Le président en exercice de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi A. Adesina, de nationalité nigériane, a été élu le 28 mai 2015 et a commencé son premier mandat le 1er septembre 2015. À la suite de sa réélection le 27 août 2020, M. Adesina a entamé son second et dernier mandat le 1er septembre 2020. Le Conseil des Gouverneurs élira son successeur le 29 mai 2025, au cours de l’Assemblée annuelle du Conseil des Gouverneurs de la Banque, qui se tiendra du 26 au 30 mai 2025 à Abidjan.
Dans ce qui suit, j’essaie de partager avec vous mes réponses aux questions que certains d’entre vous m’ont posées à propos de cette prochaine élection.
1) Quel est l’enjeu de cette élection ?
Depuis une soixantaine d’années, la BAD, seule institution financière africaine notée triple AAA, fait face, selon les périodes, à beaucoup d’enjeux et a relevé énormément de défis de nature politique, culturelle, stratégique, économique, financière, etc. De mon point de vue, cette élection-ci n’est pas traversée par les enjeux d’hier que l’Afrique et la BAD ont connus : anglophones vs francophones, pays régionaux vs pays non-régionaux, etc. encore qu’affleure dans la presse le débat « continuité vs rupture ». Ceci ne veut pas dire pour autant que cette élection manque d’enjeux. Pour ma part, j’en relève trois, d’ordre managérial, qui sont d’ailleurs des exigences :
– Une agilité et une rapidité accrues dans les processus ;
– Une plus grande ouverture de la banque, à tous égards, vers le secteur privé et vers d’autres profils ;
– Un peu plus d’audace, d’innovation et de créativité dans le management de la Banque.
Heureusement, ces enjeux sont tous le propre de toute équipe de management. Donc, la Banque saura y faire face.
2) Cette élection concerne-t-elle les populations africaines ?
Bien évidemment, l’élection du Président de la BAD concerne les populations africaines pour au moins deux raisons : la première est que la BAD est une institution financière qui a l’ambition d’améliorer le sort des populations africaines, en finançant significativement les projets de développement en Afrique ; la deuxième est que le capital de la BAD à ses débuts a été constitué avec l’argent des populations africaines, parce que l’argent que les États africains ont versé dans le capital de la Banque, c’est l’argent des populations. Voici deux raisons suffisantes pour que les populations s’intéressent à la BAD.
3) Quelles sont les missions de la BAD et de son Président ?
L’accord portant création de la Banque africaine de développement stipule, en ses articles premier et deuxième, que « le but de la Banque est de contribuer au développement économique et au progrès social durables de ses États membres régionaux, individuellement et collectivement. » Les États membres régionaux sont les pays africains.
Pour tenter d’atteindre son but, la BAD exerce sa fonction principale qui est d’utiliser les ressources à sa disposition, celles qui lui sont propres et celles qu’elle mobilise, pour financer des projets et programmes d’investissement qui tendent au développement économique et social des États membres régionaux. Par ailleurs et toujours pour mieux exercer sa fonction principale, la BAD fournit aux pays membres régionaux l’assistance technique nécessaire à l’étude, à la préparation, au financement et à l’exécution de projets et de programmes de développement et elle se donne la possibilité d’entreprendre toutes autres activités et de fournir tous autres services qui lui permettraient d’atteindre son but.
Quant au Président, élu pour un mandat de cinq années par le Conseil des Gouverneurs, sa mission ressemble à celle d’un Président Directeur Général, si l’on se réfère aux textes de l’OHADA régissant les sociétés anonymes. Mais précisons-le immédiatement, la BAD n’est pas régie par les textes de l’OHADA, elle est une organisation internationale régie par le droit international et ses propres textes. On dit qu’elle a une personnalité juridique internationale.
Ainsi, conformément à l’article 37 de l’accord portant création de la BAD, le Président assume les responsabilités suivantes :
a. Il est le représentant légal de la Banque ;
b. Il préside le Conseil d’administration, mais ne prend pas part au vote sauf en cas de partage égal des voix, auquel cas sa voix est prépondérante ;
c. Il peut participer aux réunions du Conseil des Gouverneurs, mais sans prendre part au vote ;
d. Il gère les affaires courantes de la Banque, sous la direction du Conseil d’administration. Il est de ce fait la principale autorité en matière de gestion des ressources humaines ; il détermine la structure organisationnelle, les fonctions et responsabilités ainsi que les bureaux de représentation régionale et de pays. Il propose au Conseil d’administration la nomination des Vice-Présidents qui l’aident dans la gestion courante des opérations du Groupe de la Banque
4) Qui sont les actionnaires de la Banque africaine de développement ?
