Depuis près de deux mois, le Sénégal vit un blocage silencieux mais lourd de conséquences : la grève des greffiers. Si leurs revendications sont légitimes et doivent être entendues, les effets collatéraux de cette grève sur l’économie réelle ne peuvent être passés sous silence.
Depuis plus de quatre semaines, tous les dossiers de création d’entreprise sont à l’arrêt. Concrètement, cela signifie des centaines d’entrepreneurs dans l’impossibilité de lancer leurs activités, de facturer, d’ouvrir un compte bancaire ou de recruter. Des jeunes porteurs de projets, des femmes entrepreneures, des investisseurs, des incubateurs se retrouvent bloqués. À une époque où le pays parle de relance économique, de transformation structurelle et de lutte contre le chômage, c’est un non-sens.
Ce blocage révèle une réalité inquiétante : notre système de création d’entreprise est encore trop dépendant de la présence humaine et de procédures manuelles. À l’ère du numérique, cette situation n’est plus acceptable. De nombreux pays africains – comme le Rwanda, la Côte d’Ivoire ou le Bénin – ont déjà mis en place des plateformes en ligne permettant de créer une entreprise en quelques clics, en moins de 72h. Pourquoi pas nous ?
Il est temps de repenser notre modèle. Le Sénégal ne peut plus se permettre d’être à la merci de blocages administratifs pour un acte aussi fondamental que créer une entreprise. C’est une entrave directe à l’emploi, à l’investissement, à l’innovation.
Nous appelons les pouvoirs publics, les institutions judiciaires, les ministères concernés et les partenaires techniques à prendre leurs responsabilités. Il faut urgemment mettre en place une plateforme digitale de création et de suivi des entreprises, accessible, transparente et sécurisée.
L’entrepreneuriat ne doit plus être otage des lenteurs et des crises administratives. C’est un levier de transformation pour notre pays. Il mérite un environnement moderne, réactif et à la hauteur des ambitions du Sénégal.
Malaye Ndao
CEO chez MN PRO GROUPE (Management, Finance,Création d’entreprise)
Vice president CJD SENEGAL