Alignement de la formation technique et professionnelle aux besoins du marché : un enjeu capital pour l’avenir économique du Sénégal

PARTAGEZ CET ARTICLE SUR LES RÉSEAUX
Facebook
X
LinkedIn
WhatsApp
Telegram
Email

Le Sénégal, avec une population composée de 75 % de jeunes de 35 ans et moins, se trouve à un carrefour déterminant. Bien que les chiffres indiquent que le pays a connu une croissance économique soutenue, le chômage des jeunes demeure préoccupant, atteignant des niveaux alarmants.

Dans ce contexte, le Président Bassirou Diomaye Faye a récemment réaffirmé son engagement à renforcer la formation technique et professionnelle (FTP) lors du Conseil des ministres du 11 décembre 2024. Il a souligné la nécessité d’une territorialisation des politiques de formation en cohérence avec les besoins du marché. Cette dynamique soulève une question essentielle : comment aligner efficacement la formation proposée par l’État avec les besoins réels du marché ? Cette question centrale émane du décalage entre les curricula d’une part et les exigences en compétences du marché, donc de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Chaque année, environ 300 000 jeunes entrent sur le marché du travail, mais beaucoup d’entre eux se retrouvent sans emploi ou dans des emplois précaires ou de pis-aller. Comment peut-on garantir que les programmes de formation professionnelle soient adaptés aux compétences requises dans des secteurs en pleine expansion ? Pour répondre à cette problématique, faisons d’abord l’état des lieux de la formation professionnelle au Sénégal. Ensuite, nous proposerons des solutions pour un alignement efficace afin de bâtir les fondements d’un avenir économique durable pour la jeunesse sénégalaise.

I-Etat des lieux

A- Inadéquation entre l’offre de formation et les besoins du marché

Le système de formation professionnelle au Sénégal fait face à une inadéquation préoccupante entre les enseignements et les besoins du marché de l’emploi. Selon le Bureau international du travail, seulement 3% des travailleurs sénégalais ont accès à une formation professionnelle, un chiffre alarmant qui souligne le manque d’opportunités, surtout dans les zones rurales où les centres de formation sont rares. Cette situation est exacerbée par des programmes souvent obsolètes qui ne répondent pas aux exigences des employeurs, rendant difficile l’insertion des diplômés sur le marché du travail. Les besoins en compétences évoluent rapidement, mais les formations ne s’adaptent pas en conséquence. De plus, il existe un manque de dialogue entre les institutions de formation et les entreprises, ce qui contribue à un décalage entre les qualifications acquises et celles requises par le marché. Des secteurs clés comme l’énergie renouvelable et la gestion de l’eau, qui nécessitent une main-d’œuvre qualifiée, souffrent particulièrement de cette inadéquation. La Loi d’orientation de la formation professionnelle et technique souligne la nécessité d’aligner les programmes de formation sur les besoins du marché pour garantir la disponibilité d’une main-d’œuvre compétente. Par ailleurs, la perception négative associée à certains métiers techniques dissuade les jeunes d’envisager certaines carrières, aggravant ainsi le problème.

B-Manque de ressources humaines qualifiées

Un défi majeur est le déficit d’enseignants qualifiés dans le domaine de la formation professionnelle. Ce manque d’encadrement affecte directement la qualité des formations offertes. Des initiatives doivent être mises en place pour recruter des enseignants et améliorer la qualité de l’enseignement dispensé dans les Instituts Supérieurs d’Enseignement Professionnel (ISEP). Elles doivent aussi prendre en compte la formation des formateurs. Le rapport de l’UNESCO-UNEVOC (Base de données sur l’EFTP dans le monde Sénégal Février 2015) indique également que le financement et le soutien institutionnel sont essentiels pour renforcer les capacités des formateurs. Ce constat reste d’actualité, car sans un investissement substantiel dans la formation et le développement professionnel des enseignants, la qualité de l’éducation ne pourra pas être améliorée. D’ailleurs, le Président Faye a appelé à un programme spécial de recrutement d’enseignants sur trois ans (2025-2027) pour renforcer la qualité de l’enseignement dispensé dans les universités et les Instituts Supérieurs d’Enseignement Professionnel (ISEP). Ce programme vise à cibler les spécialités et matières prioritaires afin de renforcer l’encadrement éducatif.