Les actionnaires de la BAD sont des États. Ils sont actuellement au nombre de 81 et sont appelés pays membres. Il existe deux types de pays membres : les régionaux et les non-régionaux. Les pays membres régionaux sont les 54 pays africains et ils détiennent 60% du capital. Les six membres régionaux détenant le plus de droits de vote sont : le Nigéria (8,7%), l’Égypte (6,3%), l’Algérie (5,3%), l’Afrique du Sud (5%), le Maroc (4,7%) et la Côte d’Ivoire (3,8%). Les pays membres non-régionaux sont des pays n’appartenant pas au continent africain, mais qui ont été autorisés à souscrire au capital de la BAD. Au nombre de 27, ils détiennent 40% du capital. Ce sont des pays européens, asiatiques, sud et nord-américains. Parmi eux, les pays suivants sont ceux qui détiennent le plus de droits de vote : les États-Unis (6,5%), le Japon (5,4%), l’Allemagne (4,1%), la France (3,7%) et le Canada (3,4%).
De sa création en 1964 à 1982, les seuls actionnaires de la BAD étaient les pays régionaux. C’est lors de l’Assemblée annuelle du Conseil des Gouverneurs tenue à Lusaka en 1982, que la Banque a formellement pris la décision d’ouvrir son capital à des pays non-régionaux. De ce fait, il a pu porter son capital de 200 millions de dollars US à 6,3 milliards de dollars US en l’espace de trois années tout en conservant son identité africaine. Cette ouverture du capital aux non-régionaux, un des évènements marquants de l’histoire de la BAD, était une idée audacieuse du Président Kwame Donkor Fordwor (1976-1979), qui n’aura dirigé l’institution africaine que pendant trois ans, mais qui y a laissé sa trace indélébile et positive.
5) Quels sont les principaux organes de décision de la BAD ?
Les trois principaux organes de décision de la BAD sont le Conseil des Gouverneurs, le Conseil d’administration et le Président.
Le Conseil des Gouverneurs est l’organe de décision suprême de la Banque. Chaque pays membre y est représenté par un Gouverneur et un Gouverneur suppléant désignés pour une durée de cinq ans, étant entendu que leur mandat est révocable à tout moment ou renouvelable au gré de l’État membre qui les a nommés. Chaque Gouverneur possède un nombre de voix proportionnel au capital de la Banque souscrit par son pays. Les Gouverneurs et leurs suppléants sont généralement ministres des Finances ou de la Planification économique, Présidents de banque centrale ou hauts fonctionnaires.
Tous les pouvoirs de la Banque sont dévolus au Conseil des Gouverneurs qui peut en déléguer certains au Conseil d’administration, à l’exception d’un certain nombre dont :
– celui d’élire le Président de la Banque, de le suspendre ou de le révoquer et de déterminer sa rémunération et ses conditions de service ;
– celui d’émettre des directives générales sur la politique de crédit de la Banque ;
– celui de réduire le capital-actions autorisé de la Banque ;
– celui d’approuver le bilan général et le compte de profits et pertes de la Banque, après avoir pris connaissance du rapport des experts-comptables.
le Conseil d’administration est investi de tous les pouvoirs requis pour conduire les opérations générales de la Banque, à l’exception de ceux qui sont expressément réservés au Conseil des Gouverneurs. Il se compose de vingt membres ressortissants de pays membres. Ils sont élus pour trois ans par les Gouverneurs et ne peuvent être ni Gouverneurs ni Gouverneurs suppléants. Parmi eux, treize sont élus par les Gouverneurs des États membres régionaux et sept le sont par les Gouverneurs des États membres non-régionaux. Chaque administrateur nomme un suppléant qui, en son absence, agit en son nom. Mais un suppléant ne peut être de la même nationalité que l’administrateur qu’il a vocation à suppléer.
Quant au Président de la Banque, comme cela a déjà été dit précédemment, il est le représentant légal de la Banque ; il gère également les affaires courantes de la Banque, sous la direction du Conseil d’administration, dont il assure la présidence. Il est de ce fait la principale autorité en matière de gestion des ressources humaines ; il en détermine la structure organisationnelle, les fonctions, les responsabilités, etc.
6) Quels ont été jusqu’ici les Présidents de la BAD ?
M. Mamoun Beheiry du Soudan est le premier Président de la BAD. Il en a été élu Président à l’âge de 39 ans en 1964 à l’Assemblée inaugurale de la BAD tenue à Lagos. il a dirigé la Banque de novembre 1964 à août 1970. Avant d’être élu Président de la BAD, il a été le premier Gouverneur de la Banque centrale du Soudan. Il est diplômé de la prestigieuse université d’Oxford et y a obtenu une licence avec mention en philosophie, politique et économie. Sa grande réussite a été de créer de toutes pièces une banque de développement propre à l’Afrique et de la placer sur des bases solides.
