions les mangues séchées. Le séchage est plus facile et moins coûteux. On ne peut pas garder des mangues dans une chambre froide ou un congélateur pendant un an. Économiquement, cela coûte cher, on risque de travailler à perte », renchérit Mme Sall qui, parallèlement, gère son Gie « Sokhna Family ». Elle espère que l’État pourra, un jour, les aider à équiper leurs petites unités afin de se lancer dans la production, la transformation et conquérir le monde avec la mangue « Made in Casamance ».
Par Kiné BAKHOUM