Le Sénégal traverse une période décisive. Entre défis économiques, crise sociale et aspirations à un avenir meilleur, il devient urgent de repenser notre système de santé pour qu’il soit plus humain, accessible et efficace. Le New Deal technologique, loin d’être une simple modernisation, doit avant tout être une réponse aux besoins des patients et des soignants, un levier pour une médecine plus proche, plus rapide et plus solidaire.
Quand la technologie se met au service de la vie
Dans nos hôpitaux, le manque de personnel, les équipements obsolètes et les difficultés d’accès aux soins sont des réalités qui pèsent lourdement sur les patients et les soignants. Pourtant, la technologie peut soulager ces souffrances, en facilitant le diagnostic, en rendant les soins plus rapides et en rapprochant les médecins des populations isolées.
Aujourd’hui, un patient dans un village éloigné peut consulter un spécialiste grâce à la télémédecine, évitant ainsi des déplacements coûteux et éprouvants. Une mère peut suivre la santé de son enfant grâce à des dossiers médicaux numériques, accessibles partout et à tout moment. Un médecin, débordé par des files d’attente interminables, peut être aidé par l’intelligence artificielle, qui l’oriente vers des diagnostics plus précis.
Mais la technologie ne doit pas déshumaniser la médecine. Elle ne remplace ni l’écoute, ni la compassion, ni la présence d’un soignant qui pose une main rassurante sur l’épaule d’un malade. Elle est un outil, un soutien, mais la véritable transformation viendra de la volonté de replacer l’humain au centre de notre système de santé.
Un pays en ruine, mais un espoir à reconstruire
Beaucoup parlent d’un pays en ruine, d’un système de santé à bout de souffle. Oui, la situation est critique. Oui, nos hôpitaux manquent de moyens. Oui, nos soignants sont épuisés. Mais devons-nous céder au découragement ? Non.
Chaque jour, dans nos hôpitaux, des médecins, des infirmiers et des aides-soignants continuent de se battre avec dévouement et courage. Derrière chaque patient sauvé, chaque vie prolongée, il y a une main tendue, un regard bienveillant, une parole qui rassure. C’est cette humanité qu’il faut préserver.
Sénégal 2050 ne doit pas être un simple projet économique ou technologique. Il doit être une vision humaine, où la santé devient un droit réel pour tous. Investir dans les hôpitaux, former davantage de soignants, améliorer les conditions de travail, écouter les revendications légitimes des professionnels de santé… Voilà ce qui fera la différence.
Le dialogue, clé d’un avenir meilleur
Dans ce contexte difficile, les mots du Premier ministre à l’égard des syndicalistes sont une lueur d’espoir. Enfin, une reconnaissance des sacrifices du personnel médical, un pas vers un dialogue apaisé. Mais les paroles doivent être suivies d’actions concrètes.
Les soignants ne demandent pas des privilèges, mais des conditions de travail dignes, du matériel adapté, et du respect. Ils veulent pouvoir soigner sans être contraints par le manque de ressources, ils veulent pouvoir sauver des vies sans se battre chaque jour contre la précarité des moyens.
Un choix à faire, une responsabilité à assumer
Nous avons aujourd’hui un choix à faire. Soit nous laissons notre système de santé s’effondrer, soit nous unissons nos forces pour bâtir un avenir plus solidaire et plus humain. La technologie est un outil puissant, mais elle ne sera utile que si elle est mise au service des hommes et des femmes qui font vivre notre médecine.
L’histoire jugera nos décisions. Faisons en sorte qu’elle se souvienne d’un Sénégal qui a su se relever, innover, mais surtout protéger les siens.
Par Dr Amadou Ndiaye, Directeur de l’hôpital Abass Ndao