M. Abdelwahad Labidi de la Tunisie est le deuxième Président de la BAD. Il en a été élu Président à l’âge de 41 ans à l’Assemblée annuelle de la BAD tenue à Fort-Lamy (actuellement Ndjamena). il a dirigé la Banque d’août 1970 à mai 1976. Avant de prendre la présidence de la BAD, il a eu un parcours professionnel de banquier et notamment a été Vice-Président de l’institution de juin 1969 à août 1970. Il est diplômé de l’Institut des Hautes Études de Tunis et de la Faculté de droit de Paris. Sa présidence a été marquée entre autres par l’amorce des démarches pour la construction du siège de la Banque à Abidjan, la mise en place en 1972 du Fonds africain de développement et en 1975 du Fonds spécial du Nigeria et de l’Association des institutions africaines de financement du développement (AIAFD).
M. Kwame Donkor Fordwor du Ghana est le troisième Président de la BAD. Il en a été élu Président à l’âge de 43 ans. Il a dirigé la banque de mai 1976 à juillet 1979. Il a démissionné de ses fonctions avant le terme de son mandat. Avant de prendre la présidence de la BAD, il a eu un parcours professionnel dans la banque commerciale et à la Société Financière Internationale du groupe de la Banque mondiale. Il a travaillé également dans la fonction publique comme conseiller du Président de la République. Il est titulaire d’un MBA et d’un PhD de la Wharton School of Business de University of Pennsylvania. La trace qu’il aura laissée à la BAD est l’initiative audacieuse d’ouvrir aux pays non-régionaux le capital de la Banque, qui est passé en trois ans de 200 millions de dollars US à 6,3 milliards de dollars US, augmentant de ce fait considérablement ses ressources financières et par conséquent sa capacité à accorder des concours aux économies africaines.
M. Goodall Gondwe du Malawi est devenu Président par intérim de la BAD en 1979 à l’âge de 43 ans, après la démission du Ghanéen Kwame Donkoh Fordwor. À sa nomination, il était le Vice-Président de l’institution depuis 1976. Il a dirigé la Banque de 1979 à 1980, avant l’élection du Zambien Willa Mung’Omba.
M. Wila D. Mung’Omba de la Zambie est le quatrième Président élu de la BAD. Il en a été élu Président à l’âge de 41 ans. Il a dirigé la Banque de juin 1980 à mai 1985. Avant de prendre la présidence de la BAD, il a eu un parcours professionnel d’avocat, de banquier, d’administrateur au Fonds monétaire international. Il a étudié le droit en Ouganda à Makerere University et à Londres à Inner of Courts.
M. Babacar Ndiaye du Sénégal est le cinquième Président de la BAD. Il en a été élu Président à l’âge de 49 ans. Il a dirigé la banque de mai 1985 à août 1995. Il a fait toute sa carrière à la BAD. En 1965, il a rejoint la Banque, qui a vu le jour un an plus tôt. Il a gravi un à un les échelons et en est devenu le Directeur des Finances, le Vice-Président en charge des Finances et finalement le Président. Il est jusqu’ici le premier et le seul employé de la Banque à avoir été porté à sa tête. Il est titulaire en France d’un diplôme d’expert-comptable, d’un diplôme de l’École Supérieure de Commerce de Toulouse et d’un autre de Sciences-Po-Paris.
Sa vice-présidence et sa présidence sont marquées par les succès et les réalisations suivantes :
– La BAD a obtenu en 1984 sa première notation « AAA » auprès des agences de notation financières Fitch et Moody’s et de Standard and Poor’s en 1986.
– L’accroissement des capacités de financement de la Banque sur le continent grâce à la quatrième augmentation de capital qui a fait bondir le capital de la banque de 6,3 milliards de dollars US à 23,3 milliards de dollars US – soit une hausse de plus de 200 % ;
– Le démarrage officiel en 1985 des activités de Shelter-Afrique, la seule institution panafricaine de financement appuyant exclusivement la promotion de l’habitat et du secteur immobilier en Afrique ; Shelter Afrique compte parmi ses actionnaires la Banque africaine de développement, the African Reinsurance Corporation (Africa-Re) et 44 pays africains ;
– La création de la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) en 1993, une institution bancaire destinée à faciliter et financer le commerce en Afrique.
