Pr Abdou Salam Fall nous a quitté. Un homme bien ! Il fut mon maître, mon mentor aussi. Lorsque je suis allé le voir en 2011 au LARTES pour qu’il dirige ma thèse, il m’avait accueilli avec un égard et un respect que je considérais presque excessifs à mon endroit. Tapha, d’un air courtois, il avait l’habitude de m’appeler. Il était doux et noble dans l’âme. Depuis ce jour, nous ne nous sommes plus quittés. Il a dirigé ma thèse d’une main de maître, m’a pris sous son aile protectrice jusqu’à mon recrutement à l’UCAD et à ses côtés, au LARTES-IFAN.
Le Professeur Fall était plus qu’un maître. Il était un ami, un passeur de savoirs, d’expériences, mais aussi de valeurs. Je retiens de lui, entre autres, un homme remarquablement rigoureux. Il ne se contentait jamais de certitudes toutes faites et confrontait toujours les théories aux données empiriques, n’hésitant pas à les écarter au profit du terrain, au profit des connaissances invisibilisées. Il avait la générosité de partager ses expériences de vie : de son « auto-confiage » (Gaya à Saint-Louis) à ses multiples expériences universitaires (Dakar, Saint-Louis, Amsterdam, Université du Québec en Outaouais), en passant par le monde du développement (ses expériences à Tambacounda jusqu’à la présidence du CONGAD). Son parcours syndical et son rôle de leader du mouvement étudiant ont inspiré plus d’un.
Le Pr Fall maîtrisait parfaitement les logiques d’interactions dans les réseaux de sociabilité. Il ne remettait jamais au lendemain ce qu’il pouvait réaliser le jour même. J’ai appris de lui qu’il faut toujours être aux côtés de ses amis, que ce soit dans les moments heureux ou malheureux, et cela de manière spontanée et dès les premières heures.
En plus de ses valeurs humanistes, le Pr Abdou Salam Fall « est l’un des meilleurs sociologues de sa génération » avait l’habitude de dire l’éminent chercheur Pr Abdoulaye Bara Diop son maître. Il a théorisé et mis en pratique le concept d’entrepreneuriat scientifique au profit des institutions. Le LARTES en est un cas d’école. Les locaux se limitaient à l’origine à un bâtiment de rez-de-chaussée avec trois pièces et une toilette. Aujourd’hui, le laboratoire compte un rez-de-chaussée et deux étages avec 17 bureaux (dont 14 équipés de toilettes) et 5 salles de réunion, dont une avec deux toilettes séparées pour hommes et femmes.
Votre dernier voyage à Saint-Louis était prémonitoire d’un retour aux sources, celles-là mêmes dont vous n’aviez jamais cessé de vous imprégner. Cher Maître, votre voix continuera de résonner au sein du Labo et dans nos réflexions, vos conseils dans nos choix, et votre exemple dans notre manière de travailler et de vivre.
Qu’Allah vous gratifie de Sa miséricorde et vous accueille en Son paradis !
Que la terre de Gaya vous soit légère !
Par Dr Moustapha Séye, chercheur au LARTES-IFAN