C- Absence de mécanismes d’apprentissage adaptés

Le système d’apprentissage traditionnel au Sénégal, qui se déroule principalement dans le secteur informel, présente des lacunes significatives. Les formations sont souvent dispensées par des maîtres artisans qui n’ont pas reçu de formation pédagogique formelle. Cela entraîne un manque de structuration et de reconnaissance des acquis, rendant ce modèle peu adapté aux besoins du marché du travail. En conséquence, il ne fournit pas les compétences nécessaires pour une insertion professionnelle réussie. Les jeunes qui quittent prématurément le système éducatif se retrouvent souvent sans options viables pour acquérir des compétences professionnelles. Cette situation est particulièrement préoccupante pour ceux issus de milieux défavorisés ou voués à l’abandon scolaire. Sans formation adéquate, ces jeunes sont confrontés à des difficultés accrues pour trouver un emploi stable et satisfaisant.

II- Propositions pour un alignement efficace

A- Renforcement des partenariats public-privé

Le développement des compétences au Sénégal nécessite une collaboration étroite entre le secteur public et le secteur privé. Les partenariats public-privé (PPP) sont essentiels pour adapter les formations aux besoins du marché du travail, en particulier pour les jeunes qui cherchent à entrer sur le marché de l’emploi. Les PPP permettent d’identifier les lacunes en matière de compétences dans le marché du travail. En collaborant avec les entreprises, le gouvernement peut mieux comprendre les exigences spécifiques du secteur et ajuster les programmes de formation en conséquence. L’intégration de stages en entreprise et de programmes d’apprentissage est nécessaire. Ces expériences pratiques offrent aux jeunes la possibilité d’acquérir des compétences directement applicables tout en poursuivant leur formation. Cela renforce leur employabilité et facilite leur transition vers le monde professionnel. Les PPP favorisent également l’innovation dans les méthodes pédagogiques. En combinant l’expertise des institutions publiques et la flexibilité du secteur privé, il est possible de développer des programmes de formation plus efficaces, adaptés aux évolutions technologiques et aux besoins réels du marché.

B- Diversification et actualisation des offres de formation

Le Président Faye a récemment souligné l’importance de diversifier et d’actualiser les programmes de formation pour qu’ils soient en phase avec les évolutions du marché. Cette nécessité se justifie par plusieurs facteurs clés :

-Évolution des compétences demandées : le marché du travail connaît des changements rapides, notamment avec la montée en puissance des secteurs comme l’énergie renouvelable, le numérique, les médias et les industries créatives culturelles. Les programmes de formation doivent donc intégrer des compétences techniques spécifiques à ces domaines pour répondre aux besoins émergents. –

Compétences transversales : en plus des compétences techniques, il est capital d’inculquer des compétences transversales telles que le leadership et la gestion de projet. Ces compétences sont essentielles pour préparer les apprenants à des rôles variés et à des environnements de travail dynamiques.

– Réponse aux besoins du marché : les organismes de formation doivent réaliser des études de marché pour identifier les tendances actuelles et anticiper les besoins futurs en compétences. Cela inclut l’analyse des données disponibles et la reconnaissance des niches porteuses et prometteuses dans le secteur de la formation. La diversification permet d’attirer un public plus large, ce qui est essentiel dans un marché

Par Alassane MBAYE PCA Consortium pour l’Innovation et la Création d’Emploi – CICE PDG VIGILUS Groupe SA et Mactar SILLA Docteur-ès-Lettres – Juriste Président du Conseil de Régulation du Consortium pour l’Innovation et la Création d’Emploi – CICE PDG LABEL MÉDIA PLUS (Label TV – Sunu Label TV – Label Radio)

À lire aussi
NE MANQUEZ RIEN!
ANNONCEURS
Votre publicité ici

Vous voulez atteindre une audience ciblée et engagée ? Placez vos bannières publicitaires sur notre site

Indiquez vos informations
Mot de passe oublié
Veuillez entrer votre adresse e-mail ou votre nom d'utilisateur ci-dessous.
 
Mot de passe perdu ?
Votre demande a été transmise avec succès

Nous allons traiter votre demandes dans les meilleurs délais.
L’équipe du Journal Le Soleil

Votre demande a été transmise avec succès

Nous allons en prendre connaissance et vous répondre dans les meilleurs délais.

L’équipe du journal Le Soleil

Indiquez vos informations