M. Omar Kabbaj du Maroc est le sixième Président élu de la BAD. Il en a été élu Président à l’âge de 53 ans. Il a dirigé la Banque d’août 1995 à août 2005. Avant de prendre la présidence de la BAD, il a eu un parcours professionnel dans la banque, la fonction publique et le secteur parapublic. Il a en effet siégé au conseil d’administration de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Il a aussi été Ministre chargé de l’Incitation économique de 1993 à 1995. Il est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Toulouse, en France. Sa présidence a été marquée par des réformes majeures dans divers domaines :
– Sur le plan institutionnel, il prend l’initiative de la refonte complète du statut de la Banque ;
– Sur le plan de la bonne gouvernance, il engage une politique d’assainissement du portefeuille de la Banque ;
– Sur le plan des finances, il lance une cinquième augmentation du capital de la Banque et la reconstitution des ressources concessionnelles du Fonds Africain de Développement, grâce aux résultats du dialogue qu’il a renoué avec les pays membres non-régionaux sur cette question ;
– Sur le plan des orientations stratégiques, il promeut le renforcement des capacités de recherche dans la Banque, l’accroissement de ses opérations au profit du secteur privé, la hausse des financements pour les partenariats public-privé, notamment dans les infrastructures ; il met en œuvre également l’Initiative pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural (Rural Water Supply and Sanitation Initiative) pour contribuer de manière significative au développement socioéconomique du continent et à la santé publique ;
– Sur le plan organisationnel, il favorise la montée des compétences et le renforcement des équipes par le recrutement de 200 nouveaux professionnels, la décentralisation des activités de la Banque par la création de 16 nouveaux bureaux nationaux ou sous-régionaux ; il procède également au début des années 2000 à la délocalisation provisoire du centre opérationnel de l’institution en février 2003 à Tunis afin de protéger le personnel et de poursuivre les activités de la Banque sans risque, devant la dégradation de la situation politique en Côte d’Ivoire.
M. Donald Kaberuka du Rwanda est le septième Président élu de la BAD. Il en est devenu le Président à l’âge de 54 ans. Il a dirigé la Banque de septembre 2005 à août 2015. Avant de prendre la présidence de la BAD, M. Donald Kaberuka a eu un parcours professionnel dans la banque, le commerce international, le développement et la fonction publique. Il a été Ministre des finances et de la planification économique du Rwanda de 1997 à 2005. Il est diplômé de l’université de Dar-es-Salaam en Tanzanie, et est titulaire d’un PhD en économie de l’Université de Glasgow au Royaume-Uni. À la tête de la BAD, M. Donald Kaberuka a piloté une réorientation de la stratégie de l’institution en matière de développement et de réduction de la pauvreté en Afrique, visant à accentuer le rôle du secteur privé et l’importance du développement des infrastructures dans des domaines tels que les routes, le chemin de fer, les centrales électriques et les télécommunications, notamment dans leur fonction de promotion de l’intégration régionale en Afrique.
M. Akinwumi Ayodeji Adesina est le huitième Président élu de la BAD. Il en est devenu le Président à l’âge de 55 ans. Il dirige la Banque depuis août 2015 et son mandat se termine en août 2025. Il a ainsi rompu la tradition qui jusqu’ici voulait que la BAD soit dirigée par le ressortissant d’un actionnaire minoritaire, comme le Soudan (1967-1970), la Tunisie (1970-1976), le Ghana (1976-1979), la Zambie (1980-1985), le Sénégal (1985-1995) et, dans une moindre mesure, le Maroc (1995-2005). Avant de prendre la présidence de la BAD, il a eu un parcours professionnel dans le gouvernement en tant que Ministre nigérian de l’Agriculture de 2011 à 2015. Avant sa nomination au gouvernement, M. Adesina était Vice-Président d’Alliance for a Green Revolution in Africa (AGRA) et avant de rejoindre AGRA en 2008, il a occupé pendant plus de dix ans les fonctions de directeur associé et directeur régional du bureau Afrique australe de la Fondation Rockefeller, au sein de laquelle, il a lancé des programmes visant à développer les marchés pour les agriculteurs africains, à soutenir des actions philanthropiques pour les chefs d’entreprise africains et à améliorer l’accès à l’éducation. Il a également siégé au comité technique du Forum des éducatrices africaines (FAWE). Il est diplômé en 1981 de l’université nigériane d’Ife (aujourd’hui université Obafemi Awolowo). Il est également titulaire d’un master en 1985 et d’un doctorat en économie agricole en 1988 de l’université de Purdue aux États-Unis, qui lui a décerné le prix de la meilleure thèse de doctorat de l’année. M. Adesina a su au cours de son mandat, en deux augmentations de capital – 31 octobre 2019 et 31 mai 2024 – porter le capital de la Banque de 93 milliards de dollars US à 318 milliards de dollars US, ce qui a permis d’accroître considérablement sa capacité d’intervention et de préserver sa note triple A, la meilleure qu’une institution financière peut détenir.
7) Qu’est-ce qui caractérise finalement les huit Présidents élus de la BAD ?
Le portrait-robot du Président de la BAD est le suivant : c‘est un homme entre 40 et 55 ans, aujourd’hui plus proche de 55 ans, qui a une formation et un parcours professionnel de haut niveau en économie et en finance et qui a de surcroît, si on se fie aux six dernières élections, une expérience gouvernementale.
