À l’heure où le Sénégal s’engage résolument dans la transformation éducative et numérique, il devient urgent de redéfinir nos priorités. Le véritable levier de cette refondation repose sur un triptyque clair, cohérent et structurant : l’Élève, l’Enseignant et l’Environnement : les 3E.
Ce triptyque n’est pas une simple formule. Il incarne une vision systémique de l’éducation, une approche qui articule le cœur, le moteur et le cadre de tout apprentissage durable. Si l’État veut bâtir une école de qualité, équitable et innovante, il doit agir simultanément sur ces trois pôles, en leur donnant des ressources, des politiques et des outils à la hauteur des défis contemporains.
1. L’élève : le cœur de la transformation
L’élève n’est pas un réceptacle de savoirs, mais un acteur de son apprentissage. Dans une société numérique, technologique et interconnectée, former un élève compétent, curieux et créatif implique de l’immerger dans des démarches STEM (Science, Technology, Engineering and Mathematics).
Le STEM n’est pas une mode : c’est la matrice du développement. Il forge la pensée critique, la logique et la résolution de problèmes réels. C’est donc autour de lui que doit s’articuler toute politique éducative tournée vers l’avenir.
2. L’enseignant : le moteur du changement
Aucune réforme ne réussira sans l’enseignant épanoui, valorisé et formé.
La qualité du système dépend de la qualité de ceux qui le portent. Il faut donc investir massivement dans la formation continue, la motivation et la revalorisation du statut de l’enseignant, notamment dans les disciplines STEM.
Un enseignant formé à la pédagogie numérique, capable de lier théorie et pratique, devient un catalyseur de l’innovation et un pilier du développement des compétences du XXIᵉ siècle.
Former aujourd’hui les enseignants, c’est préparer durablement la nation de demain.
3. L’environnement : le cadre structurant
L’école ne peut s’épanouir dans un environnement dégradé, pauvre en ressources ou déconnecté de la réalité sociale.
Agir sur le troisième pilier, c’est repenser l’espace scolaire : salles de sciences équipées, accès à l’électricité, au numérique, à Internet, et à des infrastructures adaptées aux apprentissages STEM.
Mais c’est aussi garantir un environnement humain porteur de valeurs : collaboration, inclusion, égalité des chances, et esprit d’innovation.
Une école est un écosystème; si l’un de ses éléments est négligé, tout l’équilibre s’effondre..
Allons vers une politique intégrée du 3E-STEM
Au regard de tout ce qui précède, l’État doit désormais orienter des ressources conséquentes vers ce modèle intégré.
Une politique nationale fondée sur le triptyque 3E permettrait :
• de repenser la planification éducative autour des compétences du futur,
• d’intégrer les STEM dans les curricula dès le primaire,
• de renforcer les capacités des enseignants à enseigner autrement,
• et d’ancrer l’école dans un environnement apprenant et durable.
Il s’agit là d’un investissement d’intelligence nationale, pas d’une dépense budgétaire.
Car un élève motivé, encadré par un enseignant compétent, dans un environnement propice, devient un citoyen capable d’innover, de créer et de transformer sa communauté.
Conclusion
En somme, refonder notre école, c’est reconnaître que l’éducation n’est pas un simple service public, mais une infrastructure stratégique du développement.
Le Sénégal ne pourra réussir sa transition vers une économie du savoir que s’il adopte une approche intégrée du 3E-STEM.
C’est une voie exigeante, mais incontournable, pour bâtir une école sénégalaise performante, inclusive et durable.
Telle est l’economie de notre position sur un système éducatif durable et performant aux exigences mondiales.
Par Tamsir Bakhoum
Syndicaliste/Président de l’APROMATHS