Trente années se sont écoulées depuis que Moustaph Baïdy Sow nous a quittés. Pourtant, son souvenir demeure d’une vivacité inaltérable. Sa mémoire reste ancrée dans nos cœurs, comme un phare qui continue de guider nos pas avec la même clarté, la même exigence, la même humanité. À travers lui, c’est tout un pan de l’histoire intellectuelle, éducative et morale du Sénégal que nous saluons aujourd’hui avec émotion, respect et infinie gratitude.
Né pour instruire et élever les consciences, Moustaph Baïdy Sow fit très tôt preuve d’une intelligence remarquable. À 19 ans, il intégra la prestigieuse École normale William Ponty et en sortit brillamment major de sa promotion en 1929. Cette réussite, loin d’être un accomplissement personnel, fut pour lui un point de départ : celui d’un engagement de toute une vie au service de la jeunesse, de la transmission du savoir et de la dignité du métier d’enseignant.
Partout où il passa – De Makacounda en Casamance aux rives du fleuve Sénégal, en passant par Kaolack, Thiès et Diourbel, il sillonna le pays avec une détermination farouche, semant partout la graine du savoir et une passion contagieuse – Il laissa une trace indélébile. Enseignant respecté, directeur d’écoles, puis professeur de mathématiques au collège Blanchot, il incarna l’idéal du maître : exigeant, rigoureux, mais profondément bienveillant. Il sut éveiller des vocations, redonner confiance, et transmettre plus qu’un savoir : une éthique, une manière d’être au monde. Nombreux sont ses anciens élèves, parmi eux des figures illustres comme Feu Abdoulaye Fofana, qui portaient fièrement l’empreinte de son enseignement.
Moustaph Baïdy Sow fut aussi un pionnier. Premier Africain à diriger l’école Brière de Lisle à Saint-Louis – où il eut sous sa direction le président Abdou Diouf. Précurseur et homme de principes, il fut l’un des fondateurs du premier syndicat d’enseignants sénégalais, défendant sans relâche les droits des travailleurs, la dignité des éducateurs, et la noble mission de l’enseignement.
Mais son engagement ne s’arrêta pas aux portes de l’école. Figure politique éminente et respectée, Moustaph Baïdy Sow fut un compagnon de route de Mamadou Dia et de Lamine Guèye, et s’illustra comme militant engagé au sein de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), puis de l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS). Député à l’Assemblée nationale, il présida avec conviction les commissions chargées de l’Éducation, de la Jeunesse, des Sports et de l’Information. Visionnaire, il fut l’un des ardents défenseurs de l’introduction de l’enseignement de la langue arabe dans les programmes scolaires, œuvrant ainsi pour une éducation plus inclusive et enracinée dans les réalités culturelles nationales. À chacune de ses fonctions, il apporta rigueur, droiture, et un sens aigu du devoir républicain.
Reconnu par la République, élevé au rang de Grand Commandeur des Palmes Académiques, Moustaph Baïdy Sow fut aussi un homme de foi sincère, nourri par une spiritualité éclairée. Sa relation profonde avec Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niasse témoignait de son attachement à un Islam de paix, de savoir et de rassemblement.
Aujourd’hui, nous inclinons devant la mémoire d’un homme d’exception dont l’existence fut un exemple de probité, un bâtisseur d’esprits et un patriote. Nous rendons grâce pour l’héritage moral et intellectuel qu’il nous a transmis. Nous remercions Allah de nous avoir donné, en lui, un guide, un repère.
Que le Très-Haut, dans Son infinie miséricorde, l’accueille en Son Paradis éternel.
Son nom, son œuvre, son exemple continueront à vivre dans les cœurs et les esprits.
Nafissatou Sow
Sr Engr Spec-Transport
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Ashburn, Virginia , USA