En effet, les huit Présidents élus de la BAD ont tous, presque exclusivement, un haut niveau de formation et d’expérience dans les domaines économique et financier. Le Président Adesina a, quant à lui, une expertise dans le domaine de l’agriculture, en plus de sa compétence économique. On note que si les cinq premiers Présidents de la BAD, Messieurs Mamoun Beheiry, Abdelwahad Labidi, Kwame Donkor Fordwor, Wila D. Mung’Omba et Babacar Ndiaye, sont des technocrates et des experts de la finance sans aucune expérience gouvernementale, on constate aussi que, depuis 1995, le Conseil des Gouverneurs porte son choix sur des profils mixtes faits d’un passé de technocrate et d’expérience gouvernementale. En effet, les dernières fonctions d’Omar Kabbaj, de Donald Kaberuka et d’Akinwumi Ayodeji Adesina avant de prendre la présidence de la BAD ont été des fonctions de membre du gouvernement de leurs pays respectifs.
En ce qui concerne la diversité de genre, la BAD n’a pas encore connu de Présidente, pour la simple raison que les candidatures sont presque toutes celles d’hommes. La seule candidature féminine qui me vient à l’esprit, avant celle de Mme Swazi TSHABALALA, c’est celle de la Ministre des Finances du Cap-Vert Cristina Duarte en 1995. Ceci dit, l’Afrique, de mon point de vue, compte suffisamment de femmes compétentes pour n’importe laquelle des fonctions les plus prestigieuses du continent, pour ne pas avoir besoin d’une discrimination positive. En revanche, il est juste important qu’elles ne subissent pas une discrimination négative voilée.
8) Quels sont les candidats retenus pour l’élection du Président de la BAD du 29 mai 2025 ?
Le Comité directeur du Conseil des Gouverneurs sur l’élection du Président de la Banque africaine de développement s’est réuni les 11 et 12 février 2025 au siège du Groupe de la Banque à Abidjan et, après examen des candidatures, a validé la liste suivante des candidats au poste de Président de la Banque Africaine de Développement lors de la prochaine élection qui se tiendra le 29 mai 2025 :
– M. Amadou HOTT du Sénégal ;
– M. Samuel Munzele MAIMBO de la Zambie ;
– M. Sidi Ould TAH de la Mauritanie ;
– M. Abbas Mahamat TOLLI du Tchad ;
– Mme Bajabulile Swazi TSHABALALA d’Afrique du Sud.
M. Amadou HOTT du Sénégal, âgé de 53 ans, a une riche expérience de banquier : d’abord de banquier de développement en sa qualité de Vice-Président de la BAD de novembre 2016 à avril 2019 et d’Envoyé Spécial du Président de la BAD de novembre 2022 à sa déclaration de candidature ; de banquier commercial pendant 15 ans dans des banques internationales en Europe, en Afrique et en Asie. Au sein de l’administration et du gouvernement sénégalais, il a exercé des fonctions de Conseiller Spécial du Président de la République de juin 2012 à octobre 2016 et de Ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération du Sénégal d’avril 2019 à septembre 2022 et de Directeur Général du Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS). Il est titulaire d’une maîtrise d’économie et finance de l’Université Paris-Sorbonne.
M. Samuel Munzele MAIMBO de la Zambie, âgé de 53 ans, a une riche expérience de banquier : d’abord de banquier de développement à la Banque mondiale où il a gravi pendant 23 ans tous les échelons jusqu’au poste de Vice-Président de la plus prestigieuse des banques de développement ; de banquier central, comme Inspecteur Sénior à la Banque Centrale de Zambie de 1995 à 1997. M. Samuel MAIMBO est titulaire d’un PhD en Administration publique (1998 – 2001) de University of Manchester, d’un MBA en Finance (1997 – 1998) de Nottingham University Business School et d’une licence en comptabilité de Copperbelt University (1990 – 1994).
M. Sidi Ould TAH de la Mauritanie, âgé de 60 ans, a une riche expérience de banquier : de banquier de développement à la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) en qualité de Président pendant 10 ans de 2015 à 2025, à l’Agence arabe pour l’investissement et le développement agricole basée au Soudan (1986 et 1999) et à la Banque islamique de développement (BID) basée en Arabie Saoudite (1999 à 2006), à la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce (BMDC) pendant 10 ans, de 1986 à 1996. Au sein de l’administration et du gouvernement mauritaniens, il a exercé des fonctions de Conseiller à la Présidence de la République, puis à la Primature et ensuite comme Ministre de l’Économie et des Finances de Mauritanie de 2008 à 2015. M. Sidi Ould TAH est titulaire d’un doctorat en économie de l’Université de Nice Sophia Antipolis en France.
M. Abbas Mahamat TOLLI du Tchad, âgé de 53 ans, a une riche expérience de banquier : de banquier de développement à la Banque de développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) en qualité de Président de 2015 à 2016 ; de banquier central pendant 10 ans à la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), comme Secrétaire Général (2008 – 2010), comme Secrétaire Général de la Commission Bancaire (2012-2015) et comme Gouverneur depuis 2017. Au sein de l’administration et du gouvernement tchadiens, il a exercé des fonctions de Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan (2006 – 2008), de Directeur de Cabinet à la Présidence de la République (2003 – 2004), de Directeur des Douanes (2001 – sept. 2002). M. Abbas Mahamat TOLLI est titulaire d’une licence en administration et gestion des affaires de l’Université du Québec en Outaouais et d’un diplôme en économie de l’École Nationale d’Administration (ENA) en France.
