Si le terrorisme peut être vu comme la dissémination de la peur, de la terreur, l’intimidation aux fins d’influencer les comportements des populations et de forcer les décisions politiques, il n’est pas exagéré de dire qu’il est global.
En fait une action sur le World Trade Center à New York connaît des répercussions à l’échelle mondiale et de façon multidimensionnelle. En transposant à une échelle plus réduite, le problème devient plus complexe. Une attaque au Mali, à la frontière avec le Sénégal, fait logiquement effet sur tous les pays environnants, à commencer par ceux qui partagent une frontière.
En effet, le terroriste utilise la violence pour terroriser, faire peur, envoyer un message, pas aux morts mais en utilisant les cadavres et les ruines comme “aides pédagogique”. Ce sont les survivants qui sont attaqués en réalité.
Pour revenir à l’actualité régionale, je ne serais point surpris que les mouvements entre Diboli et Kidira connaissent des perturbations, affectant ainsi les échanges commerciaux et les mouvements de populations , de parents, entre les deux pays imbriqués historiquement, culturellement et économiquement. L’alerte générale et quasi permanente des structures de veille et de lutte contre le terrorisme est , sans aucun doute, élevée de quelques degrés au-dessus.
Tout cela est normal; la peur comme l’état de préparation également. Par contre il n’est pas excusable d’avoir une peur institutionnelle pour soulager celle du citoyen individuel.
Il ne s’agit pas de dire ce que tout le monde dit ou de faire ce qui se fait “naturellement”. Le terrorisme est plus intelligent que cela et mérite une approche tout aussi responsable.
Un coup de feu isolé à nos frontières avec le Mali ou une escapade de terroristes de la Mauritanie jusqu’en Guinée Bissau en traversant tout le Sénégal, en décembre 2007, ou encore des arrestations de personnes supposées “en lien avec une entreprise terroriste” en 2017, ne constituent pas des indicateurs suffisants pour faire du Sénégal une cible prioritaire . Tout au plus, cela démontre la vulnérabilité du pays au même titre que la majeure partie des pays du monde, même les plus puissants.
Si la possibilité d’un raid ou de l’activation d’un réseau dormant existe , l’attitude responsable et professionnelle veut que l’on réfléchisse en dehors des sentiers battus, “ outside the box” et avec un esprit détaché du “commun parler”. Laissez-moi vous dire que le terroriste s’appuie essentiellement sur la population pour obtenir des informations, de la sympathie et, in fine, les opportunités d’agir… À condition que l’Etat visé ne soit pas en mesure d’obtenir le soutien de cette population le premier. C’est une compétition pour gagner les cœurs et les esprits. L’Etat y parvient facilement par l’application de la justice, les actions de développent et la satisfaction des besoins de base. À contrario, stigmatiser une partie de la population dessert la cause gouvernementale.
D’ailleurs, le terroriste ne se différencie de la population qu’au moment de l’action ou à travers des images et films de propagande. Sinon, on ne verra jamais un agent de la terreur faire de la surveillance avec une barbe effilée et un pantaloon court, ou encore en scandant de façon provocatrice le nom de Dieu. Ils ressemblent à tout le monde. Ceux qui ont piloté les avions contre le WTC étaient des pilotes “occidentalisés”; au Bataclan, les trois criminels étaient des jeunes “comme tout le monde” avec de petits boulots, une envie d’intégrer les forces armées nationales …
À Mogadishu, c’est une jeune et belle étudiante en médecine qui explose son oncle ministre après des années de surveillance sous les allures d’une fille moderne , aimant la vie et son protecteur. Si on voit un terroriste en tenue “Ibadou” , c’est dans des images de propagande où le jour de l’attaque car la tenue fait partie du message et celui-ci est essentiel dans leur lutte.
3- considérant que le terrorisme se fixe des buts économiques et politiques, avec une envergure mondiale à actions décentralisées , il est du ressort de tout pays, de tout ensemble de pays, de maintenir un état de préparation qui allie tous les éléments de la puissance nationale.