[Chronique] Bijoux de famille, par Sidy Diop

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C’est un coup de génie qui a fait sautiller comme un cabri le député Abdou Mbow sur le plateau du « Grand jury » de la Rfm, dimanche dernier. Dans l’affaire de la « vente » de la résidence du boss de l’Assemblée nationale, le nouveau porte- flingue de l’Apr confie, avec l’assurance d’un pèquenot qui vient de résoudre une équation paramétrique de second degré, qu’il s’agit en réalité d’un… troc. Oui, oui, tu me donnes, je te donne.

Du mil contre du riz, des moutons contre des ha- bits… Et tout le monde gagne. Sauf que dans le cas qui nous préoccupe, l’État est très loin du compte. L’ancien président du groupe parlemen- taire de « Benno » avoue au micro de Babacar Fall : « c’est un troc qu’on a fait pour construire le lycée de Yoff ». 4000 m2 à Fann (valeur estimée à 3 milliards de FCfa) contre 10 000 m2 à Yoff (estimés à 300 millions) pour construire un lycée. La concentration de cracks au m2 dans ce lycée doit être extraordinaire.

L’aveu est la mère des preuves. Le pouvoir apériste a bradé les bijoux de famille de la République avec un désintéressement à faire pâlir de jalousie les anges du Paradis. On se rappelle la décision du gouvernement sénégalais de fermer l’hôpital Aristide-Le-Dantec. Ce qui n’avait pas été dit, c’est la cession d’une partie du terrain abritant l’hôpital à un promoteur privé. Le président Macky Sall, informé de l’impossibilité d’un troisième man- dat, se comporte comme un père de famille qui, sentant sa fin proche, vend un à un les biens de l’héritage : « Tout à 1000 francs ! » La ficelle est si grosse que le très placide Moustapha Niasse, pré- sident de l’Assemblée nationale au moment du troc, a brandi sa canne pour rabattre le caquet à l’impudent Mbow. Comme pour lui dire : « Je ne suis mêlé ni de près ni de loin à cette effronterie  ». Ahmadou Kourouma nous avait avertis : «  Quand, au moment de la séparation entre deux individus, personne ne ressent de regret, la sé- paration est arrivée trop tard ».

Le dernier opposant

« Tant que je vivrais, je dirai ce que j’ai à dire. Je n’ai peur de personne ». Sous la douillette pro- tection de son immunité parlementaire, Abdou Mbow roule des mécaniques et sort la tronçon- neuse pour venir à bout de l’assurance du Premier ministre Sonko. Le physique n’est pas à la hauteur du verbe, mais l’ancien président du groupe par- lementaire de « Bennoo bokk Yaakaar », repêché après la démission du très éphémère Honorable Macky Sall, est devenu un simple député et joue à faire peur. Sa barbe hirsute, ses yeux de feu et son bonnet négligemment posé sur son chef ne lui donnent pourtant pas des airs de matamore. Ses mots, servis avec une offensive gestuelle qui rappelle le rigodon des chasseurs Massai, ont fait sourire Sonko.

Ce dernier n’a qu’à bien se tenir. L’opposition n’est pas réduite à sa plus simple expression malgré les foules vociférantes qui le suivent. Le sicaire Abdou Mbow est bien décidé à en découdre avec lui, contrairement à ces chefs de coalition qui ont opté pour l’assemblée buissonnière pour se mettre à l’abri des grenades du Pm. Kourouma, encore lui, nous enseigne que « Mépriser son adversaire, même petit et frêle, est toujours une erreur stra- tégique ». Mais attention, à force de gonfler pour ressembler à un bœuf, la grenouille risque d’écla- ter.

La fuite du général

Macky Sall, l’homme qui a fait cadeau de son siège de député à Abdou Mbow a décidé de s’éloi- gner des « sénégalaiseries » pour se consacrer à ses activités internationales. Les disputes locales ne sont plus de taille à mobiliser sa précieuse énergie. Non ! Il va enfiler à nouveau sa tunique d’envoyé spécial de Macron et monnayer ses ta- lents de briseur d’opposants aux quatre coins du monde. C’est connu, ceux qui se réclament de la démocratie ont les pires desseins autocratiques.

Ses conférences devront connaître un succès fou en Afrique et ailleurs. Son plus fidèle auditeur est tout trouvé : Macron. Le chef de l’État français se fera certainement un plaisir fou à appliquer les recettes de Macky aux extrêmes de droite et de gauche qui lui pourrissent la vie. « Comment ré- duire son opposition à sa plus simple expression  », le prochain livre de l’ancien patron de Abdou Mbow est déjà un succès de librairie avant d’être écrit. Mais attention, pour avoir abandonné ses troupes en plein combat, il risque de retrouver sur sa route un Abdou Mbow revanchard qui ne se privera pas, bien engoncé dans son moelleux fauteuil à la Haute Cour de justice, de lui rappeler que la haute trahison est un crime capital. Kou- rouma, décidément, a le mot pour chaque situa- tion : « Allah crée chacun de nous avec sa chance, ses yeux, sa taille et ses peines ».

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