Mme Bajabulile Swazi TSHABALALA d’Afrique du Sud, âgée de 58 ans, a une riche expérience de banquière : d’abord de banquière de développement à la BAD d’août 2016 à sa déclaration de candidature, en sa qualité de Vice-Présidente et de Vice-Présidente Sénior ; de banquière commerciale en Afrique du Sud. Elle a également occupé plusieurs fonctions de direction générale et d’administrateur dans les secteurs privé et public sud-africains. Mme Bajabulile Swazi TSHABALALA est titulaire d’une licence en économie de Lawrence University des États-Unis (1985 – 1989) et d’un MBA de Wake Forest University School of Business (1990 – 1992) des États-Unis.
9) Quel est le processus de sélection des candidats à la présidence de la BAD et le processus d’élection du Président ? Comment est élu le Président de la BAD ?
Les principales étapes des deux processus, la sélection des candidats et l’élection du Président, sont :
a. l’appel à candidature ;
b. la vérification de la conformité des candidatures et l’arrêté et la publication de la liste des candidats ;
c. l’expression par les candidats de leur vision pour la Banque ;
d. la tenue de l’élection.
L’appel à candidatures est adressé par le Secrétaire général de la Banque à tous les Gouverneurs. Il faut savoir que, conformément aux règles de procédure relatives à l’élection du Président de la Banque africaine de développement, tout candidat au poste de Président de la Banque doit être présenté, avant la date limite fixée par le Conseil d’administration pour le dépôt des candidatures, par le Gouverneur du pays membre régional dont il détient la nationalité, et être parrainé par un ou plusieurs Gouverneurs de pays membres régionaux. Pour cette élection-ci dont la date est fixée au 29 mai 2025, l’appel à candidature a été lancé le 1er juillet 2024 et a été clôturé le 31 juillet 2024.
Ensuite, les 11 et 12 février 2025 le Comité directeur du Conseil des Gouverneurs sur l’élection du Président de la Banque africaine de développement s’est réuni au siège du Groupe de la Banque à Abidjan pour examiner les candidatures déposées. Le 21 février 2025, il a arrêté et communiqué aux Gouverneurs un rapport complet contenant la liste des candidats, celle des candidatures validées, la nationalité de chaque candidat, le pays du Gouverneur qui l’a présenté et le nom du ou des Gouverneurs qui l’ont parrainé. Le Comité directeur a rendu publique le même jour la liste des candidatures validées.
Le 21 février 2025, il a invité chacun des candidats à lui soumettre au plus tard le 21 mars 2025 une déclaration écrite en anglais et en français énonçant sa vision pour la Banque.
Le 28 mai 2025, au cours de l’Assemblée annuelle, les Gouverneurs recevront individuellement les candidats dans une séance appelée « conversation entre le Conseil des Gouverneurs et chaque candidat », une sorte d’entretien d’embauche.
Le 29 mai 2025, se tiendra l’élection proprement dite du Président de la Banque par le Conseil des Gouverneurs constitué des représentants des 81 pays membres, qui sont habituellement les ministres des Finances et du Plan ou des Gouverneurs de banques centrales, ou de leurs suppléants dûment désignés.
Les pouvoirs de vote de chaque pays membre sont proportionnels à sa part du capital de la Banque souscrite et payée à la clôture du dernier jour ouvrable du mois qui précède immédiatement le mois durant lequel se déroule l’élection du Président. Dans le cas d’espèce, l’élection devant avoir lieu le 29 mai 2025, seules les parts de capital souscrites et payées au plus tard le 30 avril 2025 seront prises en considération en matière d’attribution des voix.
Est élu Président de la Banque le candidat qui obtient à la fois au moins 50,01 % de voix attribuées à tous les pays membres régionaux, c’est-à-dire africains et au moins 50,01 % des voix attribuées à tous les pays membres (régionaux et non régionaux). C’est ce qui est appelé « le vote à la double majorité ». Si aucun candidat n’obtient la double majorité requise au premier tour du scrutin, il est procédé à un deuxième tour ou à plusieurs autres tours jusqu’à ce que l’un des candidats obtienne ladite double majorité, étant entendu qu’au deuxième tour ou aux tours suivants, le candidat ayant obtenu le plus petit nombre de voix des États membres au tour précédent est éliminé définitivement de l’élection.
