Alors que le Sénégal aspire à consolider sa position de pôle énergétique sous-régional, les tensions économiques et sociales qui secouent la région menacent gravement la stabilité du secteur gazier.
Entre la destruction des citernes maliennes venues s’approvisionner au Sénégal, les difficultés de change en Gambie et les tensions sociales sur le site stratégique de Gadiaga, la situation devient alarmante.
Le Mouvement ACTION appelle à une réaction politique rapide et coordonnée pour éviter un affaiblissement durable de notre économie.
Au Mali
Les citernes brûlées : un signal inquiétant pour le commerce sous-régional
Ces dernières semaines, plusieurs citernes de gaz appartenant à des opérateurs maliens et venues s’approvisionner au Sénégal ont été brûlées, confisquées ou endommagées à leur retour sur le territoire malien.
Ces incidents, d’une gravité extrême, traduisent la fragilité du climat économique et sécuritaire qui entoure aujourd’hui les échanges entre nos deux pays.
Les opérateurs maliens, qui contribuent activement à la fluidité du commerce régional, se retrouvent désormais confrontés à des pertes considérables et à une désorganisation de leur chaîne d’approvisionnement.
Une telle situation appelle une intervention diplomatique urgente entre Dakar et Bamako afin de préserver la libre circulation du gaz et d’assurer la sécurité des acteurs économiques qui œuvrent, au quotidien, pour l’intégration régionale.
En Gambie : une monnaie étrangère qui bloque les échanges
À l’ouest, le Sénégal fait face à un autre type de difficulté : la contrainte monétaire. Les transactions commerciales avec la Gambie, notamment dans le secteur du gaz, sont ralenties par l’utilisation de devises étrangères (le dalasi, le dollar, voire parfois l’euro, que les banques ne parviennent pas toujours à réceptionner en raison de contraintes réglementaires), ce qui complique les paiements, crée des tensions de trésorerie et rend les échanges imprévisibles.
Cette situation nuit à la compétitivité des entreprises sénégalaises et freine la dynamique commerciale entre les deux pays.
Il devient nécessaire d’ouvrir une réflexion sur un cadre monétaire ou financier bilatéral plus souple, permettant d’alléger les contraintes de change et de fluidifier les opérations commerciales au sein de la sous-région.
Gadiaga : un gisement stratégique, mais des travailleurs oubliés
Sur le plan national, le gisement de gaz de Gadiaga, situé à une soixantaine de kilomètres de Dakar, demeure une infrastructure essentielle à l’alimentation des centrales électriques du Cap des Biches et de plusieurs sites industriels du pays. Ce gisement est une fierté nationale et un pilier de notre politique énergétique. Pourtant, les employés du site réclament aujourd’hui quatorze mois d’arriérés de salaire.
Une telle crise sociale, au cœur même de notre dispositif de production, risque de perturber gravement la continuité de l’approvisionnement et d’ébranler la confiance dans la filière gazière nationale.
Il est donc urgent que les autorités compétentes prennent les mesures nécessaires pour rétablir la stabilité sociale et garantir la pérennité des opérations.
Un appel à la responsabilité et à l’action
Ces trois situations – au Mali, en Gambie et à Gadiaga – révèlent une interdépendance économique fragilisée, où les crises locales deviennent des menaces régionales.
Face à ces défis, il est impératif que les décideurs politiques sénégalais et ouest-africains agissent avec clairvoyance et rapidité.
Le Mouvement ACTION en appelle à une mobilisation collective, à une concertation économique d’urgence et à une stratégie de protection des acteurs énergétiques, tant nationaux que transfrontaliers.
L’Afrique de l’Ouest ne peut bâtir son avenir énergétique sur la désorganisation et l’indifférence.
L’heure est à l’action concrète, responsable et visionnaire, pour garantir une économie forte, stable et solidaire.
Par Mamadou Diouf, Président du Mouvement ACTION


