On ne peut qu’être séduit quand il s’agit d’un nécessaire redressement et ce, quel que soit le domaine ou secteur choisi, quel que soit l’agent économique du pays: État, entreprise, ménage (couple et enfants). C’est salutaire si on pense à la survie. Ceux et celles qui sont honnêtes n’en n’auront jamais peur. Ils le réclameront.
Nos religions nous recommandent d’être droits. Le redressement peut être économique, social, spirituel et autres. On pense souvent économie s’il s’agit de redressement mais qu’en est-il de l’être humain qui procède au redressement? N’a-t-il pas besoin d’être redressé avant de redresser quoique ce soit?
REDRESSER LE PEUPLE
Il nous faut un redressement des mentalités. Comment changer les choses si ceux et celles qui doivent les changer ne changent pas? Changer d’abord ceux qui doivent changer le reste, c’est commencer par le commencement. Éduquer, redresser ceux et celles qui doivent redresser les autres (yar nit ñi, jubbanti nit ñi wara jubbanti li des). L’information sur le bien fondé du slogan, la sensibilisation sont deux éléments fondamentaux qui mènent à l’indispensable appropriation par les populations. Certains cerveaux sont déjà formatés par l’anomalie banalisée qui finit par être tolérée, voire acceptée comme norme inconsciemment.
D’un côté, il y a ceux et celles qui ne savent pas, de l’autre côté se trouvent ceux qui enfreignent les règles délibérément. Une information-formation s’impose. Les grands dirigeants ne négligent jamais l’éducation de leur peuple. Le ton est donné avec « JUB,JUBBAL, JUBBANTI », donnons-lui du contenu, de la matière. Le chantier est vaste, la tâche ardue mais que chacun.e commence par lui ou elle-même car, comme le disait si bien Bob Marley, quand tu pointes ton doigt quelqu’un d’autre est en train de te juger (while you point your finger someone else is judging you). Yar dans le sens éducation est le chemin, c’est sensibilisation mais aussi correction, sévir avec fermeté quand il le faut. Redresser le peuple d’abord, le chemin ensuite ou concomitamment. Jubbanti nit ñi d’abord, jubbanti yoon wi ñu jël.
REDRESSEMENT DU CHEMIN
Lorsque la voie empruntée n’est pas la bonne, il faut avoir l’humilité de le reconnaître et la volonté d’en emprunter une autre. Parmi les solutions à envisager celle-ci retient notre attention: taxer l’indiscipline et l’incivisme, avec un double objectif: jubbanti jikkoo yi (réorienter les mentalités) et remplir les caisses de l’État.
Les sachets jetés à tout-va dans la rue, les petits métiers et leurs déchets balancés partout. Des épaves et organes de véhicule qui perturbent le décor et gênent nos déplacements, des outils inutilisés il y a belle lurette qui continuent de joncher les trottoirs. Des conducteurs qui ne respectent pas le code de la route. Des gravats volontairement oubliés le long des maisons, trottoirs et rues au grand dam de la fluidité de la circulation des personnes et des biens. Des marchés et étals improvisés. Le tapage nocturne et diurne. Les murs peints aux couleurs d’urine. Est-ce le paysage tropical normal ? Non! Étiquette à refuser.
Une volonté politique clairement affichée, la ferme résolution d’y remédier et le tour est joué. Nos compatriotes sont sensibles à la privation de liberté («grilles» des commissariats, maisons d’arrêt et de correction en insistant sur correction) et à ce qui touche à leurs poches (l’argent). La cible à atteindre est à chercher à ces deux niveaux: l’argent par une amende ou la prison pour quelques jours. La prison sera l’ultime recours pour les cas d’indiscipline car le travail d’intérêt général peut servir d’alternative après l’amende.
Balayer la rue et le trottoir pendant une demi-journée pour ceux qui salissent, nettoyer les murs et enlever les affiches placardés dans des endroits inappropriés serviraient d’exemples assez éloquents puisque dissuasifs. La responsabilité ou contrepartie de l’État sera l’installation de poubelles un peu partout.
L’argent collecté à travers les amendes, contraventions servira à financer le développement et c’est loin d’être négligeable.
La souveraineté a un coût. L’épargne intérieure avec l’argent collecté à travers l’assurance en général, l’assurance vie en particulier qui a pour particularité le long terme, peut servir à financer le développement en participant de manière considérable à l’investissement.
Différentes source de financement de notre développement sont à explorer davantage : des sources classiques (impôts et taxes) aux nouvelles sources (pétrole, gaz) et autres sources innovantes (amendes pour indiscipline, incivisme caractérisé dont l’occupation anarchique de la voie publique qui tend à être généralisée, la nuisance sonore, l’insalubrité organisée…
Ceux (et celles) qui sont droits, honnêtes, ne s’opposent jamais au redressement. Ku jub du bañ ñu jubbanti li jubul. Nañu jokkoo, ku mer bokkoo.
Dr Biram Ndeck Ndiaye, juriste, assureur et auteur