Pour le commerce et le développement, 2025 est une année comme aucune autre. Les discussions sur les droits de douane continuent de faire les gros titres. Mais il faut agir d’urgence afin d’empêcher que la coopération pour le développement du commerce ne cesse.
En juin, à Séville, les dirigeants mondiaux se sont engagés à intensifier l’Aide pour le commerce, y compris en doublant le soutien accordé à ce titre aux pays les moins avancés (PMA) d’ici à 2031. Toutefois, l’Aide pour le commerce, qui représente environ un cinquième de l’aide publique au développement (APD), reste très exposée à d’importantes difficultés en matière d’aide au développement.
L’APD a chuté de 7% en 2024. Et cette tendance à la baisse s’accélère, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoyant une diminution de l’APD comprise entre 10% et 18% en 2027. Les PMA devraient connaître les baisses les plus importantes, comprises entre 13% et 25% en 2025.
Les statistiques relatives à l’Aide pour le commerce, en particulier, sont elles aussi peu encourageantes. En 2023, les décaissements au titre de l’Aide pour le commerce ont diminué de 6%, tombant de 53 milliards d’USD en 2022 à 50 milliards d’USD en 2023.
Dans le même temps, les besoins du commerce – faire face à la multiplication des normes, approfondir la coopération dans le domaine du commerce numérique et trouver des moyens de stimuler l’investissement – vont croissant. Il faut un soutien ciblé pour aider les économies en développement, en particulier les plus petites d’entre elles, à répondre à leurs besoins commerciaux, à concrétiser les nouvelles possibilités commerciales et à accroître leur part du commerce mondial.
Voici trois façons dont nous pouvons contribuer à l’obtention de résultats à cet égard, malgré un contexte difficile:
1. Maximiser l’impact avec les ressources existantes
Une mine de connaissance sur le soutien au commerce a été créée au fil des ans. Nous nous efforçons donc de recueillir des données d’expérience et les enseignements tirés.
Il en ressort clairement que le soutien au commerce devrait rester axé sur la demande, avec des solutions adaptées qui permettent de traduire les meilleures pratiques mondiales en un impact propre au contexte. Par exemple, la Stratégie d’Aide pour le commerce pour le Pacifique, qui est axée sur le commerce électronique, les services et la connectivité, contribue à améliorer la compétitivité commerciale dans la région, avec des ressources disponibles limitées.
En outre, il est vital de faire participer les entreprises locales pour obtenir en temps réel des informations sur les défis commerciaux les plus pressants, et obtenir des financements bien nécessaires. Par exemple, l’initiative Next Innovation with Japan fournit du capital-risque pour aider les jeunes entreprises des pays en développement à créer de nouvelles industries et de nouveaux emplois.
L’accès à l’information sur les meilleures pratiques dans les négociations commerciales et la mise en œuvre des règles commerciales peut aussi changer la donne pour les décideurs des pays en développement.
Don Stephenson, conseiller en commerce et en investissement au Mécanisme de déploiement d’experts pour le commerce et le développement, l’a très bien dit lorsqu’il a déclaré: « De nombreux besoins en matière de développement du commerce nécessitent d’importants investissements – pour construire des infrastructures commerciales telles que des ports et des routes, ou pour accroître la capacité de production, par exemple en construisant des usines. Ces investissements doivent faire intervenir le secteur privé, importante source de fonds. Mais parfois, l’écart de développement est une question de connaissances. Celles-ci peuvent être transmises à l’aide d’investissements qui sont relativement modestes mais ont un grand impact. »
2. Redynamiser le soutien au commerce de l’OMC
L’assistance technique de l’OMC peut jouer un rôle important à cet égard. Un soutien ciblé et souple au commerce peut aider les économies en développement à mettre en œuvre ce qui a été convenu et à obtenir des informations sur les dernières tendances du commerce.
Dans un contexte de baisse des ressources, les Membres de l’OMC échangent des idées sur la manière de faire plus avec moins, y compris en établissant des partenariats stratégiques avec des organisations internationales, des organismes de développement et des établissements universitaires.
Au cours de mes conversations avec les délégations, j’entends souvent parler de la nécessité d’un guichet unique pour l’ensemble du soutien au commerce offert par l’OMC. Une autre suggestion récurrente est que nous combinions les formations en ligne avec des activités en présentiel.
Il est encourageant de constater que tout le monde convient que l’accent devrait continuer d’être mis sur les Membres les plus vulnérables de l’OMC.
3. Repenser l’Aide pour le commerce
Alors que nous approchons de la quatorzième Conférence ministérielle de l’OMC et du vingtième anniversaire de l’initiative Aide pour le commerce l’année prochaine, l’année 2025 offre une excellente occasion de nous demander où nous en sommes en matière de développement du commerce et où nous aimerions en être. L’Australie et la Barbade, par exemple, ont présenté quelques idées pour redynamiser l’Aide pour le commerce.
Au cours des 20 dernières années, 730 milliards d’USD ont été investis dans l’Aide pour le commerce afin d’aider les économies en développement, y compris les PMA, à renforcer leurs capacités commerciales. La grande majorité – 97% – a été destinée à renforcer l’infrastructure et les secteurs productifs. Seulement 3% ont été alloués à la politique et aux réglementations commerciales – domaines essentiels pour aider à créer un environnement propice au commerce et à l’investissement dans les économies en développement.
S’employer davantage à orienter le soutien au commerce vers la politique et la réglementation commerciales est donc un moyen pratique pour nous de renforcer l’intégration des économies en développement dans le système commercial multilatéral.
Afin d’explorer davantage d’idées sur la manière d’aider les petites économies à accroître leur part du commerce mondial, participez à la conversation au Forum public de l’OMC le 18 septembre.
Par Xiangchen Zhang, Directeur général adjoint, OMC