Contexte
Depuis plusieurs années, le ministère de la Culture du Sénégal, à travers des dispositifs tels que le Fonds de Développement des Cultures Urbaineset des Industries Créatives (FDCUIC), joue un rôle déterminant dans lapromotion et le financement des initiatives culturelles. Ces mécanismesont permis de soutenir de nombreux projets artistiques et créatifs, contribuant à dynamiser l’écosystème culturel national.
Parmi les axes stratégiques de cette action publique, la mobilité artistique internationale demeure un levier essentiel pour la visibilité du Sénégal à l’étranger, la professionnalisation des artistes et la circulation des savoirs et des œuvres.
Cependant, le dispositif actuel présente des limites importantes. Le soutien accordé aux artistes en mobilité se réduit souvent à la prise en charge du billet d’avion, sans intégrer les autres besoins fondamentaux (hébergement, restauration, déplacements locaux, frais de visa, accréditations, assurances, etc.). Cette approche partielle fragilise les démarches et limite considérablement l’impact des représentations sénégalaises à l’international.
Problématique
La mobilité artistique n’est pas qu’un déplacement physique : c’est un processus institutionnel, diplomatique et logistique qui requiert un accompagnement à plusieurs niveaux.
Faute d’un appui structuré, de nombreux artistes se heurtent à des obstacles récurrents :
– des rendez-vous difficiles à obtenir dans les ambassades,
– des refus de visa faute de lettres d’appui officielles,
– des insuffisances financières pour couvrir les dépenses liées au séjour,
– et parfois des désistements qui nuisent à l’image et à la crédibilité du pays.
Une politique culturelle ambitieuse doit inclure un soutien complet à lamobilité, articulant financement, facilitation administrative et accompagnement diplomatique.
Proposition
Nous plaidons pour une refonte du dispositif national de mobilitéartistique autour de deux axes majeurs : Un accompagnement institutionnel renforcé, comprenant :
– la délivrance de lettres officielles de soutien du ministère de la Culture et du FDCUIC pour appuyer les
demandes de visa,
– la facilitation des prises de rendez-vous dans les ambassades, encoordination directe avec les services diplomatiques,
– la création d’un guichet spécial pour la mobilité artistiqueinternationale, doté d’un budget spécifique et d’un suivi administratif permanent,
– et une coopération renforcée entre le ministère de la Culture et celui desAffaires étrangères pour consolider la diplomatie culturelle sénégalaise.
Un soutien financier élargi, couvrant partiellement ou totalement :
– le transport international (A/R),
– les frais de visa et d’assurance,
– l’hébergement,
– les per diem (alimentation, communication, etc.),
– les déplacements locaux,
– les accréditations ou frais d’inscription,
– les frais de production ou de documentation, selon la nature du projet.
Arguments stratégiques
Renforcement de la crédibilité diplomatique : l’appui officiel duministère de la Culture crédibilise les démarches des artistes et renforce le poids du Sénégal auprès des chancelleries étrangères.
Professionnalisation et visibilité : une mobilité mieux encadrée améliore la qualité des participations et la reconnaissance des artistes sénégalais à l’international.
Retour sur investissement culturel : les artistes de retour enrichissent lascène nationale par la transmission, la formation et les collaborations.
Équité et inclusion territoriale : un dispositif élargi offre à tous les artistes, y compris ceux des régions et milieux modestes, un accès équitable aux opportunités internationales.
Recommandations
– Instituer une cellule “mobilité artistique” au sein du ministère de la Culture, chargée de centraliser les demandes, d’accompagner les démarches administratives et de faciliter la prise de rendez-vous dans les ambassades. – Formaliser un cadre de collaboration entre le ministère de la Culture, le FDCUIC et les représentations diplomatiques pour appuyer lesdemandes de visa et de financement. – Établir des partenariats stratégiques avec les ambassades, les instituts culturels étrangers, l’Union européenne et les fondations internationales pour cofinancer ou accompagner lesmobilités. – Créer un répertoire national des artistes et opérateurs culturelsmobiles, afin de documenter, suivre et valoriser les parcours soutenus.
Conclusion
La mobilité artistique internationale n’est pas un privilège : c’est un droit culturel et un outil diplomatique au service du rayonnement du Sénégal.
Elle doit être portée par une volonté politique forte, soutenue par des mécanismes administratifs et financiers adaptés.
Un artiste bien accompagné, c’est un Sénégal bien représenté.
Renforcer la mobilité, c’est investir dans la crédibilité, l’influence et lefutur culturel de notre pays.
Papa Ousmane Sall alias Poscible Juriste de formation
Directeur du Label Melomusic Acteurculturel depuis plus de10 ans Sallpapaousmane@gmail.com
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