L’impossibilité pour aucun candidat d’obtenir la double majorité s’est produite à l’occasion de l’élection du Président de la BAD de 2005 lors des Assemblées annuelles de mai 2005 à Abuja. Au terme du dernier tour de scrutin, aucun des deux candidats restés en lice n’a pu remplir les deux conditions de succès : M. Donald Kaberuka du Rwanda a obtenu 40,53% des votes des pays régionaux et 58,22% de la totalité des votes. M. Olabisi Ogunjobi a remporté 59,46% des votes des pays régionaux et 41,74% de la totalité des votes. Il a fallu convoquer une réunion extraordinaire des Conseils des Gouverneurs les 21 et 22 juillet 2005 à l’Agence temporaire de relocalisation de la Banque à Tunis pour poursuivre l’élection du Président et espérer départager les deux candidats. Sans aucun doute, entre le 19 mai 2005 et le 21 juillet 2005, la diplomatie et la négociation ont repris leurs droits et finalement Donald Kaberuka a remporté l’élection en obtenant 78,8 % du total des votes et 68,2 % des votes des pays africains alors que M. Olabisi Ogunjobi, du Nigeria, a obtenu 20,55 % du total des votes et 30,74 % des votes africains lors du 7e tour de vote.
10) Que fait-on si, après plusieurs tours de scrutin, aucun des deux derniers candidats n’obtient la double majorité ?
La BAD a déjà connu des scrutins interminables, faute de double majorité. C’est le cas de l’élection de 1995, au cours de laquelle M. Omar Kabbaj n’a été élu qu’au 14e tour de scrutin. C’est aussi le cas de l’élection de 2015 au cours de laquelle M. Donald Kaberuka a été élu au 7e tour de scrutin face au nigérian M. Olabisi Ogunjobi. Après plusieurs tours de scrutin, le 19 mai 2005, le Conseil des Gouverneurs a constaté qu’aucun des deux candidats restés en lice ne parvenait à avoir la double majorité : M. Donald Kaberuka du Rwanda avait obtenu 40,53% des votes des pays régionaux et 58,22% de la totalité des votes. Il avait donc la majorité de tous les pays membres, mais non celle des pays membres régionaux. M. Olabisi Ogunjobi avait remporté 59,46% des votes des pays membres régionaux et 41,74% de la totalité des votes. Il avait la majorité des votes des pays membres régionaux et non celle de tous les pays membres. Il a fallu suspendre le scrutin et convoquer une réunion extraordinaire du Conseil des Gouverneurs les 21 et 22 juillet 2005 pour poursuivre l’élection du Président et espérer départager les deux candidats. Pendant les deux mois séparant le 19 mai 2005 et le 21 juillet 2005, la diplomatie et les négociations entre les pays membres ont repris leurs droits et ont abouti à l’élection de M. Donald Kaberuka avec un large score : 78,8 % du total des votes et 68,2 % des votes des pays africains. Ainsi, on peut dire que, à la BAD comme dans les autres organisations internationales, aussi serrée que puisse être une élection, la diplomatie et la négociation parviendront à la débloquer.
11) Quelles sont les conditions du succès pour l’élection du Président de la BAD ?
Il y a plusieurs conditions de succès. La première est ou devrait être pour chaque candidat la compétence qui est un mélange de savoir, de savoir-faire et de savoir-être ou dit autrement un mélange de très bonne formation, de parcours professionnel réussi et de qualité managériale et diplomatique. La deuxième est le poids dans le capital de la Banque des pays qui présentent ou parrainent le candidat. Ils sont en principe ses premiers électeurs. La troisième et la principale est le poids diplomatique du pays du candidat et des pays-parrains.
Il est clair que pour devenir Président de la BAD, la compétence seule ne suffit pas, parce que ce sont 81 États, 54 régionaux et 27 non régionaux, qui votent, et ils ont tous ont leurs amitiés, leur inimitiés, leurs intérêts politiques, économiques et géostratégiques qui peuvent être très éloignés des critères de choix du meilleur Président pour la BAD. Et ils ont aussi des pouvoirs de vote et d’influence différents. Ainsi, pour l’élection du Président de la BAD, comme pour l’élection dans toute organisation internationale, le pays qui veut faire triompher son candidat doit avoir une campagne électorale organisée et structurée au sommet de l’État et la mener activement auprès de tous les pays membres et particulièrement auprès de ceux qui ont un poids électoral lourd. Dans l’ordre, les dix plus gros actionnaires sont : le Nigéria (8,7%), les USA (6,5%), l’Égypte (6,3%), le Japon (5,4%), l’Algérie (5,3%), l’Afrique du Sud (5,0%), le Maroc (4,7%), l’Allemagne (4,1%), la Côte d’Ivoire (3,8%), la France (3,7%) et le Canada (3,4%).
12) La rotation géographique, la rotation linguistique, le genre ou l’âge peuvent-ils être des critères dans l’élection ?
