La presse en ligne, les bloggeurs et les réseaux sociaux, grâce à l’instantanéité de l’information mise en ligne, participent à la démocratie citoyenne. Mais, un chercheur sénégalais alertait il y a quelques années le danger dans la fiabilité et la crédibilité de cette information. En effet, bien qu’instantanée, écrivions-nous dans ces colonnes du Soleil, l’info donnée ou relayée par la presse en ligne ou les réseaux sociaux n’est pas toujours fiable ou elle est souvent incomplète ou toute fausse. Et dans notre pays, le journalisme web et les créateurs de contenus gagneraient à s’organiser et respecter une certaine éthique à l’instar des médias traditionnels. Cette semaine, un supposé article du magazine Jeune Afrique clouant au pilori la situation socio-économique au Sénégal a été partagée à la vitesse du vent par le biais des réseaux sociaux.
L’on a senti le fake news à mille lieux. Mais il n’est pas donné à tout le monde de déceler une fausse information au premier coup d’œil. Souvent, il faut le lendemain pour que l’opinion se rende compte de la fausseté de l’info déjà relayée à grande échelle. Et bonjour les dégâts ! Récemment dans les faits divers dakarois, il a été relevé des condamnations à trois mois de prison d’influenceurs, de célébrités des réseaux sociaux, coupables d’avoir divulgué ou menacé de publier des photos intimes d’individus. Devant le tribunal, ces personnes ont admis toute leur ignorance que le cyber-harcèlement, l’extorsion de fonds, la vente de données personnelles, la publication de données sensibles, entre autres, étaient punis par la loi. Une célèbre vendeuse en ligne et gérante de tontine d’argent, de téléphones portables, a fait les frais d’une garde à vue et d’un procès en flagrant délit récemment, pour avoir publié le numéro de téléphone et la photo d’une cliente qui n’avait pas honoré ses engagements financiers.
Cette dernière, femme mariée, a alors reçu des appels et propositions indécentes. Sa plainte a alors valu à la commerçante des déboires qu’elle est loin d’oublier… Une autre jeune dame, « tiktokeuse » célèbre également, avec un acolyte, avait menacé de vilipender « l’adversaire » d’une de ses amies dans une affaire qui ne la concernait nullement. Résultats, trois mois de prison pour la « tiktokeuse », abasourdie devant la sentence du juge ! Maintenant, par les règlements de compte entre célébrités se font par publications interposées de données à travers les groupes WhatsApp ou les réseaux sociaux. La publication d’images intimes, souvent obscènes, est devenue même monnaie d’échange ou moyens de chantage pour extorquer des sous à d’honnêtes citoyens craintifs de voir leur réputation salie à travers le web. Les procès pour injures par les réseaux sociaux, les menaces de diffusion de données personnelles ou de contenus obscènes sont dorénavant le quotidien de nos tribunaux.
L’ignorance des prévenus est mise à nue une fois devant la barre et les juges ont souvent la main lourde. Et depuis quelques mois, la Division spéciale de la cybersécurité (Dsc) de la police à Dakar est subitement devenue la bête noire des indélicats à travers l’audiovisuel et les réseaux sociaux. Il y a une semaine, la Commission de protection des données personnelles (Cdp) du Sénégal a organisé un atelier de sensibilisation au profit des influenceurs et porteurs de voix, afin de partager les bonnes pratiques pour une meilleure protection des données personnelles. Awa Diack, au nom des influenceurs et créateurs de contenus, a admis que « Le numérique est une arme, un outil d’impact à manier avec pleine conscience. Mais c’est une responsabilité immense, lorsque nous partageons une vidéo, un témoignage, une image, un nom, un numéro, un visage, nous touchons parfois l’intimité des autres ». Une lucidité qui n’est pas donnée à tous ces créateurs de contenus souvent analphabètes ou pas au fait de la loi sur la protection des données personnelles, de la déontologie ou de l’éthique.
Omar.diouf@lesoleil.sn