Lors du lancement du Cadre de réflexion patriotique et démocratique (Crpd-50), le sociologue Mamadou Wane dit « Mao » a appelé à une refonte radicale des modèles démocratiques et sociaux du Sénégal.
S’appuyant sur son vécu et son analyse sociologique, il a plaidé pour une souveraineté populaire plus ancrée dans les réalités locales. Pour Mamadou Wane, le modèle démocratique sénégalais actuel reste tributaire de l’héritage colonial. « Le modèle démocratique que nous avons est un modèle néocolonial, hérité de la colonisation. Il n’a jamais été réformé ». Le spécialiste a également insisté sur l’importance d’une justice sociale, condition sine qua non de toute démocratie véritable. « Il ne peut pas y avoir de démocratie politique s’il n’y a pas de justice sociale. Une démocratie politique est incompatible avec les inégalités sociales », dit-il.
M. Wane a critiqué le décalage entre le droit en vigueur et les représentations populaires : « Le droit ne correspond pas à l’imaginaire des masses. Il faut ramener nos concepts à nos réalités ». Il a notamment évoqué la notion d’innocence et dénoncé le langage juridique qui ne reflète pas les réalités locales, tout en appelant à une refonte des priorités. « Ce ne sont pas des réformes du Conseil constitutionnel qu’il nous faut en priorité, mais des réformes qui permettent au peuple de retrouver sa souveraineté économique », assure le sociologue.
Mamadou Wane a également mis en garde contre l’isolement des dirigeants actuels. Selon lui, « les révolutionnaires d’hier ne doivent pas devenir les bureaucrates d’aujourd’hui ». Il a ainsi dénoncé le « formalisme juridique excessif » qui éloigne le pouvoir des préoccupations populaires.
Daouda DIOUF