Officiellement, il n’y a aucun critère géographique, linguistique, de genre ou d’âge pour l’élection du Président de la BAD. On peut faire cependant les constats suivants :
– Géographiquement, des huit Présidents élus, trois sont ressortissants de l’Afrique de l’Ouest (Ghana, Sénégal, Nigeria), deux d’Afrique de l’Est (Soudan, Rwanda), deux de l’Afrique du Nord (Tunisie, Maroc) et un de l’Afrique Australe (Zambie) ; l’Afrique Centrale est la seule région à n’avoir pas donné de Président à la BAD ; d’une élection à la suivante, les Gouverneurs ont systématiquement changé de région d’origine du Président ; aucun pays n’a jusqu’ici donné deux fois un Président à la BAD ;
– Linguistiquement, si on considère les deux langues de travail de l’institution, l’Afrique anglophone a donné cinq Présidents à la BAD et l’Afrique francophone trois ;
– Selon le critère de genre, tous les Présidents de la BAD sont jusqu’ici de genre masculin ; l’explication étant à chercher dans la rareté du genre féminin parmi les candidats et parmi les membres du Conseil des Gouverneurs ;
– Il n’apparaît nulle part un critère d’âge pour l’élection à la présidence de la BAD ; on note cependant que les quatre premiers Présidents étaient au début de leur quarantaine à leur élection et les quatre derniers plutôt au début de leur cinquantaine ; en effet, l’âge d’entrée en fonction comme Président s’est accru de dix ans depuis 1985.
13) Finalement quel est le meilleur candidat ? Et lequel a les meilleures chances de succès ?
Tous les cinq candidats ont des formations et des parcours professionnels de haut niveau, comme du reste beaucoup de hauts cadres africains. Ils connaissent soit la banque de développement, soit la banque commerciale, soit la banque centrale, soit l’entreprise privée, soit les fonctions ministérielles. La formation et les postes précédemment occupés par les candidats sont certes importants, mais ils ne font pas l’essentiel. Celui-ci est constitué par les réalisations que les candidats ont accomplies au cours de ces parcours prestigieux. L’essentiel, ce ne sont pas les fonctions occupées et la durée qu’on y a été, mais ce qu’on y a
fait de positif pour son pays et pour l’Afrique. Bref, le meilleur candidat ou, plus précisément le futur meilleur Président de la BAD, ce n’est pas celui qui fera fonctionner tranquillement l’institution – ils sauront tous le faire –, c’est celui qui lui fera faire des bonds qualitatifs et qui y laissera sa trace positive indélébile. Il appartiendra le 29 mai 2025 au Conseil des Gouverneurs de détecter et de choisir celui-là.
Mais si on est réaliste, on doit reconnaître que le meilleur futur Président de la BAD n’est pas nécessairement le candidat qui a les meilleures chances de succès, parce que tout simplement la raison politique et diplomatique des États ne coïncide pas toujours avec la raison managériale, fût-elle celle d’une banque de développement.
14) Quelles sont les pistes d’amélioration ou même de changement à la BAD ?
Même s’il faut toujours être prudent et modeste lorsqu’on veut suggérer des pistes d’amélioration pour une institution qu’on ne connaît que de l’extérieur, on peut esquisser quelques réflexions :
a. En matière de financement, poursuivre en l’intensifiant le financement des secteurs traditionnels tels que les infrastructures, l’agriculture et l’industrie et en s’ouvrant très largement au financement du secteur privé ;
b. Sur le plan managérial, il importe de :
– Développer dans la Banque une politique de promotion de l’esprit d’innovation ;
– Conférer plus d’agilité et de célérité à la Banque dans le traitement de ses dossiers, particulièrement dans ceux relatifs au financement ;
c. Au plan institutionnel, s’ouvrir aux vents extérieurs, notamment ceux venant du secteur privé et de l’université ; pour ce faire, les deux suggestions suivantes méritent examen :
– Faire passer le nombre des membres du Conseil d’Administration de 20 à 25, en y faisant entrer cinq membres supplémentaires venant du secteur privé africain, à raison d’un par région géographique (Afrique australe, Afrique centrale, Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest, Afrique du Nord) ; le Conseil d’administration actuel est essentiellement constitué d’administrateurs venant de la fonction publique de leurs pays ou d’organisations internationales ;
– Ouvrir les candidatures à la Présidence de la BAD, aux Africains non-issus des sphères étatiques ; les candidatures devant aujourd’hui nécessairement être présentées par les gouvernements, il n’est pas surprenant que la quasi-totalité des anciens candidats et Présidents soient tous issus du gouvernement et de la fonction publique ; alors, il faudra, en plus des candidatures soumises par les Gouverneurs, recevoir deux à trois candidatures issues de la société civile, du secteur privé ou du monde universitaire. Elles devront être sélectionnées par un cabinet de recrutement indépendant et de réputation internationale.
Mamadou SÈNE
Auteur de « La banque expliquée à tous – Focus sur l’Afrique », RB Édition