Le Premier ministre était attendu en Italie, notamment à Monza, connu pour sa course de Formule 1. C’est là que Ousmane Sonko a choisi d’accélérer avec la diaspora pour mettre le cap sur le redressement du pays. Pour mieux vulgariser son Plan de redressement économique et social (Pres), Ousmane Sonko a joué la carte collective. Après le Sénégal, il est allé à la rencontre des Sénégalais d’Europe, accompagné de membres de son gouvernement et de personnalités du Pastef.
Au-delà de ce moment de communication institutionnelle destiné aux Sénégalais de tous bords, on ne peut toutefois manquer d’avoir une lecture politique de ce grand rassemblement à Milan. Depuis l’annonce de sa tenue, les coordinations locales du Pastef en Europe se sont activées pour relever le défi de la mobilisation. Leur engouement et leur organisation ont permis de faire de Milan le lieu de rassemblement des Sénégalais.
Ainsi, plus qu’une rencontre pour présenter à la diaspora le Pres, cette forte mobilisation des militants du Pastef était aussi une démonstration de l’hégémonie du parti au pouvoir sur la classe politique sénégalaise. Le Pastef règne en maître. Son étoile continue de briller. Les résultats des différentes élections le prouvent, et la capacité exceptionnelle de mobilisation de ses membres le confirme à l’occasion.
C’est dans la diaspora que ce parti a écrit ses plus belles pages, et c’est aussi là-bas qu’il continue de montrer que ses acquis restent intacts, immaculés. Pour qui connaît les contraintes professionnelles et les lourdeurs liées aux déplacements dans la diaspora, réunir autant de monde dans cette ville italienne n’était pas gagné d’avance. Mais le désintéressement des membres et leur foi inébranlable en leur leader leur permettent toujours de surmonter tous les obstacles. C’est un parti qui transforme les défis en opportunités. De toute évidence, l’exercice du pouvoir n’a nullement émoussé son énergie ni sa vitalité. N’en déplaise à ceux qui croyaient à une désaffection de la base, ce rassemblement populaire à Milan est une belle réponse politique aux critiques et aux sceptiques.
La puissance se manifeste par des symboles et, en politique, un rassemblement réussi demeure un indicateur de bonne santé pour un parti. Une formation politique qui ne réunit pas ses militants et ne draine pas de foules n’en est pas une. Elle peut tympaniser dans les médias, multiplier les déclarations par voie de presse et se satisfaire du relais de ses chroniqueurs désignés ; mais elle demeure fantomatique et se heurte toujours au mur des urnes, avec de médiocres résultats aux élections.
Chaque élection devrait être un moment d’introspection profonde pour de nombreux partis et hommes politiques au Sénégal. Qu’ils se rendent à l’évidence de leur insignifiance et qu’ils se tournent vers d’autres activités. Malheureusement, c’est comme si le ridicule et l’insolite devenaient des carburants pour certains chefs de partis chimériques. Ils veulent exister à tout prix, sans se rendre compte que, pour la plupart, ils ne sont que de simples faire-valoir pour les médias : des figurants pour les nombreux programmes politiques des télévisions et des radios, en dehors desquels ces médias cesseraient d’exister.
Cela doit être une occasion pour le Pastef de comprendre enfin qu’il demeure son propre adversaire. Le terrain est vierge. À l’horizon, aucun homme politique dans l’opposition ne fait le poids devant Ousmane Sonko. Ceux qui s’égosillent sur les plateaux de télévision et fanfaronnent dans les réseaux sociaux se nourrissent en réalité de l’intérêt que les militants du Pastef leur accordent. Le peuple souverain observe les actes posés et mesure pleinement la volonté affichée par le pouvoir actuel de répondre à ses nombreuses attentes. Il sera le meilleur juge en 2027 et en 2029.