Le championnat national populaire, communément appelé « Navétanes », est organisé dans toutes les régions du Sénégal durant les grandes vacances. Les activités sportives et culturelles débutent dès le mois de juin avec la période dite de « transfert » qui prend fin le 31 juillet de chaque année. A partir du mois d’août, commencent les compétitions qui, dans plusieurs localités, continuent jusqu’en pleine année scolaire.
Jadis, ces activités étaient organisées dans le but d’occuper la jeunesse durant les grandes vacances. Après une année scolaire chargée, les « Navétanes » permettaient aux jeunes de se divertir et de se débarrasser de leur stress de l’année scolaire écoulée.
Toutefois, force est de constater qu’actuellement les « Navétanes » ont pris une autre tournure et s’enlisent d’année en année à cause de plusieurs maux. Parmi ceux-ci, on peut citer :
– une prolifération des Associations sportives et culturelles (Asc) ;
– un manque criard d’infrastructures sportives ;
– une non-maîtrise des calendriers de compétitions ;
– des violences accrues entraînant plusieurs morts et blessés graves ;
– une gestion opaque et jacobine des fonds ;
– une absence de reddition de comptes ;
– une dictature qui se caractérise par la suspension des hommes de valeur, justes et considérés souvent comme des « rebelles » par les pouvoirs décisionnaires ;
– des textes obsolètes qui ne collent plus à nos réalités socio-culturelles ;
– des vieillards qui refusent de céder la place à la jeunesse ;
– une dépendance accrue des politiques qui fixent souvent les dates des finales.
Fort de tous ces constats, on peut bel et bien confirmer que les « Navétanes » ont perdu leur lustre d’antan.
Pour lutter contre ces maux qui gangrènent ce mouvement, il urge de convoquer tous les acteurs autour d’une table, de faire une analyse approfondie de la situation et de prendre des mesures idoines allant dans le sens de « procéder à la réforme du mouvement » comme indiqué par le Président de la République Bassirou Diomaye Faye lors du Conseil des ministres du 29 janvier 2025.
En tant qu’acteur du mouvement, je soumets ici quelques propositions que je juge utiles pour un retour à l’orthodoxie :
– la réduction ou la fusion des Asc : dans beaucoup de quartiers, on compte plus d’une dizaine d’ASC qui, pour la plupart n’existent que de noms et ne disposent d’aucune reconnaissance juridique. Toute ASC ne disposant pas de récépissé doit être rayée.
– la limitation du nombre d’Asc dans un quartier (au maximum 3 en tenant compte de la taille démographique) ;
– la suppression de l’Oncav et des Orcav pour aller vers des structures départementales. Au niveau de chaque département, créer une structure qui polarise des zones géographiques chargées d’organiser leurs compétitions et la structure départementale gère les phases départementales et les coupes de maires.
La réduction ou la fusion des Asc ainsi que la suppression des structures telles que l’Oncav et les Orcav permettraient d’organiser les compétitions dans un délai imparti (juillet à septembre) ;
– l’élaboration de textes au niveau de chaque structure départementale pour encadrer le déroulement des compétitions ;
– l’invitation des collectivités territoriales à appuyer les Asc et la structure départementale afin qu’elles ne soient plus dépendantes des politiques ;
– l’audit de la gestion des structures en charge du mouvement au niveau de chaque département (zones, structure départementale) ;
– la limitation des mandats des présidents à deux maximum ;
– l’organisation de compétitions dans les quartiers pour créer une adhésion populaire ;
– la suppression de toute Asc dont les joueurs, dirigeants et supporters sont coupables d’actes de violences, de vandalisme, de destruction de biens publics et privés ;
– la mise en œuvre d’activités citoyennes ;
– la promotion d’activités de développement, génératrices d’emplois, d’activités qui touchent la santé et l’éducation ;
De telles propositions ne plairont certainement pas à certains acteurs, mais une réforme est toujours douloureuse et elle est toujours assujettie à une résistance farouche.
Gageons que l’actuelle ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture aura la force et le courage de faire face à ce mouvement, certes, très puissant, mais il suffit qu’elle engage une large concertation avec les acteurs et qu’elle mette en avant l’intérêt de la nation pour réussir la mission que le Président de la République lui a confiée.
Al Ousseynou Ka
Ndar Navétanes Saint-Louis