La Tabaski occasionne la vente de 1million 300.000 moutons, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage du Sénégal par la voix de son ministre. La célébration du Magal provoque, chaque année, un business autour des produits agro-alimentaires (café de la Guinée, sucre importé, condiments, riz, huile, boissons sucrées, etc.).
Les transactions relatives aux bêtes, de nature et de valeur différenciée en provenance des marchés du Mali, de la Mauritanie, de la Guinée, de la Gambie, portent sur plus de 3milllions de sujets (des bœufs, des moutons, des chameaux, de la volaille de tout genre du pays et d’ailleurs). L’autoroute à péage connaît aussi sa période faste qui peut autoriser des semaines de congés à ses agents lassés par le geste de délivrance des tickets après paiements aux points de passage des véhicules en partance pour Touba. Les stations de carburant fonctionnent à feux continus pendant plus de trois semaines pour ravitailler les 6 millions de pèlerins révélés provisoirement par les autorités publiques et celles qui animent le comité d’organisation du Magal. Des statistiques exaltantes qui alertent les esprits éclairés sur l’impact positif du Magal pour le Sénégal et pour toute la sous-région ouest africaine. Le Sénégal vit, respire et se revitalise avec le Magal. Une bouffée d’air social qui permet de bien gérer le stress au-delà de la dimension ésotérique que le Magal imprime pour rehausser les esprits et raffermir les cœurs de la Oumma présente au regard de nombreuses représentations diplomatiques qui sont les convives du Sénégal et du Khalif général des Mourides.
La disette provoquée par la Covid-19 en 2019 et 2020, avait crispé les acteurs économiques sénégalais qui craignaient une suspension de l’organisation du Magal. Le leadership mouride avait permis de bien soulager la société sénégalaise et ses nombreux opérateurs économiques, en imposant l’organisation du seul évènement religieux dans le monde en cette période de crispation, de doute, malheureusement scénarisée sous un fond pittoresque de manipulation internationale. Pour rappel, l’Université de Bambey, sous l’égide du professeur Mamadou Lamine Guèye, alors recteur de ladite institution d’enseignement supérieur, avait présenté, il y a cinq années, un rapport d’enquête qui attestait de l’économie du Magal à 250 (deux cent cinquante) milliards de FCfa. En termes de négoces, d’importations, de services, de transports, le marché intérieur sénégalais et les économies de notre sous-région bénéficient d’une dynamique forte avec la célébration de ce jour d’adoration.
Aujourd’hui, le Magal 2025 revitalise l’économie sénégalaise, engloutie ces derniers mois, dans une récession qui fait peur. Le gouvernement a annoncé des mesures dont les recettes sont fortement attendues pour relancer notre économie qui vit une période difficile. Des années après l’étude universitaire qui donnait suite aux enquêtes de l’économiste, Moubarak Lô, le Magal draine près de 400 milliards qui permettront de doper notre économie sabordée par un certain contexte politique de réédition de compte dans la gestion des finances publiques. À cette dimension pratique du Magal, s’ajoute un aspect religieux qui coule de source. Les Daaras sis à Touba ont procédé à 8991 (huit-mille-neuf-cent-quatre-vingt-onze) fois, à la lecture du Coran entre le 1er du mois de Safar et le 13e jour. Un groupe de jeunes filles calligraphes ont décliné par cœur une dizaine de « versions » du Coran. Le même exercice de foi et d’artiste musulmans est réitéré au Daara de Serigne Amsatou par des garçons calligraphes.
Le Magal est un évènement qui sert son peuple, réalise un équilibre social, un renforcement économique, tout en rappelant la nécessité d’attachement aux valeurs culturelles, de dignité, de transparence et de bravoure qui fondent l’action du Serviteur du prophète Psl aux fins de réalisation d’un développement harmonieux de l’Afrique. L’Afrique se développerait si elle se fondait sur l’idéologie d’homme tel que Ahmadou Bamba dixit Edem Kodjo alors Sg de l’Oua actuelle Ua. Le Sénégal doit apprendre à miser sur ses potentielles endogènes pour asseoir un modèle économique stable à l’image de cette souveraineté que le Mouridisme incarne comme image de marque.
Samba DIOUF Juriste consultant en Droit des affaires et Économie numérique