Du 30 juin au 3 juillet 2025, la communauté internationale se retrouve à Séville pour la 4ᵉ conférence sur le financement du développement. Malgré des promesses de milliards de dollars, les résultats pour l’Afrique restent décevants. Ce texte propose une analyse critique et appelle à un changement de paradigme.
Depuis la Déclaration de Monterrey (2002), les engagements financiers internationaux envers l’Afrique ne sont pas tenus. L’aide publique au développement (APD), les fonds spéciaux ou encore les plans quinquennaux n’ont pas produit les effets attendus. Les conditionnalités, les lourdeurs administratives et l’indifférence aux urgences africaines dominent.
L’Afrique, redevenue centrale dans les rivalités géoéconomiques, attire désormais la Chine, l’Inde, la Russie, la Turquie ou les pays du Golfe. La Chine, en particulier, est aujourd’hui le principal créancier bilatéral du continent, proposant un modèle basé sur des prêts rapides, sans condition politique, adossés aux ressources naturelles. Pendant ce temps, les puissances occidentales peinent à adapter leur approche.
Trois défis majeurs structurels sont identifiés :
1. Dépendance chronique aux financements extérieurs, avec une dette publique insoutenable, des eurobonds à taux élevés, et une perte de souveraineté budgétaire.
2. Systèmes bancaires inadaptés, dominés par des groupes étrangers, peu inclusifs, et incapables de financer le développement à long terme.
3. Faible mobilisation des ressources internes, entre évasion fiscale massive, fiscalité inefficace, épargne mal canalisée et sous-valorisation des transferts de la diaspora.
Pour sortir de cette impasse, je recommande une réforme profonde :
• Réformer les systèmes bancaires et financiers
• Renforcer la fiscalité nationale
• Lutter contre les fuites de capitaux
• Valoriser les transferts de la diaspora
J’en appelle à un nouveau leadership africain, inspiré par des figures comme Julius Nyerere, John Magufuli ou Bassirou Diomaye Faye. L’Afrique ne pourra se développer durablement qu’en s’appuyant sur ses propres ressources, en rompant avec la dépendance extérieure, et en s’orientant vers un projet d’industrialisation souveraine et panafricaine.
Il est temps de transformer les promesses creuses en une vision politique forte, ancrée dans l’endogénéisation, la justice fiscale et la souveraineté économique.
Par Dr Ibrahima Aïdara
Économiste sénégalais
Ancien Directeur exécutif d’Osiwa